On ne voit que leurs pouvoirs et leurs capacités hors normes mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Nos Super Héros souffrent dans leur chair mais aussi dans leur tête La psychologie humaine est déjà très compliquée. Mais quand il s’agit d’un extraterrestre échangé dans son enfance, torturé et sensé commander les armées de son pays d’adoption pour détruire son peuple de naissance (vous suivez?), pensez bien que son esprit est au bord de l’explosion.
Résumé: Elevé sur Apokolips, planète-usine sous le règne de l’implacable Darkseid, Scott Free réussit l’impensable: échapper à ses geôlier pour rejoindre la terre où il rencontra son mentor, un artiste de l’évasion officiant sous l’alias de Mister Miracle dont il reprendra l’identité. Depuis, aucun barreau, aucune entrave, aucune prison ne put retenir prisonnier Mister Miracle, symbole d’une liberté retrouvée. Mais que se passe t-il lorsque l’artiste de l’évasion ultime se trouve aux prises avec une nouvelle forme de captivité: la dépression.
Scott Free, après s’être évadé de sa prison, la planète ApoKolips, rejoint la Terre et la Justice League. Croulant sous ses responsabilités de mari, de père et de super héros, il va tenter une dernière évasion périlleuse, s’échapper de son esprit. Mais cette prison semble le tenir en échec, lui le roi de l’escapade a enfin trouvé sa kryptonite: elle se nomme… Dépression. Suivons notre justicier dans une longue descente dans la psyché héroïque et découvrons l’envers des Supers.
Personnage créé par Jack Kirby, il est brillamment repris ici par Tom King et Mitch Gerads. Tom King, ancien agent de la CIA, s’est fait connaitre en 2012 en sortant un roman illustré A Once Crowded Sky. Il est le scénariste de la mini série Sheriff of Babylon. Il travaille pour le moments sur Batman Rebirth. Mitch Gerads est un illustrateur réaliste, il avait déjà travaillé avec Tom King sur la série Sheriff of Babylon.
Graphiquement, c’est du lourd. On est sur un dessin très réaliste qui fourmille d’effets et de clins d’oeil. Toutes les cases on la même dimension. Les couleurs parfois criardes nourrissent le scénario et la psychologie troublée de Mr Miracle. Les scènes de combats ne sont pas des plus spectaculaires mais ont le mérite d’exister et de rythmer le récit. L’essentiel est ailleurs. Les décors ne sont pas des plus variés mais ils permettent de mettre l’accent sur les personnages. Les cases floues nous donnent l’impression de regarder une vieille télévision aux images déformées et on ressent presque le mal-être du personnage. Certaines cases pourraient s’apparenter à du pop art. C’est sublime. Il y a aussi plein de clins d’oeil à la Ligue de la Justice soit par les t-shirts que Scott porte ou par des petites décos.
Le scénario reprend l’histoire de Scott Free depuis son départ pour Akopolis et son enfance, torturé par son père adoptif et ses sbires. Nous le suivons également dans son travail de super dans la bataille qui oppose Darkseid et le Haut-Père. Mais ce n’est pas le plus intéressant dans l’histoire. On retrouve, sous son masque, une personne fragilisée par les conflits, par l’hostilité de son environnement, sa vie de couple et surtout sa future paternité. Toutes les choses qui font que son quotidien devient anxiogène. On le voit perdre pied, il prend de plus en plus de risques, il parle avec des hallucinations, bref une grave crise se prépare. Parler du suicide n’est pas chose facile mais nos artistes nous prouvent que même les gens hors du commun peuvent tomber tellement loin dans la dépression qu’ils ne trouvent pas d’autres solutions.
On découvre dans cet album, un aspect différent de l’univers du comics, un côté. En effet; nos chevaliers protecteurs ont une vie tellement dure et solitaire qu’il est parfois difficile de trouver des choses positives. Car la quête du bonheur est le Saint Graal de beaucoup de nos héros. Convoité, courtisé mais rarement atteint par les supers. Je dois dire que j’ai du le lire deux fois pour comprendre la qualité du scénario et me l’approprier. Je restais sur mes bases classiques de super héros qui se bastonnent à tout-va contre des super vilains pour sauver notre planète de la destruction. Ici on parle de sauver l’intégrité mentale d’un homme. Et c’est là que notre duo fait fort. Ils ont d’ailleurs reçu deux récompenses pour cette oeuvre (deux Eisner Awards). Vous ne resterez pas indifférent face ce Mr Miracle car il réussit une épreuve de force, s’échapper du monde des comics pour nous montrer toute sa fragilité humaine.
Urban Comics nous livre un album à l’impression parfaite et une belle mise en valeur des couleurs utilisées par les artistes.
Scénario: Tom King
Dessin et couleurs : Mitch Gerads
Traduction: Jérôme Wicky
Genre: Comics
Éditeur: Urban Comics
Nbre de pages: 264
Prix: 28€
Date de sortie: 31 mai 2019
Pas du tout aimé le shérif of babylon et j’ai capitulé avec DC mais je dois dire qu’un simple feuilletage de Mister Miracle m’a fortement donné envie de le lire…