C’était trop beau que pour se finir ainsi ! Et, en effet, le tandem Séverine Gauthier – Clément Lefèvre retrouve avec bonheur (et frayeur) son héroïne mal-assurée. Si elle a vaincu sa peur, du moins provisoirement – il y a toujours des rechutes -, la vie n’en demeure pas moins le contraire d’un long fleuve tranquille. Et pour grandir, gagner en maturité, encore faut-il avoir été enfant. Une étape qui, semble-t-il, a été zappée par la jeune fille. Par cause de trop de méfiance. Heureusement, comme son histoire se passe dans un monde de conte de fées (bizarres, il est vrai), elle se voit offrir une seconde chance de rattraper le temps perdu. Mais ce ne sera pas gratuit.

Résumé de l’éditeur : Tandis qu’Épiphanie fête son anniversaire avec ses parents « Chez Pépé Roni », au fil d’une conversation embarrassante, elle bascule à l’intérieur d’elle-même – dans l’autre monde ! Elle y retrouve, avec joie, certains de ses acolytes d’aventure ainsi que sa minuscule peur. Épiphanie a encore quelque chose à régler : elle va, en effet, devoir retomber en enfance… Commence alors une quête à la recherche du temps perdu qui passera par une virée dans un parc d’attractions, une salle de cinéma, une escapade dans sa chambre d’antan et un tour en balançoire…

« Flotter est la raison d’être des enfants, Épiphanie. Vous venez d’avoir neuf ans, il est temps de vous envoler, c’est ce que disent les feuilles de thé. Profondément générationnel, dans un monde où l’on croise une multitude de clins d’oeil à des oeuvres bien connues (Alice au pays des merveilles, Astroboy, Goldorak mais aussi Méliès, puisque la Lune règne sur le territoire des ombres qui foutent le frisson), Séverine Gauthier – Clément Lefèvre trouve toujours autant l’alchimie entre les clins d’oeil à profusion et une histoire originale pour de bon.

On ne guérit jamais de son enfance, en bien (on le souhaite) comme en mal, mais le plus terrible est de ne pas avoir su en profiter. D’être resté sur le banc de touche des rires et des chants, d’avoir de gré ou de force été mis à l’écart. On ne se construit pas tout seul mais à la sempiternelle question tournée comme un reproche « Tu ne nous as toujours pas dit quels amis tu voulais inviter à ta fête (d’anniversaire) », Épiphanie est soudain prise d’un malaise. Des amis, si ce n’est ceux du monde des rêves que ses parents ne voudraient pas voir, elle n’en a pas. Alors, elle se dématérialise, coule sous la table, disparaît de la surface pour compléter la quête; pas si achevée que ça au final, du tome 1. Maintenant qu’elle n’a plus peur – ça reste à voir -, elle doit rattraper le temps perdu que les démons lui ont volé.

Repassant de la lumière à l’obscurité, toujours aidé par le dessin confortable et polymorphe de Clément Lefèvre, les deux auteurs explorent un peu plus l’univers merveilleux qui peut aider Épiphanie à s’épanouir. Alliant la psychologie à la philosophie à hauteur d’enfants, le duo propose avant tout une grande aventure dont leur héroïne reste la seule pilote. En effet, plein d’autres portes pourraient être ouvertes, mais elle seule peut choisir celle dans laquelle elle s’engouffre. Quitte à être surprise voire même affolée, quand même. Le compromis est là, une certaine leçon de vie aussi. Parcourant tout ce qui porte et fait flotter l’imagination, du cinéma aux livres, en passant par les déguisements et les coffres à jouets trop vite oubliés, Gauthier-Lefèvre livre un spectacle étincelant, prenant et terriblement émouvant et formateur.

Titre: L’épouvantable peur d’Épiphanie Frayeur
Récit complet
Scénario: Séverine Gauthier
Dessin et couleurs: Clément Lefèvre (Sur Facebook: Clément Lefèvre)
Genre: Conte, Fantastique
Éditeur: Soleil
Collection: Métamorphose
Nbre de pages: 80
Prix: 17,95€
Date de sortie : le 07/10/2020
Extraits :