Il fait encore chaud pour penser à l’hiver mais dans les pages soufflées par nos ventilateurs, c’est dans la chaleur d’un foyer où il fait bon vivre que Eloisa Scichilone, avec la complicité de Mauro Gandini, nous emmène. Bon, ne regardez pas au désordre, il n’y a pas que les poils que les cinq chats, pas aristos, laissent traîner. Boules d’amour, un peu pot de colle, qu’ils sont mais qui aident à traverser les journées avec malice et douceur. En 152 planches, voici le récit d’une journée comme les autres, intimes mais pas banales. Et si vous êtes sages jusque-là, on vous parlera de Putain de Chat de Lapuss, en compagnie de ses Cat’valiers de l’Apocalypse.

Nous vivons chez nos chats mais ils nous le rendent bien
Résumé de l’éditeur : En pleine campagne italienne, Le quotidien d’un couple, entouré de ses cinq chats révélera les joies et les douleurs de la vie de chacun. Dans une maison bien chauffée au cœur de l’hiver en Italie, Elo et son compagnon essaient tant bien que mal d’avoir un enfant. Il est difficile pour eux d’avoir des moments d’intimité avec leurs cinq chats qui se baladent partout et tout le temps. Ils réclament à manger ou cherchent à obtenir toute l’attention possible. Ils sont pires que des enfants mais ils sont tellement attachants aussi. Cette journée égrènera les attentes, les espoirs et confrontera le couple à la perte d’un être cher et d’un des chats. Les facéties des chats redonnent le sourire au couple, les chats vont animer et articuler toute cette journée faite de drames et de sourires…

Attachiants, voilà un néologisme qui convient parfaitement à cette boule de poils qu’est le chat. Du genre à renverser le lait que tu viens de leur verser avec délicatesse ou à vouloir rentrer par la fenêtre quand tu leur ouvres la porte. Sans parler des cadavres ramenés depuis le terrain vague ou de la gamelle du chien dans laquelle il fait son stock de croquettes rapinées. Heureusement, ce ne sont pas celles-là qui le feront aboyer. Les miaulements partagés avec les ronronnements, c’est bien comme ça. Moi, j’aime les animaux mais je n’étais pas très chat, plutôt chien. Au petit bonheur la chance et pour contenter l’insistance de Madame (oh je n’ai pas mis longtemps à craquer), nous avons donc adopté un petit roux et blanc, pour aller de pair avec le border blanc et noir.

Pas de chien à l’horizon chez Elo, mais bien une ribambelle de chats, chacun avec son caractère et ses petites ou sales habitudes. Il y en a de tous les âges, tous nécessitant l’attention, par leur propension à se faire remarquer ou, justement, à se faire oublier. Il y a Verdicchio, Pussié, Zoé, Mayo et le pépère mal en point Jar. Tous autant qu’ils sont, au coin du feu ou dès le réveil (qu’ils provoquent), les félins mettent de la vie dans cette maison qui souffle le chaud et le froid. Elo essaie d’avoir un enfant. Sa bataille. Ça n’a pas voulu jusqu’ici. Puis, il y a la maladie qui rôde dans l’entourage du jeune couple. Oui, il y a des crises de larmes, des défaites, des coups de blues que les queues tournoyantes des matous tentent de chasser au loin. Et ça marche !


Cinq chats à la maison, ce n’était pas assez pour passer l’envie à Eloisa Scichilone (qui a travaillé pour Disney Italie, et ça se sent) d’en dessiner encore et encore. Des centaines, au fil des planches de ce roman graphique emballant, simple et touchant. Si l’emballage est bel et bien un livre, avec un fil narratif pour nous plonger dans une vie type d’une vie à sept (deux humains et cinq chats, et les absents), c’est dans une sorte de carnet de croquis qui s’animeraient que l’auteure italienne nous surprend.


Faisant l’économie des cases et des phylactères mais jouant avec les couleurs des pages pour les teinter d’émotions (ça, c’est l’oeuvre de Mauro Gandini), de son trait rond, des étreintes de son crayon, Eloisa ne raconte rien, d’extraordinaire du moins, mais c’est déjà beaucoup. Inébranlable témoignage d’affection et de reconnaissance à des petites bêtes espiègles et insaisissables qui n’ont pas leur pareil pour mettre du baume au coeur. Free Hugs, même avec une langue râpeuse.

Putain de chat: je vis (séquestré) chez mes chats

Résumé de l’éditeur : La vérité sur les chats enfin révélée! Vous aimez les chats? Ils sont mignons, joueurs et espiègles, et leurs yeux sont remplis de malice quand ils vous réclament une caresse ou des croquettes. En apparence seulement, car un funeste dessein les ronge au plus profond de leur âme et seul votre malheur les intéresse. Au péril de sa vie, Lapuss’ vous dévoile enfin ce qu’il se passe dans la tête de l’animal le plus maléfique de la création : Le chat. Faite attention à vous!

Les yeux sont le miroir de l’âme, dit-on… Ça ne se vérifie pas toujours. Ayant bien compris le concept du regard craquant des minous sur lesquels on s’attendrit, Lapuss livre la sixième fournée de ses tranches de vie en compagnie de trois meilleurs amis ennemis de l’homme. La couverture fait toujours la part belle à un joli regard félin, profond et riche, mais cachant bien son jeu. Le lecteur ne le sait pas encore, à moins d’être averti et d’avoir dévoré les cinq tomes précédents, mais il se trouve là les yeux dans les yeux avec le démon. Celui qui est bagarreur, éventre les poubelles et fait tourner son humain en bourrique… Humain à moins que cela ne soit sa souris ? Son esclave en tout cas.

Noir sur blanc, blanc sur noir, quatre ans et près de 250 pages de gags après sa première publication livresque (l’aventure avait commencé en buzz sur les réseaux sociaux), Lapuss n’a pas fait le tour du sujet. Entre fantasme et réalité, usant du minimalisme qui fait sa force. Et en parlant de Force, ne doutant de rien, les chats lui ont même dézingué sa collection de vaisseaux galactiques.

Avec les catswalkers, tu l’as dans le LUC Lapuss. Entre Nacho, le chat hispanique, Goliath le borgne chef de gang, Grisbi la diva… Lapuss s’amuse (même si ça fait mal, parfois) et nous amuse par son ton complètement libre (quitte à reprendre un gag qu’on lui a refusé dans Comme des bêtes, lui qui a tant aimé Ozone), provocateur et sans limite. Ce livre, c’est un peu sa thérapie, sa séance chez le psy pour livrer tout de sa vie séquestrée par des terroristes à quatre pattes. Jusqu’à une dernière case, comme une échappatoire, qui pourrait, sans doute, dans le prochain tome, inverser le rapport de force.

Titre : Nous vivons chez nos chats
Récit complet
Scénario : Eloisa Scichilone et Mauro Gandini
Dessin : Eloisa Scichilone
Couleurs : Mauro Gandini
Traduction : Simona Maccaroni
Genre : Autobiographie, Chronique, Drame, Roman Graphique
Éditeur : Marabulles
Collection : Biopic et roman graphique
Nbre de pages : 160
Prix : 17,95€
Date de sortie : le 13/11/2019
Extraits :
Série : Putain de chat
Tome : 6
Recueil de gags
Scénario et dessin : Lapuss
Noir et blanc
Genre : Humour
Éditeur : Kennes
Nbre de pages : 64
Prix : 8€
Date de sortie : le 17/06/2020
Extraits :
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