Heilung était en concert dans la grande salle de l’Ancienne Belgique, dimanche dernier. Retour sur un concert évènement exceptionnel qui a subjugué, et fortement marqué les esprits.
Groupe folk expérimental composé de membres originaires d’Allemagne, de Norvège et du Danemark, Heilung naît en 2014 de la rencontre entre Kai Uwe Faust, tatoueur de son état, et de deux musiciens, Christopher Juul et Maria Franz du trio Songleikr et du groupe rock progressif Euzen.
Basée sur des textes présents sur des artéfacts de l’âge du fer et de l’époque viking, les membres du groupe définissent leur musique de la manière suivante : “Heilung is amplified history from early medieval northern Europe and should not be mistaken for a modern political or religious statement of any kind.” Le message est clair.
Groupe totalement atypique et unique dans le concept qu’il propose, Heilung s’est très vite constitué un nombreux public de passionnés, public qui remplit aujourd’hui les travées d’une AB qui affiche complet depuis des mois.
Il est 20h30 lorsque la salle plongée dans la pénombre et dans le silence, excepté quelques chants d’oiseaux et des bruits de forêt provenant de la sono, retient son souffle. Le concert démarre et on est plongé immédiatement dans une expérience chamanique sonore et visuelle qui se veut envoûtante de la première à la dernière note. Une sorte de voyage intérieur qui nous replonge dans l’esprit de nos ancêtres par le biais d’une musique qui s’adresse tant au corps qu’à l’âme.
De temps à autre, du public, s’élèvent d’ailleurs des cris primaires…
Remember, that we all are brothers
All people, beasts, trees and stone and wind
We all descend from the one great beingThat was always there
Before people lived and named it
Before the first seed sprouted
Les membres du groupe sont là sur scène, cornus, vêtus de costumes primaires mais néanmoins sophistiqués, amenant très vite le public dans leur voyage par leurs chants et la répétition de leurs percussions tribales cadencées. Les os claquent, les tambours résonnent, le ravanhatta fascine, tandis que que la voix vibrante de Franz, le chant diphonique de Faust et le chant chuchoté de Juul font le reste. Les danses se transforment en transes, tandis que les lances frappent le sol et qu’une épaisse fumée blanche rajoute au spectacle une note mystérieuse supplémentaire.
Bien vite, le public ne fait plus qu’un avec les artistes sur scène, fasciné par un tel spectacle qui nous ramène à nos origines, à nos ancêtres. Nous devenons tous les témoins privilégiés d’une cérémonie païenne dont les effluves qui s’en échappent nous remuent psychiquement et viscéralement.
Une performance de Heilung se veut être plus qu’un concert, c’est une expérience unique dont les vibrations primales marquent le spectateur à jamais, et scarifient son esprit au point de le rendre dépendant à cette musique. Heilung signifie guérison en allemand, et il est vrai qu’on se sent apaisé au terme de ce voyage parfois turbulent, mais totalement magique.
C’est beau, c’est fort, c’est perturbant et envoûtant, c’est Heilung ! Un des spectacles les plus énormes et fascinants auquel j’ai pu assister dans ma vie…
Jean-Pierre Vanderlinden
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