On aurait pu y intégrer La mort de Spirou, c’est vrai, voilà un nouveau topic sur le thème de la mer et des frêles ou fortes embarcations qui y naviguent, en proie au vent, aux intempéries mais aussi aux remous inégalables des hommes. Quatre étapes dans ce voyage, on commence avec la plus tout public: Un capitaine de 15 ans, adapté de Jules Verne par Brrémaud, Christophe Picaud et Hamo.

Résumé de l’éditeur : 1873, Nouvelle-Zélande. Alors que la chasse à la baleine approche de son sinistre âge d’or, le capitaine Hull ne sait déjà plus où trouver ces grands mammifères marins. Après deux mois de chasse infructueuse, son navire, le Pilgrim, entre dans la baie d’Auckland. Frustré par cette mauvaise pêche qui met à mal sa réputation, il se réengage, à peine le pied au sol, pour une mission à l’apparente simplicité. Il doit mener à San Francisco la femme et le fils du riche armateur James W. Weldon ainsi que son cousin, un amusant personnage à moitié fou, à moitié savant. Tandis que la balade de santé n’est bouleversée que par les aléas d’un quotidien marin, la trajectoire de cette gentille traversée bascule définitivement le jour où, au loin, une baleine apparaît. Galvanisé par l’apparition miraculeuse, le capitaine Hull fait préparer une barque, empoigne son harpon et se précipite vers la bête. À bord du Pilgrim, Dick Sang, jeune et prometteur mousse de 15 ans assiste impuissant à un événement dont il devra rapidement assumer l’entière conséquence.

Pour cette deuxième expédition en terres vernienne avec cette collection (avait précédé une trilogie, Deux ans de vacances déjà signée par Brrémaud en compagnie de Philippe Chanoinat et Hamo), les éditions Vents d’Ouest voient double avec Un capitaine de quinze ans. Un tome en mer et l’autre en terre inconnue. Au gouvernail, on retrouve donc toujours Brrémaud qui s’allie cette fois les services d’un dessinateur qui a déjà pas mal de bouteille, Christophe Picaud, et d’Hamo, qu’on retrouve cette fois aux couleurs bien identifiables, toujours aussi bien senties.

C’est ainsi qu’on suit l’ascension un peu déboussolée mais en y mettant du coeur de Dick Sang, qui de mousse, par les circonstances imprévisibles et fatidiques d’un voyage entre Auckland et San Francisco, devra se hisser dans le costume du capitaine et chausser le plus grand des sangs froids. Car, outre la poignée de voyageurs hétéroclites (un savant fou, la femme et le fils d’un riche homme, un drôle de cuistot mais aussi des naufragés…), le calme de l’océan n’est pas garanti le lendemain, de même que la bonne tenue des passagers. De la Nouvelle-Zélande à la Côte Ouest états-unienne, il y a de la route et il y a l’Afrique, et l’Angola de tous les dangers. Gare si le bateau s’échoue. Ce qui se produit, bien évidemment: nous sommes dans un Jules Verne. Et Dick va apprendre bien plus que la fonction de capitaine, il va devoir sauver sa peau, et celle des autres, découvrir un monde où les plus forts ne sont pas ceux qui ont les meilleures intentions mais ceux qui ont le fusil dans les mains et la sorcellerie avec eux.

Survival historique et social, découvrant le monde mais aussi ses monstres, entre esclavage et piraterie, Un capitaine de quinze ans, ici adapté en BD, tient ses promesses, avec dépaysement et péripéties pas sans conséquences. Car, pour tout le monde, tout n’est pas bien qui finit bien. Et le jeune matelot devra devenir un homme, sage mais aussi capable de se résoudre à tirer le bandit si celui-ci est trop menaçant. Cette collection, au-delà du cachet des couvertures avec leurs ornementations, est une bonne pioche, une pêche fructueuse menée avec du savoir-faire et un dessin chaleureux et dynamique.

Diptyque à lire chez Vents d’Ouest