Figures emblématiques de la bande dessinée (mais pas que) jeunesse et campagnarde, Sylvain et Sylvette portent leurs 70 ans passés (et autant d’albums, même plus). Héros créés par Maurice Cuvillier, que Jean-Louis Pesch a fait entrer dans l’immortalité, les voilà qui se préparent à changer une nouvelle fois de mains, non sans avoir porté une nouvelle fois un regard sur le monde actuel.

Résumé de l’éditeur: Subjugués par les promesses de gloire et de bons repas du Marquis d’Escampette, les Compères disparaissent sans avertir personne. Si cela conviendrait plutôt à Sylvette, son frère Sylvain décide cependant de partir à leur recherche.

Ce 64e tome de la série régulière fait donc longtemps la part belle aux compères, ces animaux de la forêt ennemis et parfois alliés de nos frère et soeur. Puisqu’il faut bien gagner sa croute et pourquoi pas y allier l’agréable que peut procurer la célébrité, le quatuor (le loup, le renard, l’ours et le sanglier) se laisse embarquer dans une aventure circassienne. Soi-disant pour leurs qualités musicales alors que, à travers le troisième mur et celui du son, on sent bien que ces quatre-là ne sont pas de Brême. Des brêles plutôt. En pleine embrouille.

Alors qu’Albaire signe pour la première fois les dessins sur un scénario de Jean-Louis Pesch qui s’apprête à tirer sa révérence pour l’aspect BD (il continuera les livres jeunesse), il faut seize planches pour voir intervenir les deux héros ramenés à des personnages secondaires. Et ce n’est pas gênant, on voit tellement d’histoires où le héros se sent obligé d’être omniprésent. D’autant plus qu’ici, les héros sont deux, de motivations et de tempéraments différents, ainsi Sylvain n’écoute que son coeur et entend sauver les hurluberlus. Sylvette, elle, crie au bon débarras. Et son bétail avec.

Autant l’entrée en scène de S&S met un peu de temps à arriver, autant l’opération sauvetage se déroule de manière assez simple. À tel point qu’en 32 planches, cette histoire où renard et consorts ont trouvé plus rusés qu’eux aurait pu être pliée. Mais les auteurs prolongent l’intrigue et pas forcément le plaisir, de manière un peu trop artificielle et longuette.

Pourtant, dans ce récit de bêtes sauvages amenées à devenir bêtes de foire, Pesch (qui pèche parfois à trop vouloir faire des liens avec les précédents albums de la série, too much) amène des bons sentiments et un éclairage sur nos mentalités appelées à changer. Il ne faut pas sacrifier la vie et l’instinct animal au seul divertissement. L’importance est au naturel. Ou dans les livres nourrissant l’imaginaire plutôt que devant des cages ou une piste de cirque. Au milieu des animaux, aussi désuets puissent-ils paraître, Sylvain et Sylvette sont des humanistes, au sens noble et universel du terme.

Tome : 64 – Les compères ont disparu
Scénario : Jean-Louis Pesch
Dessin et couleurs : Albaire
Genre : Aventure, Jeunesse
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 48
Prix : 10,95€
Date de sortie : le 23/08/2019
Un commentaire