Après toutes ces années d’enquête et d’excès, il fallait bien que ça arrive. Quelques années après avoir disparu des rayons nouveautés dans les librairies, Caroline Baldwin a fait son retour depuis le tome 17 et, désormais, dans un diptyque asiatique qui voit André Taymans ne rien lui épargner. Encore plus dans le tome de conclusion (peut-être même de la série) qui vient de paraître et fait onde de choc. Y compris pour son auteur qui, surpris par la vie et le hasard des rencontres, en a changé sa copie originelle, pour le Septième Art, pour revenir au Neuvième.

Résumé de l’éditeur : New York. Martin Wilson, employeur de Caroline, la charge d’une mission pour le moins particulière. Retrouver son fils Jeremy qui a quitté les États-Unis pour Bangkok suite à une violente dispute avec son père et qui n’a plus donné signe de vie depuis. Martin Wilson est condamné. S’il ne subit pas une greffe de moelle rapidement, il sera mort dans les six mois. Seul Jeremy pourrait lui sauver la vie. Caroline se lance donc dans une dangereuse course poursuite contre la mort, semée d’embûches, dont personne ne sortira indemne…


Toujours plus addicte au Jack et aux médicaments, Caroline Baldwin a mis les pieds dans une spirale infernale. Oh de quoi l’affecter physiquement et moralement mais pas dans ses capacités à être une fine limière et à avoir l’instinct pour trouver l’issue d’affaires inextricables. Même si cela en fait plus que jamais une proie. Peut-être avait-elle besoin d’évasion ? Toujours est-il que si Martin Wilson n’a rien fait pour qu’elle le porte dans son coeur, quand celui-ci lui propose de retrouver son fils en Thaïlande, Caroline accepte. Est-ce l’envie d’évasion, de métisser ses culpabilités et regrets, qui la pousse à accepter ? Ou a-t-elle eu pitié de cet homme en danger de mort, quasi inéluctable sous six mois, s’il ne reçoit pas une greffe de moelle d’une personne compatible. Soit, son seul et unique fils dont il n’a plus de nouvelle et avec lequel il est quelque peu en délicatesse.


Aussitôt accepté, aussitôt fait, voilà notre Caroline en perte de repères qui prend le large et l’avion pour une aventure qui la mènera entre Thaïlande et Laos, de tome en tome, dans des rues bondées et des ruelles peu recommandables, entre le jour et la nuit, les tripots et les drogues. Sans parler des cauchemars, car le piège du passé n’attendait qu’à se refermer sur elle, à point et fragile. Le crash de son tuk tuk en présageait un autre. Des retournements de situation.


Car si Caroline, aidée par un régional de l’étape providentiel et vraisemblablement envoyé par son patron, a vite fait de retrouver le fugitif, rien ne va se passer comme prévu. Car il y a là quelque chose qui la dépasse. Dans l’engrenage dans lequel s’est fichu le garçon, dans le monde mafieux qui se précipite sur le pas de sa porte et dans les mélanges des verres que Caroline boit mais aussi dans la concurrence qui se dessine avec une alliée (mais aussi rivale) de choix: Miss Tattoo. Madame Jow. Une Occidentale incendiaire qui met le feu et l’eau à la bouche dès sa première apparition, très légèrement vêtue au sortir d’un bain. Jamais loin d’un flingue, tenant d’une main de fer son bordel, adepte des liaisons dangereuses, Jow est une personnalité trouble, mystérieuse et notre petit doigt nous dit qu’on la reverra (ne fût-ce que ci-dessous). Elle adore embras(s)er.

Après une première partie de diptyque plutôt classique mais scellée par une issue fatale et inattendue, André Taymans nous entraîne dans une seconde partie furieuse, cauchemardesque qui repousse les limites de son héroïne, allant même jusqu’à la laisser plus morte que vive. Osant tout, l’auteur n’hésite pas à nous offrir, pour le plaisir des yeux, une longue séquence quasi muette qui fait vaciller la série dans l’horreur absolue et dont vous nous direz des nouvelles (pour les lecteurs de L’Aventure, c’est cette scène qui a été reprise dans le dernier numéro). Prenant le risque du point de non-retour et d’achever la série sur ce tome ébranlant, comme la frise sur le dos des albums n’est pas finie, l’auteur prend surtout le pli de faire un grand bond dans la compréhension biographique de Caroline et de rebattre les cartes à l’issue d’un tome décidément peu conventionnel et couillu. Un haut lieu du genre.


Miss Tatoo: à l’encre de la peau d’une mystérieuse inconnue

Résumé de l’éditeur : Dans Half-blood, seizième tome de la série Caroline Baldwin, André Taymans bouleverse son scénario initial pour y introduire une intrigante créature du nom de Madame Jow, alias Miss Tattoo. La rencontre entre l’auteur et son personnage eut lieu à Bangkok sur le tournage du film Half-blood dont est tiré le scénario de l’album du même nom. Une rencontre qui va faire vaciller les certitudes de l’auteur de Caroline Baldwin, par ailleurs co-scénariste du film. Et s’il s’était trompé ? C’est cette histoire singulière de fascination d’un auteur pour une muse énigmatique qui nous est contée dans cet artbook.

En fait, à l’origine de cette aventure asiatique, faisant des allers-retours entre Amérique, Thaïlande et Laos, il y a une histoire inédite qui devait voir le jour au cinéma. Oh, ce n’était pas la première, André Taymans récidivait puisqu’il avait déjà eu une liaison cinéphile quelques années plus tôt. Toujours est-il que si, jusqu’ici, aucun film n’a vu le jour prenant pour star cette héroïne de BD atypique, des jours de tournage en témoignent, des montagnes de rushes aussi. Des dossiers spéciaux sont ainsi sortis indépendamment de la série mais aussi au sein de la dernière intégrale en date. Puis, au fil des derniers albums, André Taymans a sélectionné en making-of une série de photos présentant Carole Weyers, dans le rôle principal, mais aussi l’omniprésente et mystérieuse Cyrielle Zurbrügg, aventurière suisse qui par les choses de la vie s’est retrouvée, tatouée qu’elle est, à la tête d’un établissement peu recommandable. La production du film refusait d’y voir son tournage s’y dérouler. Pourtant, cette femme-là était tellement magnétique qu’elle mit le souk dans la tête d’André Taymans.

Entre la muse et le personnage de BD fantasmé par l’auteur, Anne Matheys essaie de dénouer le faux du vrai dans cet artbook au petit format carré que proposent les Éditions du Tiroir. La belle a une pièce de puzzle sur le poignet et n’aidera pas à le reconstituer. Rien n’est simple, André Taymans n’a rien voulu dire mais a accompagné cette enquête, au feeling plus que policière ou journalistique, des nombreux croquis et illustrations (chair et encre, dans le plus simple appareil, sur fond rouge, le plus souvent) sensuelles et charismatiques. Se laissant inspirer par les tatouages, donnant l’impression de faire corps et vie avec la belle, l’auteur ne perce pas le mystère, il le renforce.


En attendant les prochaines aventures solo de Caroline Baldwin, André Taymans lui adjoint Roxane Leduc pour une histoire inédite et en duo : Double Dames. Roxane Leduc, la blonde, n’est pas une inconnue, c’est une Arlésienne. Créée dans le magazine Okapi, elle connut un premier album, sous le titre de série Les tribulations de Roxane, en 2000. Mise au placard, elle reprit du service chez Paquet pour un diptyque intitulé La Main de Pangboche. Donc, maintenant, place à la troisième époque, une aventure à la lisière des genres tant les univers dans lesquels évoluent les deux héroïnes sont très différents.
Série : Caroline Baldwin
Tome : 18 – Half-Blood et 19 – Les Faucons
Scénario et dessin : André Taymans
Couleurs : Studio Sept B
Genre : Polar, Psychologique
Éditeur : Paquet
Nbre de pages : 48
Prix : 14€
Date de sortie : le 22/11/2018 et le 16/09/2020
Extraits :
Titre : Miss Tattoo
Hors-Série / Artbook
Texte : Anne Matheys
Illustrations : André Taymans
Modèle : Cyrielle Zurbrügg
Genre : Érotisme
Éditeur : Les Éditions du Tiroir
Nbre de pages : 34
Prix : 25€
Date de sortie : le 11/09/2020
Tirage limité à 1000 exemplaires, numérotés et signés par les auteurs.
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