Family Life de Jacques Louis : avoir le coeur lourd n’empêche pas de se laisser porter par la vie, et d’en garder le meilleur, la chaleur

Ceci n’est pas une suite mais cela s’inscrit dans la continuité. Il y a quelques années, Jacques Louis signait, dans Spirou et deux albums, Le chômeur et sa belle. Une série prometteuse, autofictionnelle et colorée, quelque part entre le graphisme de Titeuf et des Simpson. Depuis, pas grand-chose. Jacques Louis nous avait manqué. Mais les années passant, comme le vide intersticiel entre les cases du Neuvième Art, le fils du Clou a grandi, et sa famille avec. Avec des grands moments mais aussi des drames. De la vie, quoi.

Résumé de l’éditeur : « Y’a rien de plus bordélique que d’écrire un livre : on bosse toute la journée, on est mal payé, incompris, on doit gérer le quotidien tout en réfléchissant à s’en perforer le cerveau du matin au soir. C’est le drame pour la vie sociale. Laissez-moi vous raconter… » Ainsi commence cette chronique d’un trentenaire, jeune père de famille, qui n’arrive plus à exercer son métier (d’auteur de bande dessinée) après le décès d’un être proche.

© Jacques Louis chez Dupuis

Le temps a passé mais rien n’a érodé le pouvoir créateur, nourri par le réel, de Jacques Louis. Dans Family Life, à l’Italienne, Jacques Louis, l’ex-chômeur et sa toujours belle, leurs deux petites filles (Mélanie, d’abord, puis Cathy, toutes deux douées pour écourter les galipettes du samedi matin, tue-l’amour pour mieux le faire redoubler, le rendre infini), vivent le quotidien. Le quotidien pas forcément banal quand il est nourri de sens, d’émotions, de projets et de souvenirs. Chez les Louis, tout se passe case à case, pas à pas. Quitte à parfois reculer, à trébucher. On ne se refait pas. Sur les marches de la vie, on tombe parfois ou on doit quelquefois monter seul plus haut. Se construire sans rien oublier.

© Jacques Louis

Dans Family Life, bien plus qu’en filigranes, il y a un frère trop tôt parti et dont la disparition continue de mettre au tapis Jacques. Parce qu’il n’y arrive pas, qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être fort, partout, tout le temps. Fort, il l’est au crayon mais aussi dans l’intensité et l’authenticité des saynètes qu’il réanime et rend immortelles, même dans la douleur. Heureusement, il y a dans sa maison une petite troupe pas résolue à laisser papa se morfondre. Ce n’est pas deux filles qu’il élève avec sa femme, c’est Jurassic Park ! Plutôt deux fois qu’un dans des gags, il est vrai, un peu redondants mais irrésistibles. Puis, dans la ménagerie, il y a aussi Jack le lapin éventreur.

© Jacques Louis chez Dupuis

Chroniquant sa vie de famille, ses hauts et ses bas, élargissant le cercle à des grands-parents si touchants, Jacques Louis signe un album sensible, perdant les couleurs détonantes des débuts pour y aller par petites touches, avec encore plus d’allure et une bonhomie salvatrice dans les drôles d’époques que nous traversons. Coup de coeur indéniable.

© Jacques Louis chez Dupuis

Titre : Family Life

Recueil d’histoires courtes

Scénario, dessin et couleurs : Jacques Louis

Genre : Chronique familiale, Drame, Humour

Éditeur : Dupuis

Nbre de pages : 96

Prix : 13,50€

Date de sortie : le 28/08/2020

Extraits : 

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