« It’s gonna be legen… wait for it… dary ! It’s gonna be leZZZendary ! » Pour sa seconde chance, méritée, dans l’univers de Spirou, Munuera réussit haut-la-main, et guitare dans l’autre, la passe de trois avec Zorglub. L’emmenant dans les préoccupations modernes du monde des producteurs de spectacles, faire revivre les idoles passées en hologrammes notamment, et en mettant tout ça à sa sauce. En plus, il a trouvé l’amour avec un grand Z et même Elvizzzz. Love me tender.
À lire aussi | Huit ans plus tard, Munuera n’en a pas fini avec Spirou et offre une fille (et une série?) à… Zorglub (Preview)
À lire aussi | Munuera s’en prend à Zorglub, « un méchant qui ne l’est pas vraiment et ne se rend pas compte de la frontière entre le bien et le mal »
À lire aussi | James Bond a son M, si Zohnny English devait avoir un Z, ce serait Zorglub !

Résumé de l’éditeur: Lorsque Zorglub lui vend le clone d’Elvis Presley, le roi du rock, Kroutchov, oligarque russe, pense faire une bonne affaire. Mais c’était sans compter la roublardise du maître du Mal qui n’a pas complètement terminé sa machine à cloner. Alors quand le double d’Elvis en pleine reprise musicale se désagrège, le richissime homme d’affaires va mettre un contrat sur la tête de l’inventeur. Ce dernier est rentré s’occuper de Zandra et surtout il tente de trouver une solution à ce souci de clonage. Pour cela, il s’est littéralement multiplié par vingt ! Mais chacun de ses doubles semblent développer une part de lui-même bien précise. Le vingtième n’est d’ailleurs rien de moins que la vingtième : sa part féminine, ô combien redoutable, enfin incarnée !

Alors que certains voyaient venir avec anxiété les spin-off de Spirou et Fantasio, il y en a au moins un qui nous rassure toujours plus à chaque épisode. Zorglub. Respectant son esprit aussi génial que mauvais, à l’insu de son plein gré parfois, et faisant exploser sa propension à inventer pour le pire et pas souvent le meilleur, Jose Luis Munuera a parfaitement réussi à faire de l’ennemi juré de Champignac un vrai (anti-)héros d’une série rien qu’à lui. Ce qui n’était pas forcément gagné.

Et c’est vrai qu’il prend de la place, ce personnage. Après avoir scruté la relation de son vilain à sa fille, Zandra, puis à un concurrent, l’iconoclaste Espagnol se lance un défi de taille: faire le tour de cet employé du Moi. Me, myZelf et moi-même comme on dit. Ce troisième tome est une introspection par l’extrapolation. En cherchant le moyen de cloner et faire revivre Elvis Presley (séquence détonante à la clé dans la Mecque Graceland) pour satisfaire un mafieux russe qu’il va vite se mettre à dos (le King était pourri de l’intérieur), Zorglub en a profité pour se concocter une armée de jumeaux. Pour exécuter les basses tâches de son immense base, sans pour autant donner moins de labeur au robot Frédorg qui en a sa claque.


D’autant que les clones de Zorglub n’ont pas inventé la poudre. Chacun exacerbe en réalité une caractéristique de notre vilain bien aimé. C’est un peu les Zschtroumpf: il y a le grognon, le farceur, le déprimé… et même la Zchtroumpfette: Lady Z. Qui va vite devenir la daronne et faire porter la culotte à son Adam. La jumelle diabolique, qui n’est autre que la femme qui sommeille en lui, va provoquer le coup de foudre. Et alors que la lie de la Russie est aux trousses de Zorglub, la séduisante vilaine cache peut être bien son trouble-jeu et son agilité à mettre au tapis les musclors de la Mère-Patrie.


Inouï, ce troisième opus finit de laisser penser que Munuera est comme un gosse dans un magasin de jouets. Assemblant des idées graphiques autant qu’originales, le prodige espagnol ne se répète pas (enfin si, il réutilise le principe de la double-double-planche qui nous avait tant plu sur le précédent album) et emmène ses Elvis au milieu du chaos dans l’euphorie autant que la frénésie. Avec une bande-son forcément guitaristique.


Sans se dépareiller d’une petite pique lancée aux vieux de la vieille, les puristes, qui considèrent qu’il n’y a qu’une seule version, vision, sacrée et Franquignolesque de Zorglub. La vision de Munuera est non seulement rafraîchissante mais aussi utile. Et bien plus intéressante que le seul fun de façade. Plus loin que son personnage qui a tendance à s’auto-saboter en préférant le vite-fait-mal-fait, on sent toute l’importance que Jose Luis accorde à l’amour du travail bien fait.

Avec en prime, une conclusion gratuite mais rêvée qui risque bien de faire fantasmer les admirateurs des monstres sacrés de la musique moderne bien trop tôt disparus. Une jam d’enfer. Cet album est un nouveau rollercoaster. Elvis Bulgroz.
Série : Zorglub
Tome : 3 – Lady Z
D’après le personnage créé par Franquin et Greg
Scénario et dessin : José-Luis Munuera
Couleurs : Sedyas
Genre : Action, Humour, Science-fiction
Éditeur : Dupuis
Nbre de pages : 64
Prix : 10,95€
Date de sortie : le 13/09/2019
Extraits :