Seuls ou Urbex : l’exploration de deux univers différents à la force du courage de la jeunesse, pas au bout de ses surprises et de sa survie

© Dugomier/Clarke

L’enfer ne tend pas uniquement ses tentacules aux adultes. Les enfants, adolescents peuvent aussi s’y jeter ou y être happés, forcé à survivre, à atteindre l’âge de raison plus vite que prévu dans des mondes de déraison. De plus en plus, des auteurs de BD n’hésitent donc pas à mettre à l’épreuve leurs héros qui devront trouver leurs marques dans des décors jusque-là insoupçonnés et capables de rendre fou. Comme dans le 13e épisode de Seuls ou le premier d’Urbex.

© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis

Seuls : un treizième épisode qui, une fois n’est pas coutume, porte un peu plus chance à la bande

Résumé de l’éditeur : Dodji accepte de passer l’épreuve du Maître Fou. Il arrive à lui voler la clé qui crée des portails à volonté. Il délivre Melchior, son voisin de cellule, qui lui révèle que lui et ses amis de Fortville sont des « âmes tigrées », des enfants qui refusent de choisir entre les familles du Bien et du Mal et qui pourraient servir de médiateurs entre les deux clans. Dodji n’a qu’une hâte : réunir ses amis dont il a été séparé trop longtemps. Ainsi, ils seront ensemble pour affronter la terrifiante « Guerre des Limbes » qui s’annonce !

© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis

Avec les âmes tigrées (mais kézako?), Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti bouclent le troisième cycle (Piégés, délimité par un dos orange) des aventures de Dodji, Leïla, Yvan et les autres. Un cycle qui brille par les ambiances différentes et les inflexions psychologiques de leurs héros en danger qu’il a pu donner à la série.

© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis
© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis

Jusque-là, la solidarité faisait force face aux monstres dont regorge ce monde dont les adultes sont absents (ont-ils été éradiqués ou sont-ce les enfants qui ont « déménagé »? la question est toujours entière). Mais depuis quelques tomes, comme s’ils passaient à confesse, les deux chefs d’orchestre (d’horreur aussi parfois) ont pris à part chaque héros, pour leur en faire voir des vertes, des merdes et des pas mûres, et explorer un peu plus l’infini champ de possibilités auquel donne lieu cet univers de plus en plus survivaliste.

© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis
© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis

Avec ce treizième album, passé sous le signe d’une couverture qui voit un Dodji méfiant et une Camille, encerclé de papillons blancs et toujours en mode « enfant de minuit », du côté obscur de la force, place à de nouvelles révélations de taille et à la réunification (comme dans Koh Lanta mais avec plus de dangers immédiats) d’une équipe qui aura bien besoin de chacun de ses éléments pour affronter la suite. Une tête qui parle et un dinosaure parachèvent l’action de cette nouvelle aventure palpitante mais laissant un peu plus de chance aux héros que dans les précédents. De quoi reprendre son souffle, mais jamais trop longtemps.

© Vehlmann/Gazzotti/Usagi chez Dupuis

Urbex : des lieux désaffectés que prolongent des âmes cassées

Résumé de l’éditeur : Si les murs des vieux bâtiments pouvaient parler, que raconteraient-ils…? Depuis qu’Alex et Julie ont franchi la porte de la Villa Pandora, ils ont la réponse ! À présent, à chacune de leurs explorations urbaines, les deux adolescents sont assaillis par des visions de vies d’inconnus. Autant de fragments qu’ils vont devoir recoller, au risque de voir leur identité vaciller à mesure qu’ils tentent de comprendre les étranges pouvoirs dont les a investis la mystérieuse bâtisse.

© Dugomier/Clarke

Clarke en a fini avec Mélusine, cela lui confère le temps de se lancer notamment dans cette nouvelle série, Urbex, en compagnie de Vincent Dugomier. Sous la couverture défiant la gravité d’un saut surhumain, Alex et Julie ne sont pas au bout de leur surprise. Si l’interdit est toujours séduisant, encore plus quand il concerne des vieilles maisons abandonnées, des garages désaffectés ou des hôpitaux psychiatriques. Avec du matériel infrarouge, des crampons, des cordes, l’urbex est devenu une religion, qui fascine plus loin que ceux qui le pratiquent. Mais aussi les spectateurs sur les réseaux qui peuvent découvrir ces reportages photo semblant d’un autre temps.

© Dugomier/Clarke/MIKL chez Le Lombard

D’un autre temps, vous ne croyez pas si bien dire ! Alors qu’Alex et Julie s’immergent un soir dans un manoir imposant, qui le lendemain sera redevenu un terrain vague (mais ils ne savent pas encore qu’ils ont mis le doigt sur un engrenage machiavélique), les voilà mis face à quelques visions diaboliques, avec en tête deux soeurs qui semblent sortir de Shining, se disputent tout le temps et sont capables de changer d’apparences à chaque visite – oui, en plus, ils vont y retourner. Mais de cette demeure et de ses spectres, il ne suffit pas de claquer la porte en s’enfuyant à grandes enjambées : non, Alex et Julie ont hérité d’un pouvoir désagréable : dans chaque lieu désert qu’ils visitent désormais, ils sont assaillis par des personnages qui ne les voient pas et qu’eux deux seuls peuvent voir… mais qui semblent crier à l’aide.

© Dugomier/Clarke/MIKL chez Le Lombard
© Dugomier/Clarke

Liant les thématiques de l’enfermement, dans un espace délimité ou en soi, les deux auteurs commencent cette série en mettant le paquet. Graphiquement, Clarke s’amuse en rajeunissant et les physiques (notamment les visages) de ces personnages tout en conservant la maturité de ses cadrages, de ses architectures et des visions d’horreur qu’il peut proposer. Le problème vient peut-être du scénario qui les rend un peu chiqué… et voit certaines scènes fantomatiques tomber comme un cheveu dans la soupe jusqu’ici. Pour ce qui est de l’intrigue, une partie est auto-conclusive tandis que l’autre pose les bases de la suite. Toujours est-il que je ne m’attendais pas du tout à ce schéma, que je suis à la fois surpris et un peu resté sur ma faim alors qu’il va falloir relancer le suspense pour le prochain album de cette Brigade des Souvenirs beaucoup plus dark.

© Dugomier/Clarke
© Dugomier/Clarke

L’univers est très sympa et original, cela dit, sans doute faudra-t-il sortir encore un peu plus les héros de leur zone de confort dans laquelle ils parviennent à retrouver une certaine maîtrise.

Projet de couverture pour le tome 2 © Clarke
© Dugomier/Clarke

Série: Seuls

Tome: 13 – Les âmes tigrées

Scénario: Fabien Vehlmann

Dessin: Bruno Gazzotti

Couleurs: Usagi

Genre: Fantastique, Mystère, Thriller

Éditeur: Dupuis

Nbre de pages: 48

Prix: 12,50€

Date de sortie: le 12/11/2021

Extraits: 

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Série: Urbex

Tome: 1 – Villa Pandora

Scénario: Vincent Dugomier

Dessin: Clarke

Couleurs: Mikl

Genre: Fantastique, Mystère, Thriller

Éditeur: Le Lombard

Nbre de pages: 56

Prix: 12,45€

Date de sortie: le 27/08/2021

Extraits: 

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