Pas de baobabs sur la planète de Yasmina mais des carottes, des lapins et des humains qui se font pressants

© Mannaert chez Dargaud

Quand Yasmina a fait son entrée dans le vaste monde de la bande dessinée franco-belge, il y a quelques années, c’était une porte qui claque sous un puissant courant d’air frais et néanmoins très actuel. La belle aventure continue avec un troisième album, à suivre cette fois, qui relit de loin le petit Prince et l’invasion des baobabs, mais cette fois avec des lapins, et surtout des humains.

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Résumé de l’éditeur: Grâce aux signatures recueillies par sa pétition, Yasmina, nouvelle star des réseaux sociaux, se voit attribuer une heure de cuisine et une heure de jardinage à l’école. Super nouvelle… sauf que ses élèves envoient des blagues sur Instagram plutôt que d’écouter ses leçons ! Quant à Rita, la responsable de la cuisine scolaire, elle préfère les plats congelés… Et ce n’est pas le seul problème de taille qui occupe Yasmina. Elle trouve généralement des légumes frais dans le potager de ses amis, Marco et Cyrile. Mais voilà : des lapins dévorent les légumes du jardin ! Et au vu du risque de surpopulation, ils sont menacés par des voisins qui se mettent à les chasser… Bref, rien ne va plus, Yasmina doit acheter ses légumes au supermarché – horreur ! – et les lapins, en manque de nourriture, risquent de finir leur existence dans une marmite… La vie n’est pas facile pour les adeptes d’une alimentation équilibrée !

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Dans Yasmina et les mangeurs de patates, Wauter Mannaert installait un univers fort sur les bases d’un cliché: la cuisine et ses concours mis à toutes les sauces de la télé réalité puis d’autres médias. Évacuant le côté télé et renforçant celui réalité , Mannaert est arrivé les deux pieds dans la terre du potager mais pas si loin de la ville et, surtout, des enjeux des années 2000. On ne voulait résolument pas que la belle aventure se termine là, sur un seul opus, et l’auteur flamand nous a entendus dans son oeuvre biodiversifiée et multiculturelle. Avec Un potager pour l’humanité, son troisième album de la série (ramenée pour la deuxième fois dans un format plus classique et sur 48 pages). Le roman graphique avait reçu le prix Atomium Willy Vandersteen (récompensant un album en néerlandais), le premier (second) tome vient juste de recevoir le Prix Atomium des enfants. Mais le tout public est de rigueur, ce n’est pas un vain mot.

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Sous une couverture qui manque peut-être un peu de force quand on sait ce qu’on va trouver au creux de l’album, Un potager pour l’humanité intègre un cours de cuisine à l’école, et Yasmina va en avoir la charge. Mais qui dit école dit aussi moyens limités et un label (non-)qualité tout relatif qui a souvent fait la mauvaise réputation de nos cantines, loin de la corne d’abondance proposée aux candidats de Top Chef. Tout cela mais aussi des préjugés et une marche du monde difficile à changer, Yasmina et sa fine équipe vont devoir les affronter. Le casting est haut en couleur, entre les camarades je-m’en-foutiste et toujours prêts à faire des blagues parfois de mauvais goût (et on sait que le goût, c’est important) ou la voisine du dessus qui, pompette, s’avère être assez sombre quand il s’agit d’évoquer l’avenir de l'(in)humanité.

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Wauter a cette façon, dans le texte et le trait, de rendre tout ce petit monde tellement attachant et proche, en donnant à chacun son numéro d’acteur, son heure de gloire, Wauteur Mannaert l’ayant à chaque instant, inventif, énergique, réconfortant et galvanisant quand il s’agit de se retrousser les manches pour que tout le monde, carottes, lapins ou être humain y trouve a place en conjurant la peur de la surpopulation (comme celle des baobabs chez St-Exupér). D’autant que ce n’est pas être faible que de changer d’avis, et ça aussi, c’est bien de le suggérer, dans le monde manichéen d’aujourd’hui où l’on s’attache parfois à une opinion coûte que coûte et jusqu’à l’absurde.

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Dans cette manière de prolonger son âme par le crayon et les couleurs, Wauter Mannaert a bien saisi ce que c’était de raconter une histoire en BD, et en exploite bien les forces inédites, permettant de faire suivre une action à divers coins d’une double-page par exemple. Imbattable ne le renierait pas dans sa manière de se servir du Neuvième Art, et Wauter Mannaert continue avec sa sacrée héroïne, simple mais têtue pour retrouver la source de l’oasis, la bulle d’air qu’il nous faut au milieu des particules fines, de faire vrombir un petit moteur malin pour inventer des lendemains sereins. Le défi de notre siècle.

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Avec en prime des chouettes recettes dessinées en bonus.

© Mannaert chez Dargaud

Série : Yasmina

Tome : 2 – Un potager pour l’humanité

Scénario, dessin et couleurs : Wauter Mannaert

Genre: Aventure, Humour, Société

Éditeur: Dargaud

Nbre de pages: 58 (+ 8 pages bonus)

Prix: 9,99€

Date de sortie: le 21/05/2021

Extraits : 

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