Du rap au reggae, Esperanzah! craque le plancher pour sa première journée !

Les juillettistes sont rentrés au pays, le mois d’août a déboulé tel un messie après la canicule, tandis que Floreffe et son abbaye se paraient de mille couleurs pour accueillir Esperanzah ! et ses milliers de festivaliers impatients. C’est peut-être la dernière fois que l’abbaye confiera ses murs au festival, mais pour l’heure, que la fête commence !

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©Julie Reumont

16 h. Après quelques gouttes de pluie inattendues, nous rejoignons le festival dans un flot discret de festivaliers. Si les campings sont en train de se remplir, le promontoire floreffois est encore bien calme. Quelques instants pour nous familiariser avec le programme, la nouvelle disposition des lieux — surtout repérer où se trouve l’incontournable village des saveurs — et nous voilà du côté du jardin pour rencontrer Delgres, premier artiste à ouvrir le bal. Entre Guadeloupe et Louisiane, Delgres est un trio habité par un blues incandescent et sans pareil. Formé quatre auparavant, le groupe a pris le nom du héros de la lutte contre l’esclavage, Louis Delgrès. Leur rock fait bien vite voyager le public clairsemé dans un décor lointain chargé d’une histoire ensanglantée. Ils chantent le respect et l’espoir, quoi de mieux pour démarrer une nouvelle édition d’Esperanzah ! ?

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Delgres ©Julie Reumont

Alors que nous redescendons vers la scène Futuro, une femme toute de blanc vêtue nous invite à accrocher nos rêves, pour le festival ou pour toute la vie, sur l’un des grands capteurs de rêves qu’elle porte sur son dos. Quelques curieux se prêtent au jeu pour émettre leurs souhaits. Sur les longues bandes blanches en tissu, on peut y lire quelques vœux comme être riche, rencontrer l’amour ou tout simplement être heureux !

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©Julie Reumont

Si les nuages glissent au-dessus de l’abbaye, le soleil s’apprête à percer en bas avec l’arrivée de Lord Esperanza, l’enfant du siècle. Après un show brûlant à Dour, il revient en Belgique, à Floreffe, comme un jeune prophète en ces contrées. La foule se presse devant la scène, prête à faire valser les codes, entre trap, pop et rap bien sûr ! Une découverte scénique et une énergie sans pareille qui ne peut qu’illuminer le public et ramener le soleil. Il vit ce qu’il rappe, il rappe ce qu’il vit !

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Lord Esperanza ©Julie Reumont
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Lord Esperanza © Benoît Demazy

Côté jardin, c’est un habitué du festival qui revient pour la troisième fois, un reggaeman acclamé nommé Danakil. Il a déserté ces derniers temps pour préparer son futur nouvel album, mais il ne pouvait manquer Esperanzah ! Il n’est pas venu seul, mais avec plusieurs stars de Baco Records, le label qu’il a créé. Sous des airs de grande célébration familiale, Danakil et ses acolytes vont chanter deux heures durant sous les acclamations d’un public survolté qui passera même à travers le plancher couvrant la fontaine. Du jamais vu !

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Danakil © Benoît Demazy

Nous rejoignons vite le ballodrôme, où nous nous réjouissons de découvrir (enfin !) sur scène, un quintet de rap namurois récemment encensé par les Inrocks. Difficile d’être passé à côté de Glauque tant ils ont fait parler d’eux en gagnant notamment le concours circuit ou du F dans le texte. Ces garçons-là ont un talent qui dépasse tous les carcans musicaux, oscillant entre rap et chant, électro, guitare et batterie, le tout joué en live, ce qui est rare lorsqu’il s’agit d’un concert de rap ! Les textes sont acérés, percutants, l’énergie est au rendez-vous, aussi sombre que belle. En écoutant Glauque, on entre dans un univers musical en expansion où l’on devine quelques influences allant des ovnis de Son Lux aux textes mordants d’Orelsan. Une découverte, à revoir sur scène, sans aucun doute !

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Glauque ©Julie Reumont

Sur la scène alpha, c’est Dub FX que nous rejoignons. Seule en scène, il nous vient tout droit d’Australie, armé de sa loopstation, de sa voix et d’une poignée de samples. Au programme : beat box, dubstep, psychédélique, trip hop, un savant mélange mixé de main de maître par l’Australien. Détonnant et engagé, l’artiste emballe le public dans la nuit tombante.

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Dub FX © Benoît Demazy

22 h 30. Il est déjà temps de remonter vers les jardins où la tête d’affiche de cette première journée s’apprête à nous rejoindre, quelque temps après un rendez-vous manqué pour cause de maladie. C’est le duo de sœurs, Ibeyi, qui va nous enchanter ce soir. À peine rejoignent-elles la scène que leurs douces voix nous emportent déjà loin dans leur univers où elles dénoncent le racisme ou les violences policières, tout en nous contant l’histoire de femmes indépendantes. The measure of any society is how it treats its women and girls, nous rappelle la voix de Michelle Obama, samplée dans une des créations des deux sœurs. Un concert à la fois délicat et ardent, un moment hors du temps à la découverte chansons-prières qui pourraient, si pas changer le monde, élever les esprits.

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Ibeyi ©Benoît Demazy

Il se fait déjà tard et pour nous, le temps du dernier show est venu pour nous avec Thylacine, DJ et saxophoniste. Son premier album nous transportait à bord du Transsibérien, son second opus nous emmenait en Argentine à bord d’une caravane. À Floreffe, minuit a sonné et l’heure est donc au voyage avec ce DJ-set qui sonne comme un périple au bout du monde. Musiques traditionnelles, charango, saxophone, rythmes hypnotiques, le tout s’entremêle aux projections visuelles fascinantes. Un bien beau voyage, de quoi clore en beauté une première journée nuageuse à l’énergie timide, mais aux belles découvertes !

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Ah oui, au fait, ça s’est terminé comme ça. C’était bien !

Par Alizée Seny, photos de Benoît Demazy et Julie Reumont

 

 

 

 

 

 

 

 

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