
Les souvenirs résisteront-ils à l’heure de l’instantané ? Vaste débat qui ne trouvera sa réponse que dans quelques décennies quand plus personne ne se souviendra de la question. Pourtant, je pense qu’il est aussi important de se souvenir que de se projeter dans l’avenir. Pour ne pas oublier qui l’on est, les forces qui nous animent et les erreurs à ne pas refaire. Dans la joie et la bonne humeur, Carbone et Cee Cee Mia entraînent Marko dans les pas d’une nouvelle bande de super-héros du quotidien : la brigade des souvenirs. Tandis que les Beka continuent l’exploration de ce qui nous rend meilleur, en comprenant d’où vient le mal que l’on se fait parfois à soi-même.

Résumé de l’éditeur du tome 1 : Lorsque Tania, Alban et Théo découvrent une vieille lettre dans une école abandonnée, ils décident d’enquêter sur cette dernière. Car ils y ont découvert une histoire d’amour impossible, née pendant la Première Guerre mondiale, et qui n’a jamais connu son aboutissement. C’est ainsi qu’ils partiront à la recherche de Toinette et Ernest, ces amoureux que la guerre et la société ont séparés… Fouilles aux archives et en bibliothèque, exploration de greniers, rencontre avec les descendants : ils oseront tout pour mener leur enquête à son terme. Car ils sont la Brigade des Souvenirs !

Résumé de l’éditeur du tome 2 : Tania, Alban et Théo, les jeunes enquêteurs de la Brigade des souvenirs, accompagnent leur ami Camille dans une brocante. Ce dernier, passionné de photo, achète un vieil appareil où ils découvrent d’anciens clichés représentant un jeune Réunionnais mystérieux. Il n’en faut pas plus pour que la Brigade se lance à sa recherche ! Au risque de découvrir la terrible histoire du Réunionnais pris dans le piège de décisions d’adultes le dépassant… Pourquoi ? C’est ce que vous allez découvrir dans cette histoire de famille poignante, inspirée d’un sombre épisode de l’Histoire de France.

Non pas un mais deux albums, un troisième devant paraître prochainement, c’est dire si l’éditeur, Dupuis, croit en cette série animée de bons sentiments et de belles sensations. Ça commence tout bêtement: l’exploration par des gamins du monde qui les entoure et peut parfois sembler abandonné, une chute et un vrai trésor. Oh, pas question d’or, de diamants ou que sais-je d’autre pourvu que ce soit brillant; non, il est question d’amour symbolisé par une lettre qui pourrait avoir vingt ans comme cent et qui semble ne jamais avoir atteint son destinataire. Perdu dans les limbes, privés de rendez-vous. Toinette et Ernest, même s’ils ne sont peut-être plus de ce monde, il est temps d’organiser leurs retrouvailles ! Mais par où commencer pour retrouver leur trace.

C’est ainsi que Tania se prend au jeu des recherches qui peuvent être aussi trépidantes que les urbex, finalement. À mi-chemin entre journaliste et détective, elle emmène dans son tourbillon ses deux amis qui, a priori, n’étaient pas les plus motivés. Et puisque les nouvelles technologies ont leur limite, c’est bien sur le terrain, dans les rencontres avec des gens de tous les horizons, amusés que ces enfants remuent ciel et terre pour exhumer le passé, et en se retroussant les manches tout en faisant fonctionner ses méninges, que le trio arrivera à ses fins. Et en redemandera. Car le passé non soldé, les histoires interrompues avant la fin, les chaînons manquants, ça court les rues. C’est ainsi qu’en mettant la main sur un appareil photo doté d’une pellicule laissée là par son précédent propriétaire, dépaysante, Tania, Alban et Théo tiendront là leur deuxième enquête, fruit d’une histoire plus proche mais aussi dramatique.

En ouvrant des portes de compréhension du monde des grands et de ses jeux de pouvoirs sur base des petites trouvailles anodines du quotidien, Carbone et Cee Cee Mia ont trouvé un très chouette canevas pour fournir des aventures simples mais addictives, d’ici et d’aujourd’hui mais aussi d’hier et d’ailleurs. S’il a réussi avec son trait chaleureux et doux à se faire sa place chez les grands, avec brio, notamment avec le succès extraordinaire de la série philosophique et motivante Le Jour où…, c’est avec grand plaisir que nous retrouvons Marko dans le monde des premières lectures. Les couvertures font voyager mais recèlent avant tout des histoires qui s’ancrent dans la banalité et, qui sait, l’ennui des enfants qui trouvent l’argument pour voir leur coin sous toutes les coutures. Hormis quelques flashbacks permettant de comprendre petit à petit ce qu’il est advenu des « disparus », c’est bel et bien dans les villages et ville franco-belges que se passent ces deux albums.

Bref, tout ça pourrait vite être redondant dans le dessin. Il l’est bien moins que le texte qui perd parfois son temps à se répéter comme si les enfants étaient des buses (c’est le bémol alors que le principe même de la série appelle à leur débrouillardise), tellement le dessin de Marko pétille du début à la fin, dynamique et emballant, très humain. Voilà une jolie aventure qui commence et qui prouve que même en zone blanche (cela dit, nos petits héros utilisent quand même un peu les ordinateurs quand ils sont dans l’impasse). En plus, après une première enquête peut-être un peu trop fastoche (autant corser les choses au fur et à mesure, le but n’est pas de dégoûter), la série bonifie déjà au deuxième tome avec une intrigue plus costaude. Pour terminer d’ouvrir tous les yeux et les oreilles et faire action utile, un dossier de 8 pages encourage les enfants/les familles à aller plus loin dans la thématique abordée.

Le jour où… la nuit s’est levée… et où le bonheur est là ?

Résumé de l’éditeur : L’hiver, en fin de journée… Une tempête de froid et de neige s’abat sur Paris, bloquant plusieurs personnes dans la librairie de Clémentine. Dont Guillaume et Naori, maintenant installés dans la capitale, ainsi que Chantal l’écrivaine. Cette bulle de temps imprévue sera l’occasion pour chacun de faire remonter ses souvenirs d’enfance, de réfléchir au poids de l’héritage familial, de l’éducation qu’il a reçue, à l’influence de ses parents et de sa famille sur sa vie et ses choix… Jusqu’à ce que la tempête se calme et que la nuit se lève sur un nouveau jour… et peut-être une nouvelle façon de voir et de mener sa vie.

Résumé de l’éditeur : Clémentine et Sacha, Chantal, Guillaume et Naori… tous se retrouvent chez Antoine pour un week-end. Ils amènent avec eux leurs soucis, leurs bagages du quotidien, incapables de profiter du moment présent et de la beauté de la nature environnante. Comme les morceaux recollés d’un bol par la technique japonaise du kintsugi, ils vont se retrouver autour d’une grande conversation sur le bonheur. Qu’est-ce que le bonheur, comment le trouver ? C’est la question que nous nous posons tous. Alors, comme nos personnages, posons-nous un instant, respirons et laissons-nous inspirer…

S’il ne faut pas perdre de vue les souvenirs qui nous construisent et nous aident parfois à ne pas faire les mêmes erreurs, certains peuvent être encombrants, parasiter nos existences, nous empêcher d’avancer. Oui, il faut parfois savoir se concentrer sur le présent, se recentrer, pour mieux se lancer, plus léger, dans le futur. C’est parallèlement à la création de la Brigade des souvenirs que Marko a continué à semer ses pigments d’humanité dans la série feel good et ressourçante imaginée avec les BeKa au scénario et Maëla Cosson: Le jour où… Un début de phrase qui se complète à chaque album, comme notre ouverture d’esprits… et de chakras.

À la rencontre de Clémentine et d’Antoine en ont suivi d’autres, à la lisière des bois où tout a commencé ou dans d’autres univers où d’autres hommes et femmes, adultes ou adolescents, ont profité de l’alignement des planètes pour faire part de leurs angoisses, de leurs peines, mais aussi peut-être réponses à leurs questions et être confortées dans leurs choix. À chaque tome du Jour où…, qui se lit indépendamment, pas de début ni de fin, pas de tension ou de suspense, l’esprit est au repos mais aussi tout enclin à faire l’expérience des autres et de leurs histoires constitutives de ce qu’ils sont et seront, avec les forces à garder et les faiblesses à renforcer.

Lors d’une nuit éclairée à la chandelle dans une librairie devenue refuge au milieu d’une tempête de neige ou lors d’une échappée belle, le temps d’un week-end, dans la maison d’Antoine (ce passeur de bonnes vibrations rencontré lors du premier tome), les Béka, Marko et Maëla aiment à faire ressurgir des visages connus et apaisants ou à provoquer de nouvelles rencontres, avec des gens que le destin, sans doute, ne mettra sur notre chemin qu’une fois. Alliant psychologique et philosophie, contes venus des quatre coins du monde à des histoires vraies et intimes, en plein jour ou au creux de la nuit, chaque album devient ainsi une veillée qui réchauffe de la chaleur du feu de bois ou de l’humain. C’est bien connu, c’est ensemble que nous sommes plus forts, là où il n’est pas tout à fait certain que tout seul on aille plus vite ! Dans le Jour où la nuit s’est levée, c’est le poids de ce qu’on attend de nous mais aussi de notre éducation avec les bons et les mauvais côtés de nos parents qui est soupesée. Sans méchant à trouver, cela dit, mais avec un héritage à faire mûrir. Dans Le jour où le bonheur est là, dans ce coin de nature préservé de l’urbanisation et des mauvaises ondes, avec une autre assemblée mais tout autant d’expériences, c’est la notion du bonheur qui est étudiée. Les petits plutôt que ceux inaccessibles. Ceux qui nous portent et font que la journée sera réussie. Même si, peut-être, nous l’imaginions partir d’un handicap.

Sous le trait généreux de Marko, chaleureux et libéré, les Beka écrivent des histoires de choeur, libératrice à leur tour, l’air de rien. Et parce qu’il y a là la place pour une dynamique collégiale, le lecteur peut picorer ce qui l’intéresse, ce qui résout ses problèmes. Car les auteurs trouvent là de quoi contourner la pensée unique et consolider un sens de la vie multiple. Six tomes plus tard, l’aventure inédite et bien remplie est toujours aussi emballante.
Série : La brigade des souvenirs
Tomes : 1 – La lettre de Toinette et 2 – Mon île adorée
Scénario : Carbone et Cee Cee Mia
Dessin : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Genre : Drame, Enquête, Jeunesse
Éditeur : Dupuis
Nbre de pages : 56 (+8 pages de dossier)
Prix : 12,45€
Date de sortie : le 03/09/2021
Titre : Le jour où …
Tome : 5 – … la nuit s’est levée et 6 – … le bonheur est là
Scénario : Beka
Dessin : Marko
Couleurs : Maëla Cosson
Genre : Choral, Initiatique, Feel-Good
Éditeur : Bamboo
Nbre de pages : 64
Prix : 15,90€
Date de sortie : le 26/08/2020 et le 25/08/2021
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