Cet essai, ce journal de bord de l’arrivée d’une crise sanitaire dans notre vieille Europe est absolument passionnant. Il faut cependant accepter que l’auteur ne cherche aucunement à être objectif. Il relate et réfléchit, selon ses convictions (très à gauche), sur la société et, surtout, sur les réactions gouvernementales à l’arrivée de la pandémie. Il en profite pour dire tout le mal qu’il pense du président Macron et de son épouse, qu’il s’évertue à appeler Brigitte Trogneux. C’est intelligent, c’est caustique, c’est réactionnaire parfois. Mais comme toujours avec Michel Onfray, cela suscite la réflexion, longtemps encore après avoir reposé cet ouvrage. Car on peut ne pas être d’accord sur tout ce que développe l’auteur et pourtant profiter et savourer cette lecture pour ce qu’elle est : le résultat de réflexions en temps réel d’un philosophe reconnu sur une crise majeure que traverse notre société. Absolument intéressant !
Résumé de l’éditeur : « Penser le virus.
Un virus bien en chair et en os, si je puis me permettre, a démontré que le virus mortel n’était pas la seule réalité avec laquelle nous avions à compter. Venu de Chine, où des pangolins et des chauves-souris ont été incriminés, il a mis le monde à genoux.
Il a été le révélateur des folies de notre époque : impéritie de l’Etat français, faiblesse extrême de son chef, impuissance de l’Europe de Maastricht, sottise de philosophes qui invitaient à laisser mourir les vieux pour sauver l’économie, cacophonie des scientifiques, volatilisation de l’expertise, agglutination des défenseurs du système dans la haine du Pr Raoult, émergence d’une médecine médiatique, indigence du monde journalistique, rien de très neuf ….
Le Covid-19 rappelle une leçon de choses élémentaires : il n’est pas le retour de la mort refoulée, mais la preuve vitaliste que la vie n’est pas la mort qui la rend possible. Mais quel tempérament tragique peut et veut encore entendre cette leçon de philosophie ? »
Michel Onfray est philosophe et l’auteur de plus de cent livres, traduits dans vingt-cinq pays. Il a fondé en 2002 l’Université populaire de Caen et a lancé en 2016 sa webtv : michelonfray.com. Il dirige également la revue Front Populaire.
Après la lecture de Krasnaïa de Raphaël Enthoven dont nous vous faisions le retour dernière sur ce blog, il est très intéressant de découvrir les arguments et les réflexions d’un autre philosophe, en la personne de Michel Onfray. Car c’est en opposant les points de vue et les argumentaires que la pensée se construit. Et pour s’opposer, ces deux-là sont de ceux qui vont vous éclairer ! Même si les sujets traités ne sont pas rigoureusement identiques, les faits d’actualité et les éléments de politique sont communs.
C’est plus un journal qu’une réflexion pensée comme telle que nous propose Michel Onfray. Il avertit d’ailleurs en début d’ouvrage, écrit au jour le jour, ce livre se répète quelques fois. Mais le message n’a-t-il pas besoin de se répéter pour être enregistré par le cerveau humain ? Et puis ça laisse le temps au lecteur de bien comprendre les idées défendues par l’auteur.
Il en veut à Macron et à son incompétence dont il défend la thèse. Il présente le professeur Raoult sous un jour éminemment positif et compétent. Il lâche ses mots sans retenue sur un gouvernement français qu’il estime totalement dépassé et au service d’une Europe pensée comme un état unitaire mais qui est loin de l’être. Il revient sur les manquements, sur les doubles discours, sur l’hégémonie du « en même temps » qui a fait les heures de ces premières semaines de pandémie.
Mais l’essentiel réside dans le fait que c’est un philosophe qui vous exprime ses idées. Ce n’est pas le quidam journaliste ou témoin lambda qui exprime sa pauvre opinion personnelle. Bien entendu, Onfray défend SES thèses, mais il les inscrits dans la grand histoire de la philosophie. Et le lecteur en ressort grandit. Et puis, comme chaque fois pour ce type de lecture, on n’est pas à l’abri d’une phrase qui résonne particulièrement juste dans le coeur de celui qui la lit.
« La liberté, c’est l’autonomie, l’art d’être à soi-même sa propre norme. »
Intelligent, intéressant, passionnant, caustique, interpellant... Cet essai est un enrichissement pour celui qui accepte de lire une opinion tranchée et argumentée sur ce début de crise sanitaire qu’est la période janvier 2020-mai 2020 en France.
Titre : La vengeance du pangolin – Penser le virus
Editions : J’ai Lu
Sorti le 16 mars 2022Nbre de pages :
317 pages
Prix : 8,20 €