
Alors que Desberg et Sandoval, quelques chroniques plus tôt, nous ont entraînés dans un enfer cru et désespéré; avec Les Antres, Éric Puybaret nous plonge dans un univers plus doux et merveilleux, vian-esque : Les Antres. Sous des couleurs bleues et jaunes (rien à voir avec l’Ukraine, même si les démarches guerrières surréalistes perdurent en haut), ce n’est ni tout à fait le paradis, ni tout à fait le purgatoire. Un espace flottant où tout peut arriver, l’agréable comme le désagréable, entre guerres chaudes et froides et paix, explosion matérielle ou neuronale, dans le bruit ou la musique. Un OVNI.

Résumé de l’éditeur : Lorsque notre héros meurt dans le naufrage de son voilier, le passeur qui vient à sa rencontre ne parvient pas à graver sur sa paume sa ligne post-mortem qui décidera de sa destination finale après sa mort. Privé de poids et balayé par les vents, celui-ci s’envole alors pour les Antres. Le malheureux est désormais une âme errante dans un monde à la logique et aux habitants bien particuliers.

Ni au paradis, ni en enfer, un héros anonyme débarque dans les Antres. Il a eu un problème de barque, le passeur l’a vu s’envoler avant d’atteindre sa destination finale. C’est fou et dramatique à la fois puisque l’homme, l’adolescent presque, se retrouve incomplet et sans souvenirs dans cette sorte d’entre-deux complètement décalé d’où s’élève ou se terre un drôle de petit peuple.

Entre les Monsieur-et-madame-tout-le-monde et tout mort mais vivant, il y a là quelques illustres personnages que leur réputation précède. Leurs objectifs terrestres étant perpétué dans cet étrange au-delà. Un Napoléon, par exemple ?

Dans ce monde duquel la musique est bannie, au grand dam de Chopin mais moins de Johnny (!) qui peut s’adonner à ses autres passions, Puybaret nous entraîne par le biais de son anti-héros (qui se demande ce qui lui arrive mais ne peut s’empêcher de s’ébahir devant le monde foutraque qui s’offre à lui) dans une quête de la partition idéale, ces notes mises ensemble pour peu qu’on trouve l’instrument qui rendra peut-être la vie et l’amour à son protagoniste. Cela passe également par un retour sur terre et dans le temps en tant que rabatteur pour le ciel.

Dans cet univers poético-burlesque fou, où les bombardements si sinistres dans notre actualité sont détournés, Puybaret est un parfait relais du cinéaste Jean-François Laguionie (Le Tableau, Le château des singes…), dans le loufoque et la poésie, le tournis et le vertige, le sens qu’on trouve dans l’insensé, les folles rencontres. Ici, tout est possible, merveilleux, on ne sait pas à quoi s’attendre, on hallucine mais on est confortable. Ce monde-là, absurde mais sensé au second degré, nous poursuit.

Série : Les antres
Tome : 1 – L’homme sans poids
Scénario, dessin et couleurs : Éric Puybaret
Genre : Drame, Fantastique, Guerre, Merveilleux, Onirique, Surréaliste
Éditeur : Delcourt
Nbre de pages : 56
Prix : 14,95€
Date de sortie : le 16/02/2022