La préhistoire, nous aimerions tous y vivre ne fut-ce qu’une heure, voir comment c’était même si nous n’y survivrions sans doute pas. Et ça, Frnck peut vous le certifier : il a bien failli y passer. Lui, le gamin ultra-connecté, n’avait pas vraiment l’intention de visiter et même prolonger son séjour parmi ses ancêtres très éloignés. Une mauvaise chute dans une grotte en a décidé autrement et son aventure, jamais en manque d’actions rocambolesques et de retournements de situation, dure depuis cinq albums. Toujours plus loin, toujours plus fort.

À lire aussi | FRNCK : même en retrouvant des voyelles, l’homme moderne ne retrouve pas ses jeunes en pays préhisto !
À lire aussi | FRNCK #4: une éruption fait fusion du rire et de l’émotion, du début et de la fin

Résumé de l’éditeur : Suite à une éruption, toute la tribu s’est réfugiée sur un tronc d’arbre, embarcation de fortune, pour fuir la colère du volcan. Comme Franck est le dernier à avoir vu Léonard et Gargouille, tout le monde l’accuse de les avoir laissés mourir… Et il peut difficilement expliquer où ils sont passés. Franck n’a pas le temps de se remettre de toutes ces révélations qu’il est fait prisonnier par une tribu de cannibales dirigée par une cheffe cruelle dont la fille est une vieille connaissance de Franck…

Avec un premier cycle à la fin confondante, FRNCK et ses auteurs avaient intérêt à bien raccrocher les wagons pour continuer à mixer un indéniable esprit WTF avec une crédibilité à toute épreuve (même des flammes et de la lave). Et ça, ce n’était pas gagné. D’autant qu’en concluant leur premier arc de manière aussi puissante (on va essayer de ne rien vous dire si vous êtes assez fous pour ne pas encore l’avoir lu), les auteurs resserraient l’étau et complexifiaient fortement le champ de leurs possibles, imposant quelques nouvelles règles.

Pour être cohérent, sans oublier d’approfondir les questions restées ouvertes durant le premier cycle et socle de cette saga, notre anachronique héros et sa troupe (plus si joyeuse, l’heure est grave) lèvent le camp. Leur Eden a été dévasté et nos amis, toujours en tenue d’Ève ou presque, s’enfoncent un peu plus dans le territoire étendu que les auteurs leur offrent en terrain de jeu… et de mort.

Avec de l’eau, une jungle touffue, des cavernes et de quoi faire d’effroyables rencontres. Au menu : un monstre aquatique géant (bientôt dans Sharknado, 478e du nom), une meute de cannibales (même les bébés tout mignons choupinous) dont le coeur balance entre deux reines et un manchot à l’air salace qu’on dirait sorti de Seuls (bientôt un crossover ?). Et un rythme d’enfer, s’appuyant sur toute la sagacité de Brice Cossu et les contrastes de Yoann Guillo (qui, au détour d’une caverne morbide, retrouve des teintes déjà affirmées dans le terrible Obscurcia).


Et ça marche du tonnerre. Les auteurs élargissent l’horizon spatial mais aussi temporel. Et ce, notamment, via huit pages supplémentaires par rapport à la prépublication dans Spirou. Explications d’Olivier Bocquet: « Nous sommes sur des formats de 54 pages (même si le tome 4 en fait 56), et nous n’avions pas la place de mettre ce prologue dans l’album. Mais Brice et moi trouvions qu’il manquait vraiment. Nous avions besoin et envie de montrer ce qu’étaient devenus les deux personnages que le lecteur avait perdus dans le tome précédent, nous avions besoin d’un peu de tendresse dans ce début de cycle, si sombre par rapport aux albums précédents. Et comme il restait quelques mois avant l’impression, Brice a lancé: « et si nous demandions à Benoit Fripiat? » (notre éditeur chez Dupuis). Nous avons demandé… et avons eu l’accord en 15 secondes. Trop tard pour inclure ces pages dans la prépublication, mais dans les délais pour l’album ! En plus de nous faire plaisir, ça nous permet d’installer une cohérence, car chacun des albums du cycle 2 commencera par un prologue plus ou moins long qui élargira la perspective de l’histoire que nous racontons. »

Et c’est bien joué, une fois de plus. Car ce cinquième tome saisit complètement sa chance de « relance » de cette série déjà bien mise sur orbite, trouvant des arguments pour teaser la suite, sans spoiler, et ménager des surprises détonantes. On ne voit plus double mais triple et on n’en croit pas toujours nos yeux, c’est encore mieux. Un modèle du genre.

PS : En plus, pour célébrer ce nouveau cycle, pour cet été, Dupuis dégoupille les grands moyens et propose une offre découverte sur les quatre premiers tomes… à 3€.
Série : FRNCK
Tome : 5 – Cannibales
Scénario : Olivier Bocquet
Dessin : Brice Cossu
Couleurs : Yoann Guillo
Genre : Aventure, Fantastique, Humour
Éditeur : Dupuis
Nbre de pages : 64
Prix : 10,95 €
Date de sortie : le 14/06/2019