Andersen autrement ! C’est vrai quoi, si les contes ont la vie longue, inspirant chaque année de nouvelles adaptations, sur tous les terrains (cinéma, BD, livres jeunesse surtout), le temps passant a pu les transformer… ou les garder à l’identique. Gardant la trame de base, c’est la première option qu’ont pourtant choisie Ève-Marie Lobriaut et Alice Turquois pour retrouver, sur une pile de matelas, une princesse d’un nouveau genre.

Résumé de l’éditeur : Il était une fois, un jeune prince qui cherchait une princesse véritable pour se marier. Aussi lorsqu’une ravissante jeune fille de sang royal se présente au château, veut-il l’épouser sur-le-champ, sans même le lui demander ! La reine décide alors de faire passer à la délicate inconnue le fameux test du petit pois sous le matelas… sauf que de petit pois, il n’y en a pas !

L’histoire, tout le monde la connaît. Pourtant les deux auteures sont bien décidées à l’inscrire dans le XXIe siècle, au galop. Ben oui, on ne peut pas tout à fait dénaturer une histoire de princes et de princesses. Alors, voilà qu’en ce temps-là, la contrée s’ébranlait sous les pas et les essoufflements de deux laquais rougeauds à force de convoyer un prince aux allures antique et dont le royal postérieur commençait à peser lourd. Pour cause, c’est le monde entier que le trio a sillonné pour tenter de trouver chaussure au pied du prince, une dame avec laquelle convoler. Même s’il paraît bien jeune, sans doute la pression sociale veut-elle qu’il quitte les jeux d’enfants auquel il devrait encore avoir droit pour entamer une vie d’adulte.

Rien n’y a fait, entre des Hermione et des Greta Thunberg, les prétendantes avaient bien trop de poigne que pour que notre dragueur à tête couronnée puisse les enlever. D’autant qu’il n’a pas franchement l’allure d’un prince charmant. C’est donc bredouille qu’il est rentré au château. Vers lequel un orage providentiel a poussé une autre potentielle dulcinée. Mais comment savoir si celle-ci a bel et bien le sang noble ? En glissant un petit pois en dessous de sa couche composée d’une tripotée de matelas, pardi, révisez vos classiques. Sauf qu’en ces temps de consommation locale et en respect avec l’agenda des légumes de saison, force est de constater qu’il n’y a pas un petit pois à se mettre sous la dent et le dodo. Qu’à cela ne tienne, un navet fera l’affaire et… l’insomnie de la jeune fille.

Avec des couleurs qui dépotent et un dynamisme qui incite à tourner vite fait les pages, Ève-Marie Lobriaut et Alice Turquois ont bien décidé de mettre leur marque sur ce conte ancestral. Si jusqu’à la fin, on a eu peur que l’histoire se finisse bien, c’est bien le cas mais d’une manière totalement détournée à ce qu’on connaissait du conte d’Andersen. Reniant le fait du prince, le duo instaure le fait et la force de la princesse, celle qui est désormais capable de refuser son rôle de bonniche, de femme qui obéit au patriarcat (même si la mère, la reine, est très impliquée dans la tradition, peut-être plus que le roi) et qui n’a pas le choix de son mari. Elle peut choisir sa couronne, son destin. C’est joli, drôle et très bien troussé. Cette princesse au petit pois, on ne la carottera pas !

Titre : La princesse au (presque) petit pois
Album jeunesse
Texte : Eve-Marie Lobriaut
Illustratrice : Alice Turquois
Genre : Conte, Parodie
Éditeur : Glénat Jeunesse
Nbre de pages : 32
Prix : 11€
Date de sortie : le 09/09/2020
Extraits :