Deuxième tome plus explicitement sexuel pour les crimes du marquis de Sade et Ludovic Miserole dans ses Filles du Panier

Les filles du Panier est le deuxième tome d’une série sur les crimes du marquis de Sade qui en contient trois. Le premier, L’affaire Rose Keller est très sombre, construit comme un thriller et éclaire la part sombre du marquis. Ce deuxième tome est beaucoup plus explicite sexuellement. De nombreuses scènes intimes sont décrites dans les deux premiers tiers du livre. On est alors loin d’une ambiance glauque mais proche des romans érotiques en fait. Puis survient l’incident et le marquis doit fuir. Toutefois, des doutes subsistent pour le lecteur sur la qualification à donner à cet « incident ». Ce n’est pas clair même si l’auteur et les sources historiques sont claires : il s’agit d’un empoisonnement. Et si le premier tome accablait Sade sans beaucoup de nuances, le deuxième s’axe plus sur la partie lumineuse du marquis. Et l’on viendrait même à penser que l’empoisonnement n’est pas intentionnel. C’est très intelligent car le lecteur ne sait plus que penser de ce Sade et il nous tarde de lire le tome 3 afin d’éclairer notre jugement.

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« Découvrez, avec les filles du Panier, le second volet de la trilogie consacrée au marquis de Sade. 

Après l’affaire d’Arcueil, Sade tente de se faire oublier quelques temps dans son château de la Coste, multipliant les représentations théâtrales tout en affichant une apparente respectabilité.

Mais au début de l’été 1772, il n’y tient plus. Sa soif de plaisirs particuliers se fait pressante. Il prétexte des affaires à régler et s’en va quelques jours à Marseille en compagnie de son nouveau valet, Latour, pour laisser libre court à ses bas instincts…

Passionné d’histoire et de cinéma, Ludovic Miserole s’est fait une spécialité de nous raconter le destin de personnages secondaires, oubliés. Celui d’êtres ordinaires ayant vécu des événements extraordinaires, nous permettant ainsi de visiter la grande Histoire par les coulisses. De cette façon, il nous a narré l’incroyable destin de Rosalie Lamortière qui servit arie-Antoinette à la Conciergerie, ou encore celui de Zamor, esclave épris de liberté et page de Madame du Barry, qui jouera un rôle non négligeable dans la mort de sa maîtresse.

Avec ses derniers romans, l’auteur nous propose de partir à la rencontre de ces femmes, épouses, maîtresse ou simple catin, qui ont eu le malheur de croiser la route du marquis de Sade. »

C’est avec plaisir que l’on retrouve toute la description d’un XVIIIe siècle à Paris mais surtout à Marseille. Comment le peuple vit alors, comment les bourgeois se pensent au-dessus des lois… à quelques années de la Révolution, on sent déjà une révolte qui gronde. Des envie de changement, de ne plus se laisser faire… Ludovic Miserole a le talent extraordinaire de faire vivre l’Histoire qui s’incarne alors au travers des personnages réels ou fictifs qu’il a construit pour nous. C’est passionnant.

L’intérêt de ce livre, et du précédent également, est aussi de nous permettre d’appréhender le marquis de Sade dans son quotidien. De le regarder se mouvoir au jour le jour, de comprendre ses petites lâchetés, sa recherche exclusive de plaisirs, ses besoins égoïstes. Rien ne compte hormis sa propre personne pour le marquis. Et tout un système se met en place autour de lui afin de ne pas le décevoir : son épouse qui ne veut le contredire et son valet dont la récompense suprême est de partager la couche du marquis sont les premiers de ceux-là.

Dans ce tome, on découvre Sade comme on ne l’imaginait pas. Il est amoureux. C’est un amour interdit, proscrit. La prétendante lutte un peu (pour la forme) mais se laisse vite subjuguer par le marquis et cette relation s’installe dans le temps. Le marquis doit se faire oublier dans son château de La Coste près de Marseille et cette amoureuse juvénile et apprentie constante le divertit agréablement. Son épouse et son valet complètent ses besoins.

Mais le marquis est « sad » et cette retraite, bien que peu conventionnelle, le lasse déjà. Le lecteur descend donc avec lui à Marseille pour y vivre plusieurs nuits de débauches particulièrement détaillées. Au point que, dans certains chapitres, on peut se questionner sur le type de lecture en cours. On est plus proche de la littérature érotique que du roman noir.

Contrairement au premier tome, les filles choisies par Sade sont consentantes. Elle proviennent toutes du quartier du Panier et exercent auprès des hommes de ces plaisirs rapides et rémunérés. Mais Sade a des besoins, des envies à assouvir et lui prend son temps, multiplie les soirées et les filles, souvent plusieurs au cours de la même soirée.

Et ses goût particuliers conduisent à l’incident, cet empoisonnement. Le récit est écrit de telle sorte que l’auteur et les sources historiques n’hésitent pas sur la qualification mais le lecteur lui, ne peut s’empêcher de douter sur l’intentionnalité de la chose. Ne serait-ce pas réellement un accident, une erreur? Bref, là où notre avis était sans appel sur la noirceur de Sade après la lecture du premier volet, le doute s’immisce en nous.

Ce deuxième tome est beaucoup plus lumineux, plus sexuel aussi que le premier. Là où la noirceur, les tortures de Sade étaient exposées dans le tome 1, on retrouve des parties de jambes en l’air. Certes avec fouets et protagonistes en tout genre, avec des besoins particuliers explicitement décrits mais on est loin de l’ambiance sombre et glauque du premier volet de la saga. Et notre opinion sur la marquis évolue également… De manière inattendue d’ailleurs.

Bref, je suis plus désarçonnée qu’autre chose à la lecture des Filles du Panier. Car le roman a eu le mérite de bouleverser mes certitudes. Et le plaisir de retrouver ce XVIIIe siècle si vivant est immense. Il me tarde de me plonger dans le tome 3, Le Crépuscule d’un libertin, afin de comprendre un peu mieux ce marquis. Le tome 1 éclairait sa face sombre, le 2 est plus libertin… mais que nous réserve le tome 3 ?

Auteur : Ludovic Miserole

Titre : Les filles du panier – Les crimes du marquis de Sade tome 2

Editions : IFS / Phénix noir

Sorti le 17 novembre 2021

509 pages

Prix : 19,95 €

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