Trois ans après Le Grand A, à Hénin-Beaumont, décryptant l’arrivée, l’acceptation ou le refus d’un grand magasin, le duo Xavier Bétaucourt-Jean-Luc Loyer se reforme pour amener encore un peu plus loin sa fibre sociale et humaine, avec du coeur à l’ouvrage et aux rencontres pour raconter l’épopée du Louvre-Lens telle que vécue par des badauds de caractère.
En ces temps de pandémie et de confinement, l’envie sera grande de se procurer de bonnes lectures. Épanchez la seulement ! Mais privilégiez les commandes en ligne auprès de vos libraires habituels plutôt que d’un célèbre géant du web. Vous pouvez vous rendre sur ce site, par exemple => www.lalibrairie.com.

Résumé de l’éditeur : « Il ne faut pas oublier que c’est le territoire tout entier qui a fait le Louvre-Lens.» Décembre 2009 : La première pierre du Louvre-Lens est posée, à 198 kilomètres de la pyramide du Louvre. Décembre 2012 : Le musée du Louvre-Lens est inauguré. Décembre 2017 : Il fête ses 5 ans et comptabilise déjà 2,8 millions de visiteurs. Décembre 2019 : Il célébrera ses 10 ans d’implantation sur le territoire et dans les esprits.

Sortir de terre, quel beau titre, tant il renvoie à une diversité de significations en parfaite adéquation avec ce que renferme ce roman graphique. Parce que sortir de terre, il faut le faire, il faut la pousser cette terre, mettre la résistance de son côté, sans trop ébouler les choses. Car amener un mastodonte, ersatz d’une pyramide en verre, au pays des pyramides de terrils, c’était un pari. Capable de changer durablement le visage d’une région et la manière qu’ont les habitants de s’approprier l’espace géographique et social. Parce qu’il n’y aura peut-être plus de places pour se garer, qu’on ne pourra plus se garer, que les touristes vont nous écraser et qu’on ira de toute façon pas visiter ce musée, de toute façon.
En huit chapitres variant sur la notion de terre, son symbolisme et son omniprésence, les deux auteurs ont pris de la hauteur sur la couverture mais ont aussi su rester terre-à-terre, au niveau des anonymes forts en gueule et en voix, qui amènent de la richesse aux échanges.

Au fil des pages, déconstruisant avec simplicité les préjugés et les peurs (bien normales, finalement) évoqués ci-dessus, Bétaucourt et Loyer évoquent le quotidien « à 198 kilomètres de la pyramide », là où les journalistes de la ville viennent voir les souris des champs en les considérant comme des inaptes culturels. Alors que Lens et ses environs composent juste « la région où il y a le plus de structures culturelles en France ». Et à vue de nez et de terrils, ça n’a pas toujours été Zola. Avec légèreté, notre duo de documentaristes dessinés restitue l’histoire loin des idées préconçues qu’on en a.

Impossible aussi de ne pas évoquer le football qui se marie étonnamment bien avec le monde de différence muséal. Pour preuve, pour fidéliser le public et lui montrer ce qu’il ne voulait pas franchement voir, l’équipe du Louvre Lens a reçu les « voisins » comme des rois, leur offrant même des places pour un match tant attendu. Ici, la culture se construit ensemble, dans une même direction. Certains promoteurs immobiliers qui imposent par suprématie leurs projets devraient en prendre de la graine.

Entre facettes et portraits, Bétaucourt et Loyer, avec des couleurs parcimonieuses sur des décors monochromes, ont fait un joli boulot, se laissant porter pour brosser les contours d’un Musée sans jamais vraiment y entrer. Mais en donnant l’envie de parcourir cette région riche et solidaire.
En ces temps de confinement, le Louvre-Lens vient à vous grâce à ce Tumblr. Bonne visite.
Récit complet
Scénario: Xavier Bétaucourt
Dessin et couleurs: Jean-Luc Loyer
Genre: Chronique sociale, Enquête, Histoire
Éditeur: Éditions de la Gouttière
Nbre de pages: 144
Prix: 15€
Date de sortie: le 10/05/2019
Extraits:
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