Souvenez-vous de cette musique entêtante, qui a traversé et résisté aux âges. Tututut tututut tutut… Take on me était un tube en puissance et mettait sur orbite un groupe nordique pop et new-wave dont on ne cesserait d’entendre parler. Temps béni des clips accrocheur, ce milieu des années 80 voyait ainsi déferler celui de cette chanson qui crevait les ondes et dont les images crevaient les cases. Depuis le début, a-ha était intimement lié au Neuvième Art. Celui-là même qui organise le match retour dans Venus Pop, un one-shot hispanique de Hernan Migoya et Man qui soufflent le chaud et le froid (forcément entre l’Espagne et la Norvège) sur un monde de la musique vicieux et vicié.

Résumé de l’éditeur : Laura est une jeune chanteuse qui se bat pour devenir une nouvelle icône de la pop musique. Elle est jeune, talentueuse et de bonne composition, mais la direction que prend sa carrière- –aux mains de sa manager Dita – lui pose problème : son groupe The Venuses est juste un moyen de séduire les masses pour l’industrie de la musique.
Régulièrement, dans ma discothèque, je vais piocher l’un ou l’autre album pop, indémodable et mésestimé au fil des décennies du band norvégien a-ha qui a dépassé depuis longtemps le cap de ses tubes les plus radiophoniques.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir Morten Harket , son chanteur emblématique, magnétique et mystérieux dans Venus Pop de Hernan Migoya et Man. Dans un second rôle marquant et sage (quoique…), cultivant le mythe et l’investiguant peut-être un rien de trop.

Car, dans cette histoire, s’il faut que tous les astres soient au beau fixe pour percer dans la musique, que tout peut paraître trop beau et magique, pour y rester et faire carrière, il faut parfois se méfier du loup déjà dans la bergerie. Summer will move on.
« This is a lonely night
And I’ve hurt you baby
Because you are my light
Make me strong
Just like you make me weak
When your hands reach out for me
Even in your sleep
I’ll soon be gone now
Forever not yours
It won’t be long now
Forever not yours » (A-Ha)

Effets spéciaux (parfois non prémédités) et foule en délire, avec son girlband The Venuses, Venus commence à avoir une petite notoriété, sans pour autant être la reine à durée indéterminée des Charts.

Mais sa chance pourrait bien encore plus tourner quand, simultanément, apparaissent dans sa vie son idole de toujours, Morten Harket , et la star du moment Lindsay Nottingham, un singer sexy engagé dans toutes les belles causes et vendant des albums à la pelle. Deux modèles, pourtant il ne faut en choisir qu’un. Les deux hommes s’intéressent à la chanteuse et entendent bien l’aider à composer son nouvel album. Et plus si affinités.

Autour du monde ou dans le cocon insensible des people médiatisés dans la presse à scandale, s’entremêle alors un chassé-croisé professionnel et intime où les apparences peuvent tromper.
L’air de rien, les deux auteurs Espagnols décryptent pas mal de choses du monde de la musique. La vie rêvée des stars et leur vie réelle, les petits arrangements pour vendre plus au détriment des sensibilités et des envies, le toc et le mensonge, les règles du commerce qui prime sur l’art (un artiste mort vend et vaut mieux que deux vivants tu en auras)…

De son style singulier, cinglant, Man quitte l’obscurité de ses précédentes oeuvres (Millenium, l’incroyable El Boxeador) pour trouver une esthétique bubble gum (et très pop pour traiter le seul flash-back de l’album), plus lumineuse sans jamais côté un fond sombre, et mixer esprit franco-belge, comics et manga. Et a-ha, donc, qui après avoir prouvé qu’il était « cast in steel » montre que, fondu dans le crayon, il joue très bien aussi, de manière sincère et porteuse. The sun always shines on… BD.
Récit complet
Scénario : Hernan Migoya
Dessin et couleurs : Man
Traduction : Charlotte Henry
Genre: Psychologique, Thriller
Éditeur: Éditions du Long Bec
Nbre de pages: 46
Prix: 15,05€
Date de sortie: le 17/04/2019
Extraits :