L’homme qui courait après sa chance allait-il droit à sa perte ? Un conte revisité par le survitaminé Pozla
Revenu du monde post-apocalyptique et simiesque de Monkey Bizness, Pozla s’évade cette fois dans le merveilleux pas moins dangereux. Inspiré d’un conte populaire qui a marqué son enfance, le dessinateur, que le carnet de santé foireux n’empêche pas de dessiner comme un dieu, le met à sa sauce dans une bande dessinée courte mais gavée d’énergie pétaradante. Pour mieux courir à sa perte ?
Résumé de l’éditeur : Accablé par la malchance qui lui colle à la peau, un homme se laisse convaincre d’aller consulter l’ermite de la montagne, seul en capacité de résoudre son problème. En chemin, il croise des compagnons d’infortune. Un tigre sans appétit, un arbrisseau pitoyable et une jeune femme désespérée. C’est décidé, il défendra leur cause auprès du sage de la montagne et reviendra leur donner ses conseils !
Sommes-nous responsables de notre bonheur ? C’est la question qui se pose en filigrane de cet album qui arrive comme un ouragan entre nos mains. S’il y a des adjuvants et des opposants dans la quête de la chance, force est de constater qu’ils ne font pas tout : il faut être attentif pour la saisir au bon moment. Parce que même si on est gentil, qu’on a le coeur sur la main, cela ne fait pas tout et mieux vaut trouver la bonne alchimie entre réfléchir et s’emballer, et vice-versa.
Notre bonhomme, cinsi (comme on dit chez nous) anonyme, pas trop de manque de bol et trop-plein de râteaux, se décide un jour de se mettre en piste pour trouver le remède miracle. Avec son bâton de pèlerin, il s’enfonce dans la forêt à la poursuite de Celui-qui-sait-tout. Une opportunité qui semble intéresser les ermites qu’il rencontre sur son chemin. Pas de souci, notre aventurier dans ses chaussettes trouées relaiera les voeux. Pourvu qu’il tombe sur le cairn qui exaucera le sien.
Mais le bonheur n’est pas offert clef-sur-porte et si Celui-qui-sait-tout promet à notre arsouille amour, gloire et beauté, la moitié du chemin seulement a été franchie. Et encore faut-il redescendre la montagne sans embûche.
Avec sa pêèche légendaire, son univers aussi foutraque que généreux, Pozla fait de cet aller-retour, cette ascension suivie d’une descente à tombeau ouvert, un beau spectacle de papier, galvanisé d’humour (graphique aussi) mais aussi de sens. Ce petit conte sale, loin des finals à la Disney, donne matière à réflexion. Entre petits et grands, chanceux ou pas. Pour une veillée dans les bois ou au creux du poêle, voilà un très chouette album qui fait le boulot.