En compagnie de la Division Charlemagne, visite incendiaire de die graue Stadt aux dernières heures du Reich

« Je suis un Berlinois », avec l’accent venu des quatre coins de la France, ça marche aussi. Dans son nouveau triptyque dont le deuxième tome vient de sortir, Michel Koeniguer s’intéresse aux soldats de la Division Charlemagne, insigne SS sur la manche droite, écusson bleu-blanc-rouge sur celle de gauche. Des Français engagés dans une guerre en huis clos, comme sur un plateau d’échecs, sous le pavillon allemand, dans un Berlin fumeux et incendiaire. 

Résumé de l’éditeur : Fin avril 1945. Berlin est cerné, à l’ouest par les américains, à l’est par les russes. Les ruines fumantes de la capitale du troisième Reich vont être le théâtre de l’ultime combat, dernière résistance d’une armée en déroute. La Division Charlemagne a subi de lourdes pertes. Les hommes sont fatigués, conscients de l’issue inévitable des combats. Leur seule chance, tenir face aux Russes jusqu’à l’arrivée des Américains, dans l’espoir que leur sort sera meilleur… Et espérer une fin honorable.

© Koeniguer chez Paquet

Rome en feu, Moscou aussi, Paris brûle-t-il ? Les villes en feu sont loin d’être désertées et c’est une drôle de faune qui y bruisse, qui s’y canarde. En quête de survie ou alors dans le don de sa vie pour des idées auxquelles ont croit et qu’on défend armes aux mains. Infiltré dans le Berlin des dernières heures du Reich, Michel Koeniguer signe un nouveau récit en compagnie des Français de l’armée d’Hitler. Alors qu' »Ivan » approche, ils sont issus de différentes fractions de la société : journalistes, partisans, gamins pour qui la guerre est devenue un jeu d’enfants, etc. tous sont engagés volontaires dans une bataille. Claudel, Bellec, Leroy, Henri de Varennes…

© Koeniguer chez Paquet

Loin des tristes sires, sans pour autant qu’on s’y attache, ces hommes dont on découvrira ou pas des bribes du passé et de leurs motivations, se sont aventurés dans une drôle d’histoire, dont l’issue risque d’être fatale. Ils sont au point B à l’instant T, et c’est dans le feu de l’action que Koeniguer les révèle. Dans cette ville comme un plateau de jeu, l’auteur a trouvé l’équipée parfaite pour explorer de bas (les souterrains communiquant d’une partie à l’autre de la ville) en haut (du moins les derniers étages des immeubles en fâcheuses postures, pas d’avion jusqu’ici) cette capitale qui bascule.

© Koeniguer chez Paquet

Dans ce jeu du chat et de la souris, entre les coups de poker et les coups de semonce, c’est dans la perte de repères dans ce bastion multiple et regorgeant de lieux-dits que l’auteur nous inscrit parmi les combattants. Il y réussit mieux que dans son premier tome qui nous avait égarés entre les personnages multiples et les recoins d’une cité totalement décharnée. Il faut dire que page après page, la troupe s’écrase, s’écrème, face à un ennemi omniprésent et beaucoup plus fort. C’est la déroute, à coups de canon, avec moins d’héroïsme que d’actes désespérés ou pulsionnels et sanguinaires, mais de la place pour des amitiés fraternelles de quelques secondes. Parce que tout le monde court partout, pour sauver leur peau ou l’appeau de la paix. Parce qu’ils croient en quelque chose ou qu’ils ne croient plus en rien. Avec froideur au fil des flammes, jusqu’au photo-réalisme des combats, Koeniguer construit l’Histoire avec rigueur et éclats, sans s’attacher et sans attaquer ces foudres de guerre qui ont déjà fort à faire. Il ne choisit pas de camp mais il raconte une histoire pas dépourvue de sens et d’un devoir de mémoire avant que tout ne brûle.

Tome 1 © Koeniguer chez Paquet

Série : Berlin sera notre tombeau

Tome : 2 – Furia Francese

Scénario, dessin et couleurs : Michel Koeniguer

Genre : Drame, Guerre

Éditeur : Paquet

Collection : Mémoire 1939 – 1945

Nbre de pages : 48

Prix : 14€

Date de sortie : le 19/08/2020

Extraits : 

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