L’absence de pouvoirs implique aussi de grandes responsabilités: face aux cauchemars et autres monstres, l’union fait la magie!

Concept art © Stedho

Au-delà de sa mort prématurée, Pierre Bottero, auteur de romans jeunesse à succès, a imaginé des histoires qui ont trouvé le passage vers la BD puisque, ces dernières années, tant La quête d’Ewilan et ses suites (chez Glénat) que son one-shot Fils de sorcières ont tâté de la case et des bulles. Sorti chez Jungle, ce diptyque a la particularité d’adapter le roman initial et de le poursuivre dans un second récit inédit. C’est sûr, il y avait avec cet univers un terrain de jeu formidable pour Maxe L’Hermenier et Stedho. Bon sang ne saurait mentir.

Charadesign © Stedho

Résumé de l’éditeur du tome 1 : La famille de Jean est un peu particulière : sa mère, sa petite soeur, sa grand-mère et ses six tantes sont des sorcières ! Mais Jean n’a aucun pouvoir, car la magie se transmet de mère en fille. Un jour, un affreux buveur de magie s’en prend à sa famille et les transforme les unes après les autres en poupées de chiffons. Désormais, Jean est le seul à pouvoir les sauver ! Aidé de sa petite soeur Lisa, qui a pu échapper au monstre, il va retrouver son père qu’il n’a jamais connu et tout tenter pour sauver les siens.

Projet de couverture tome 1 © Stedho

Résumé de l’éditeur du tome 2 : Dans la famille de Jean, seules les femmes ont des pouvoirs. Mais depuis son affrontement avec un buveur de magie, Jean est devenu un sorcier lui aussi ! Alors qu’il apprend à maîtriser ses pouvoirs, sa petite soeur Lisa est en proie à des cauchemars de plus en plus violents. Pour l’aider, Jean convoque un voleur de songes. Mais bien vite, il réalise son erreur, lorsque tous les membres de sa famille se retrouvent plongés dans un sommeil peuplé des pires cauchemars…

Story-board © Stedho
© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

D’un côté l’esprit de famille, de l’autre cette volonté de s’affranchir pour se construire soi-même, tous les enfants et adolescents, à un tournant de leur vie, connaissent ça. Jean n’y déroge pas, d’autant plus aidé que, dans sa famille exclusivement composée de femmes, si ce n’est un grand-père un peu effacé, toutes ont leur pouvoir magique. Toutes sauf lui. Privilège de femmes auquel il ne goûte pas et qu’il doit bien compensé en aiguisant ses sens. Encore plus quand une espèce de tapir à l’allure humaine, perverse, sort de l’ombre, par l’odeur de la magie alléché. D’un coup de tarin, tintin! Les dons s’envolent, mais aussi la vie: toute sorcière qui passerait dans les parages de sa trompe serait réduite à une petite poupée, bien vite soumise à la poussière et à la décomposition. Et voilà que la bête immonde traque la famille de Jean, la fait disparaître.

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Seul avec sa soeur, face à des responsabilités d’orphelin (qu’il espère bien ne pas rester), Jean doit prendre des décisions, trouver ses alliés sans leur faire risquer le pire. Doit-il contacter mamie ou la tenir éloignée de cette malédiction? Un moldu comme lui peut-il apprendre la sorcellerie pour venir à bout du long pif?

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle
© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Et si finalement la solution venait moins du feuillage que des racines de cette famille qui possède ses secrets, ses faiblesses. À tel point que Jean et Lisa doivent peut-être réparer le passé pour venir à bout de leur ennemi intime et rapatrier sain et sauf tout ce petit monde de chair et d’os plutôt que de boutons et de tissu.

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Oeuvre familiale par excellence, dans le texte et dans les yeux des lecteurs, Fils de sorcières trouve là une adaptation solide et burlesque, riche en moments d’action mais aussi de sentiments, d’altercations entre le monde touffu des petits et celui moins drôle (encore que, quand on l’assaisonne d’un peu de fantaisie…) des grands. Une jolie porte d’entrée sur une suite…

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

… qui n’est jamais venue de la plume de Bottero mais que L’Hermenier et Stedho (que j’avais découvert et sur lequel j’avais craqué dans le malheureux Obscurcia plein de promesses jamais abouties par l’éditeur) ne se sont pas privés de réaliser avec un deuxième tome, baptisé Le voleur de songes, et dans lequel Jean, qui a finalement réussi à capter un peu de magie, se sent pousser des ailes. Si cela part d’une B.A., aider sa soeur à passer des nuits calmes loin des cauchemars capables de se transformer en orages tonitruants sur la ville, Jean va vite être dépassé par l’entité qu’il a convoquée, sans le dire à personne: le voleur de songes. Si le problème de Lisa est vite réglé, Jean constate très vite que celui qui était censé être son esclave prend son indépendance et, une nouvelle fois, c’est sa famille et le monde extérieur qui sont menacés. Il va bien falloir lui dire à quelqu’un qu’il a gaffé. Parce qu’en attendant, le djinn se goinfre et vampirise les proches de Jean par leur pires angoisses. Comment aider quelqu’un à dépasser ses peurs. D’autant que tous ont leurs terreurs, très éloignées les unes des autres.

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Retrouvant la veine du premier tome, tout en ayant concocté une histoire inédite, Maxe L’Hermenier ne s’est mis aucune limite et, à l’heure des multivers, propose des incursions dans différentes scènes d’horreur. Toujours accessibles aux plus jeunes, parents n’ayez crainte. Il faut dire que Stedho (lui, je l’adore et je trouve qu’il n’a pas la reconnaissance que son talent mériterait), pas si loin d’un Denis Bodart, fait toujours plus de magie, se servant à fond du langage BD, de l’infinie possibilité de découpage et de mise en page, pour donner sens à tous ces cauchemars dont il faut sortir. En tant que trentenaire, je suis comme un gamin face à la poésie et la puissance de ce dessinateur.

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle
© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Quand il s’agit d’envoyer bouler les cauchemars d’une petite sœur, on est prêt à tout. Au pire aussi? Ébouriffant. Avec à chaque fois en fin d’album quelques pages pour tester mémoire et apprentissage du jeune lecteur.

© L’Hermenier/Stedho chez Jungle

Série : Fils de sorcières

D’après le roman puis l’univers de Pierre Bottero

Tome : 1 & 2 – Le voleur de songes

Scénario : Maxe L’Hermenier

Dessin et couleurs : Stedho

Genre : Famille, Fantastique, Jeunesse

Éditeur : Jungle

Collection : Pépites

Nbre de pages : 64

Prix : 14,95€

Date de sortie : le 27/11/2019 et le 21/04/2022

Extraits : 

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