Le moine mort : la quête de la vérité est-elle religieuse, une âme peut-elle être damnée avant même le jugement des cieux ?

Après s’être consacrés à Ted Bundy mais aussi à l’adaptation de J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian, les Rémois Jean-David Morvan et Scie Tronc remontent le temps (aussi parce que cette histoire a été écrite au début des années 90 et a connu plusieurs vies, dans les mains de Christian Lerolle, HJW, etc.) et l’espace pour se retrouver dans une contrée non-nommée à une époque immémoriale. Celles du Moine mort. Ou plutôt de celui qui va se faire son héritier, lecteur fasciné de son livre apocryphe. Ça aide à tenir dans un monastère qui ouvre moins sur le paradis que sur l’enfer.

© Scie Tronc

Résumé de l’éditeur : Stolin est un jeune homme de 16 ans placé dans le monastère de Nariamar par des parents incapables de le prendre en charge. Dans ce lieu clos où le silence est sacré, les moines confirmés ont la bouche cousue et passent leur temps à recopier des livres contenant les saintes écritures. Stolin supporte douloureusement ces contraintes… Aussi, lorsqu’il découvre le livre profane d’Ernao Piranesi, il ne peut s’empêcher de le subtiliser pour le lire à voix basse dans sa cellule. Les mémoires du vieux moine commencent 50 ans plus tôt. À l’époque où le baron Ytrium, vainqueur d’une bataille sanglante contre des hérétiques, décide d’enfermer les survivants dans les geôles du monastère où Ernao est intendant. L’un des prisonniers va alors se retrouver au centre d’un débat dont les proportions ne cesseront de s’amplifier.

© Morvan/Scie Tronc chez Glénat

Un bon moine est un moine qui se tait. Et si pas, qui est mort. Ainsi le veut l’intransigeant inquiperatore, bras béni, et surtout armé, de la religion à laquelle Stolin a été affilié. Celle d’Ernao Piranesi bien avant lui. C’est ainsi que passe la vie, d’une cruelle banalité, dans ce bâtiment reculé des hommes mais pas à l’abri des tempêtes et des bruits, guerriers, du monde. Stolin n’est pas là par vocation mais s’il est libre de mouvement dans cette prison de pierre, en dehors des horaires durant lesquels il doit prester, il doit faire gaffe au moindre faux pas, sous peine d’être puni, divinement… ou diaboliquement. Ce qui n’empêche pas le gamin d’être ahuri, gaffeur, distrait. De s’emmerder et d’avoir un besoin urgent d’évasion.

Version de 2011 © Morvan/HJW
© Morvan/Scie Tronc chez Glénat

Toujours rappelé à l’ordre jusqu’à ce qu’il découvre donc le grimoire, secret et à ne pas mettre entre toutes les mains, d’Ernao. Un moine dont les lèvres furent cousues en châtiment mais qui n’a gardé ni sa langue, ni sa plume en poche pour la cause. Alors, il raconte son histoire, celle d’un homme que le coeur sur la main a perdu.

© Scie Tronc
© Morvan/Scie Tronc chez Glénat

En charge de l’approvisionnement de l’abbaye, le fratello avait la permission de sortir pour négocier les vivres. C’est ainsi qu’il fut interpellé par une vieille dame, pour une question de « justice divine », sauver l’âme de son fils, pris à tort pour un de ces ennemis ravageurs alors qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. Et trop attardé pour s’en défendre. Seul avec ses convictions et ses devoirs d’enquête, Ernao va se mettre à dos les règles et les pontes de sa communauté. Mais la quête du vrai est-elle religieuse ?

© Morvan/Scie Tronc chez Glénat

Dans ce premier tome d’introduction, voyageant entre le quotidien de Stolin et l’évasion tombée du ciel qu’offre le récit de son prédécesseur, ouvrant les portes qui restent résolument fermées à notre héros, on est ébloui par la classe de Scie Tronc qui, plus que jamais, semble dans son élément, fouillant et dramatisant les décors tout en laissant les visages synthétiques pour mieux faire exploser les émotions. Et ce n’est pas souvent le bonheur. Sur les deux tableaux, dans les contrastes et la puissance de la lumière et de l’ombre, le dessinateur n’a pas peur de créer la scission, par des choix osés, incendiaires mais happant. Dans cette histoire que je ne sais trop pourquoi je pensais adaptée, Jean-David Morvan crée la tension et la fièvre tout en retenant notre souffle pour garder cette ambiance mystérieuse et ne pas tout découvrir. En bout de course et de ce voyage, on a l’impression d’un dosage parfait, totalement acquis à la cause des deux protagonistes mais pas repus. On a diablement envie de savoir la suite de cette aventure.

© Scie Tronc
© Scie Tronc

Série : Le moine mort

Tome : 1 – Le manuscrit condamné

Scénario : Jean-David Morvan

Dessin et couleurs : Scie Tronc

Genre : Drame, Enquête, Guerre, Psychologique

Éditeur : Glénat

Nbre de pages : 48

Prix : 14,50 €

Date de sortie : le 24/03/2021

Extraits : 

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