Ce mardi soir, aux Nuits Botanique, le concert de Bertrand Belin affichait complet, et au vu de ce que nous a montré le Français sur scène, on a très vite compris pourquoi.

Orangerie du Botanique, 19h30, les portes s’ouvrent et les premiers spectateurs se ruent vers le bord de scène, votre serviteur en tête. Eh oui, cette fois pas de photographe avec moi, je dois shooter et ramener de quoi illustrer cet article. Me voilà positionné, les hostilités peuvent commencer.
C’est Chance qui ouvre la soirée. Le chanteur belge, né Antoine Geluck, qui a désormais renoncé à son prénom et dont le célèbre papa continue à nous faire bien rire avec son félin préféré, a désormais un style qui lui est propre et développe une pop rock francophone inspirée.
C’est léger et agréable et notre homme est fort sympathique. On passe donc un beau moment à l’écoute de ces 10 titres dont le dernier, « Trouble », fera bien bouger la salle.
Juste le temps de procéder au changement de matos sur scène, et voici que, sur le coup de 21h, les lumières s’éteignent et Bertrand Belin et ses musiciens déboulent sur scène.

Dès les premiers instants du concert, le poète témoigne d’un charisme certain et démarre avec « Bec » dont le texte se traduit par peu de mots répétés de façon entêtante. Belin, dandy à la voix grave, auteur-compositeur-interprète, se transforme sur scène en un performer totalement habité dont l’univers musical et poétique se déploie sous nos yeux.

Il nous cueille et ne nous lâche plus durant nonante minutes totalement envoûtantes où l’artiste déploie ses ailes et balance son rock brûlant alternant avec bonheur passages frénétiques et ambiances plus apaisées.

Au passage, on reconnait « Bronze », « Sur le cul », « Glissé Redressé », « L’Opéra », une formidable version de « Grand Duc », « De Corps et d’Esprit », « Hypernuit », « Camarade » et bien d’autres titres tout aussi épatants.

Dans la mouvance de feu Alain Bashung ou d’un Thiéfaine, Belin fait du Belin et a construit au fil des ans son propre chemin indépendant de toute comparaison.

Au détour de ses chansons crépusculaires au désespoir sublimé, élégant et cinglant, Bertrand Belin renouvelle un rock français alternatif intelligent avec panache et sincérité.
Après sa prestation mémorable de lecture du journal de Nathan Adler et deux titres interprétés en compagnie de Stef Kamil Carlens, il y a quelques mois au Théâtre National dans le cadre du spectacle de Renaud Cojo Low/Heroes en hommage à David Bowie/Philip Glass avec le Belgian National Orchestra, Belin nous a cette fois envoûté avec son propre univers.
Hier soir, l’Orangerie a assisté à une énorme concert d’un artiste de premier ordre dont on n’a pas fini de parler. Tout simplement géant !
Jean-Pierre Vanderlinden