Du Huitième au Neuvième art, « La Minute Belge, c’est l’enfant des Monsieur Manatane et autres Snuls, on ne se prend tellement pas au sérieux que cela donne une grande liberté de ton »

La Minute Belge, vous la connaissez ? Le poil-à-gratter qui vous ferait avaler le dico des belgicismes à toute allure tant la moustache du Belge frétille et qu’il a toujours le bon mot pour rire. La Minute, elle devient des heures sous le plaisir addictif de ces capsules qu’ont goupillé Fabrice Armand, Dimitri Ryelandt et Mehdi Dewalle. Et quitte à ne pas freiner l’hémorragie de ce langage imagé, délirant et savoureux, voilà que La Minute Belge élargit son public et a trouvé dans le Neuvième Art, une expression complémentaire. Pas la dernière. Rencontre avec l’un des deux auteurs, Fabrice Armand, et le dessinateur, Mehdi Dewalle.

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Bonjour Mehdi, bonjour Fabrice, ça fait déjà quelques années que vous êtes « dans le circuit » et La Minute Belge est sans doute l’une de vos plus belles réalisations. Qui êtes-vous ?

Fabrice : Je suis né à Bruxelles mais suis d’origine française. J’ai reçu une éducation franco-française tout en étant sensible aux belgicismes. D’ailleurs, je me revendique belge, je ne suis français que de papiers. Je voulais faire quelque chose de ces expressions qui n’avaient pas traversé la frontière, les faire découvrir à mes amis français. C’est ce qui m’a mis sur la piste de la Minute Belge.

Mehdi : Moi, je suis belge. Cela fait dix ans, depuis le mois de novembre 2008, que je me suis lancé professionnellement dans le monde du dessin. A priori, dans la pub. Maintenant, le champ s’élargit.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Revenons-y, Mehdi. Vous vous êtes mis à dessiner suite à de lourds problèmes de santé durant votre enfance qui vous éloignaient des bancs de l’école. L’animation, c’était ce que vous visiez dès le départ ? Pas la BD ?

Mehdi : Je n’ai jamais vraiment eu d’objectif, encore moins en matière de BD. J’ai laissé venir les occasions, je crois que le dessin fait se croiser les gens. Alors, je me suis aventuré dans le monde de la pub. Partenamut, c’est sans doute la pub que j’ai réalisée qui a le mieux marché. Un mix de film et d’animé. Mais des pubs, j’en ai fait tout plein. J’aime le style cartoon, les demandes humoristiques. Je crois que ce sont les pubs rigolotes qui ont le plus de chances de marquer.

Le seul truc pour lequel j’ai postulé en bonne et due forme, ce sont les blagues du Grand Cactus. Pour chaque émission, je prépare trois sujets, à raison de six dessins par thème. Pas juste du Belge. Ce sont des contrats qui se renouvellent. Là, je suis parti jusqu’à la fin de la saison, en juin. Mine de rien, ces blagues m’apportent une certaine visibilité.

Je mens, j’ai aussi postulé à une offre informelle de Yann Moix, qui cherchait un dessinateur pour sa nouvelle émission, Chez Moix, sur Paris-Première. Il avait juste répondu : « Votre numéro ? » Bon, il ne m’a jamais appelé. La loose. (Il rit) Dommage, ça m’aurait aidé à vendre plus.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Tout vient à point à qui sait attendre. Et La minute belge est plutôt bien partie! Comment est-elle née en dessin ?

Fabrice : À partir du moment où nous voulions en faire une série, le format court tombait sous le sens. Et l’animation aussi ! Car elle est universelle, elle permet d’être plus ou moins vierge de tout, de ne pas être marqué plus par un acteur que le personnage que celui-ci interprète. C’est moins dirigé, en fait. La Minute belge, c’est aussi l’enfant de ses prédécesseurs, les Monsieur Manatane, les Snuls. Nous sommes tous les trois des enfants de la pub à la belge, aussi. La BD nous a nourri aussi, sans conteste.

© Mehdi Dewalle

Son destin ne fut pas trop compliqué à mener: dès la genèse de l’aventure, tout le monde était partant, ceux à qui nous avions pensé. Thierry De Coster et sa voix étaient présents dès le test pilote, le Studio Blinkside a embarqué immédiatement. Puis, il y a eu Nico Vandooren, l’ingénieur-son des Snuls et de Monsieur Manatane, qui faisait bruitage et musique. De quoi entretenir la filiation. Ce genre de projet, naturellement, c’est toujours long. Dès le départ. Très amusant, aussi.

© Armand/Ryelandt/Dewalle chez Dupuis

D’autant plus qu’en matière de belgitude, vous aviez des antécédents, non ?

Fabrice : Oui, des caméras cachées avec François l’Embrouille mais aussi Ring Ring, les canulars téléphoniques filmés avec Patrick Ridremont. Puis Paparazzi avec Stéphane De Groodt. L’humour belge est formidable. On ne se prend tellement pas au sérieux, ce qui confère une grande liberté de ton et une certaine truculence. Les Français, eux, se prennent plus au sérieux. C’est paradoxal.

Comme je le disais, avec Dimitri, nous sommes des enfants de la pub. Nous avons du en créer entre 150 et 200. Pour VW, notamment. Ce monde nous a inculqué le sens de l’efficacité, sans avoir le droit au temps mort. Court mais dense. Dans la pub, avoir un script rigolo et bien écrit est un luxe. Mais encore faut-il qu’il mette tout le monde d’accord. L’agence, les producteurs, les commerciaux, les annonceurs, le patron. Il faut remonter et redescendre toute la chaîne à chaque changement. Avec des comptes à rendre, parce qu’il faut vendre. C’est compliqué. Avec La Minute belge, nous étions beaucoup plus libres. Après, tout terrain de jeu doit être le fruit de la réflexion, d’une phase d’écriture. On ne part jamais à l’aveugle. Il y a eu plusieurs tests avant de se dire : on se lance.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Comment Mehdi est-il arrivé dans l’aventure, alors ?

Fabrice : Un coup de bol. Je cherchais sur internet des dessins et illustrations qui me permettraient d’établir le style que je voulais donner à cette série. Et je suis tombé sur une illustration non-signée. J’ai montré ça à Dimitri qui m’a dit : « Ah ben oui, j’en connais l’auteur! » J’ai pensé à une plaisanterie, ce n’était pas possible. Mais si!

© Mehdi Dewalle

Mehdi : Paradoxalement, c’est le tout premier dessin de ma carrière, pour une pub Ebay, qui a fait déclic chez Fabrice. Sans qu’il me connaisse, c’est sur ce dessin qu’il a basé la série La Minute Belge et son personnage emblématique.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Fabrice : On a tout de suite accroché. Pouvoir se servir du style « déjà 3D » de Mehdi sur ce projet, c’était la garantie d’être protéiforme, de pouvoir aborder des univers différents. Il ne demande qu’à s’animer son dessin. Dans la tradition de ce que faisait Franquin, le mouvement est figé par le dessin et pourtant on le sent. Stupéfiant.

Mehdi : C’était l’occasion, pour moi, de faire vraiment de l’animation, en 3D mais avec un côté vintage, dans l’esprit des années 50, tout en s’amusant.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Fabrice : C’était voulu! Un univers intemporel, dans l’esprit des 70’s, gros nez aussi.

Mehdi : Puis, pour moi, au fur et à mesure que je découvrais le texte de mes acolytes, je découvrais des mots qui m’étaient inconnus. Ayant grandi à Tournai, j’étais frontalier et je me suis rendu compte que le ch’ti m’était plus familier.  Je ne connaissais pas trois-quarts de ces expressions et belgicismes.

Comme quoi ?

Mehdi : Mei, broubeler, choser. Être dur de comprenure, aussi, évidemment. Par contre, je connaissais bien les ratchatchas. Sucer de son pouce, j’ignorais que c’était un belgicisme.

Puis, il y a celle-ci: je suis tout cru de chaud. Je l’utilise depuis que je suis tout petit mais je ne sais pas d’où elle vient. Jamais personne ne l’a compris, en tout cas. L’appel est lancé.

Fabrice : Aucune idée. Si tu as la réponse, ça m’intéresse. Moi, mes préférés sont des jurons Tcheu dis, Roh. Pour ceux que je ne connais pas, je veux être certain de les maîtriser pour les utiliser. Comme avoir les yeux en quiquine de poupousse. Ça se dit ?

Oui tout à fait ! Vous faites du ping-pong, parfois : il y a parfois des expressions qui font appel à d’autres et ainsi de suite ?

Fabrice : On aime faire des rebonds, nous évader de ce côté dico très conforme et intellectuel. On voulait nourrir le sujet en amenant d’autres mots. La structure est celle-ci : en une phrase ou deux expliquer la ou les signification(s), le(s) mettre en situation et arriver à la chute de la chute.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Chicon, par exemple ?

Fabrice : C’était dans une capsule mais intégré dans un cadre plus vaste.

Vous vous êtes interdits certaines expressions.

Fabrice : Une fois, c’était interdit, à éviter. Pour le reste, ce que je n’utilise pas… n’existe pas. (Il rit) Plus sérieusement, les belgicismes sont très imagés, on les emprunte à gauche et à droite, les tirant du flamand ou du wallon, du bruselleir.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Ces expressions, elle pourraient se perdre ?

Fabrice : Je ne crois pas. Il y en a tellement que j’utilise en pensant que ce sont des expressions dans un français correct ! En travaillant sur cette série, je me suis rendu compte que lorsque j’étais à Paris pour le travail, certains n’ont pas dû tout comprendre. Ils ont été très polis de ne pas me le faire remarquer ! Sucer de son pouce, c’est vrai que c’est une expression que je pensais généralisée au-delà de la Belgique.

Niveau public, j’étais convaincu que je ne toucherais principalement que la tranche des 30-50 ans. Mais non, il y a énormément de jeunes qui réagissent à nos vidéos.

Avec un top 3 des plus vues ?

Fabrice : Je pense que le trio de tête est composé de Baraki, Douf et Non peut-être. Puis, c’est marrant, des débats se créent. Certains remettent en doute certains de nos belgicismes en disant « Jamais, je n’utilise l’expression ‘pain français’. » Un autre dit : « Ah, si, moi, tout le temps ». Ça crée une communauté. D’autant plus que c’est passé à la télé, sur RTL-TVI, entre le JT et la série/le film, en prime-time. Il y a eu d’autres rediffusions. La chaîne a cru au projet.

© Armand/Ryelandt/Dewalle chez Dupuis

Dans cet exercice, que ce soit en BD ou en animation, vous gardez l’esprit de fiches. Sans décor.

Fabrice : Une idée devait correspondre à une illustration. Il fallait que ce soit dépouillé, simple, que ça permette d’aller très vite sans pour autant perdre le fil. Sobre et épuré, donc, pour mieux garder la truculence entre le dessin et le texte.

Et justement, c’est quoi être belge, pour vous ?

Mehdi : Être belge, c’est forcément absurde. Comme la politique. Je dirais qu’on est tous le propre de l’absurde, assez ouverts au second degré. Avec la « guerre » suite au dernier match de football France-Belgique, on a bien vu que le second degré passait mal la frontière. (Rires)

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Fabrice : C’est un état d’esprit. Les Belges sont plus ronds, plus « bon vivant » que les Français qui, eux, sont plus secs, plus rigides. Face à des policiers français ou belges, on sait avec lesquels on peut rire.

C’est ce qu’il s’est passé sur certaines caméras cachées avec L’Embrouille ?

Fabrice : Je n’ai pas été en France avec lui. Mais oui, les Belges sont des meilleurs clients. Ça ne les empêche pas de s’énerver, de monter dans les tours. Mais dès qu’on désamorce, ils retombent et nous demandent : « Quand est-ce que ça passe? ». Là où les Français auront plus tendance à ne pas signer l’autorisation de diffusion. Ça ne les a pas fait rire.

Les Belges ont plus d’humour. Je m’en suis rendu compte aussi avec les blagues téléphoniques de Patrick Ridremont. On a fait quelques essais en France, pas concluants. On sonnait dans les administrations, ils nous répondaient qu’ils n’avaient pas le temps et ne se rendaient même pas compte qu’on leur faisait des blagues. En Belgique, on nous a raccroché… une fois sur les centaines de coups de téléphone donnés.

La frontière, vous la passez allègrement en incluant, dans la série animée comme la BD, un personnage français face à un personnage belge. Tous les deux très typés.

Fabrice Armand : Pour le Belge, je partais sur une référence à cet ancien bourgmestre de Bruxelles, Michel Demaret, filmé par les caméras de Strip-Tease lors d’une excursion à la mer. On a tâtonné.

Mehdi : Le but était de s’adapter au style du personnage, de se rapprocher de ce que Fabrice avait en tête. C’est ainsi qu’est né Robert, bedonnant, trapu et moustachu. Parfois, il est accompagné de Jos, son acolyte. Le Français, lui, n’a pas encore de nom, mais on aimerait trouver un nom dans l’esprit de Charles-Édouard, un peu guindé.

Fabrice : Pour lui, on s’est inspiré de Dominique de Villepin, il fallait que ce ne soit pas un vieux poncif mais qu’il garde un côté Vieille France, de la prestance. Aristo mais actuel.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Par ailleurs, sous le simple couvert des belgicismes, vous avez été amené à dessiner tout un monde, une foule d’objets, déclinés. Comme toutes ces sortes possibles et imaginables de chaussures qui apparaissent à un moment.

Mehdi : Oui, plein d’éléments dans tous les sens. Mais je peux compter sur Fabrice qui m’envoie des photos, me documente. Je me souviens d’un château que j’ai mis quatre ou cinq heures à créer pour qu’il n’apparaisse que deux secondes dans un épisode. C’est dur mais il ne s’agit pas d’être hésitant.

Le dessiner, c’est une chose, il faut l’animer.

Mehdi : En animation, j’ai les bases, assez que pour savoir quoi faire et préparer le terrain. Il s’agit de décliner les personnages sous plusieurs angles, plusieurs expressions. Du coup, il faut dessiner plein de bras, plein de bouches, créer des déguisements. Par épisode, il y a une vingtaine de plans qui demandent chacun une dizaine de positions. Il faut donc compter 200 à 300 dessins par épisode. L’animation, c’est ce qui va faire vivre tout le personnage qui, jusque-là, était très figé. Puis, il y a le son, la musique.

Fabrice : Et les voix. Notamment celle de Thierry De Coster, qui reste dans l’oreille. D’ailleurs, un jour, on a visionné les 42 épisodes à la suite, à la fin, on avait pris l’accent. La magie de l’animé, qui se nourrit du dessin, encore plus quand il s’y prête.

Cette voix de Thierry De Coster, à la lecture de la BD, elle reste dans la tête pour ceux qui ont vu la série avant.

Fabrice : Il y a deux cas de figure. Les lecteurs qui ne connaissent pas les capsules et donc inventent les voix. Et les autres pour qui c’est préétabli, ce qui permet de contrecarrer le fait que dans une BD, il manque le son. Quand on lit la BD Tintin et qu’on voit le dessin animé, on se rend compte que ce n’était pas la voix qu’on s’était imaginé. Ça peut déstabiliser. Dans le sens inverse, par contre, ça marche.

Mais on croise pas mal de gens qui ont adoré la BD sans voir la série et qui nous ont promis de la dévorer.

Avec des clichés à gogo.

Mehdi : À fond. Une grosse panse à bière, des stéréotypes mais, surtout, véhiculer une image du Belge sympa.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge
© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fabrice : Le cliché, la caricature partout tout le temps, le pastiche, et l’opposition entre le Belge et le Français, c’était l’essence même de cette série. Se moquer de nous-mêmes tout en veillant à ce que tout le monde en prenne pour son grade. Ma fille a sept ans, je lui ai montré les épisodes. Elle a beaucoup aimé. C’était important de ne pas exclure les enfants. On ne voulait donc pas mettre des gros mots, aussi belges soient-ils.

Et maintenant, il y a la BD, donc.

Fabrice : Dès le départ, nous voulions nous diversifier, on voulait que cette capsule humoristique en animation connaisse d’autres vies, des produits dérivés. Avec un tel univers, il y a pas mal de choses à faire, il y a moyen de tirer dans tous les sens mais pas n’importe comment, on cherche une valeur ajoutée, quelque chose à mettre dans les mains. Le Neuvième Art a nourri la série, comme je le disais et je gardais dans un coin de ma tête l’idée d’y venir. Comment faire ? Ça viendrait plus tard, l’important était de mettre la capsule sur pied. Ce n’est qu’une fois la première saison achevée qu’on a pu penser aux produits dérivés. Avec notamment des t-shirts résumant en un dessin, une formule. Des stickers aussi. Puis, je me suis attelé à la BD. Il fallait redécouper, adapter tout en reprenant les textes et les dessins existants, très beaux, efficaces. La narration devait être revue pour fonctionner en cases.

Mais, la BD, n’était pas un rêve, je pensais que ce n’était pas pour moi, la série animée étant ma manière à moi de faire de la BD… mais à l’écran. Je m’y suis finalement essayé, on a fait des tests et, après trois planches, on s’est dit que ça pouvait exister. Encore fallait-il que ça intéresse quelqu’un. On a envoyé les dossiers. Dupuis a adoré.

© Armand/Ryelandt/Dewalle chez Dupuis

Mehdi : Je n’aurais jamais imaginé ça. Chez Dupuis, en plus ! C’est surréaliste. Quand Fabrice me l’a annoncé, je lui ai dit « oui, bien sûr, c’est ça ». Sauf que ce n’était pas un challenge, c’était vrai. Et, pour cette série, c’était sans doute le meilleur éditeur qu’on pouvait trouver, typiquement belge. C’est quand même chouette. Je ne suis quasiment pas revenu sur le dessin.

Fabrice Armand : Mais la relecture fut costaude, il ne s’agissait pas de laisser une faute d’inattention.

Et un DVD pour bientôt ?

Fabrice (fait la grimace) : Des DVD’s, on n’en fait plus, ça vieillit trop vite. Tout est sur Facebook et YouTube. Ce qui permet de rester intemporel. Après, c’est vrai qu’avoir l’objet, c’est plus concret. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

Ce sont vos premières dédicaces, alors ?

Mehdi : En pub, il n’y a déjà pas de générique, vous restez anonymes. Quant aux livres jeunesse, encore moins quand ce sont des manuels d’apprentissages, les dédicaces sont rares. Du coup, c’est stressant de se retrouver devant le public, à devoir lui faire un dessin en temps réel. Au début, je me tracassais de faire pile-poil le même dessin. Il faut lâcher du lest.

Fabrice : On a des échos formidables de libraires. C’est agréablement… gênant.

Qu’est-ce qui fait votre culture BD ?

Mehdi : Pedrosa, Le Goum. Yuio, le premier que j’ai rencontré. Puis, les dessins de pub, les cartoons des années 50’s. J’en achète beaucoup trop par mois. Le château des étoiles, c’est fantastique. Puis, L’âge d’or de Cyril Pedrosa. La super-claque, c’est Il faut flinguer Ramirez.

Fabrice : Depuis tout jeune, je lis des albums. Je dois en avoir 3000, je ne sais pas si c’est une grosse collection. Dimitri est un acharné, lui. L’esprit BD a sans aucun doute nourri cette série. Notamment, mes souvenirs d’enfants avec les séries de Spirou : Spirou, le Scrameustache, Gaston… Puis Tintin. J’accrochais moins à E.P. Jacobs, aujourd’hui j’adore. Puis, quand je partais en France, il y avait toujours le Pif Gadget ! Aujourd’hui, je m’intéresse à un autre type de BD : L’association, Sfar, Blain.

Le gros coup de coeur récent, c’est l’Arabe du futur de Riad Sattouf. Je reste à chaque fois sur ma faim, je ne sais pas si je saurai attendre un an jusqu’au suivant.

Quelle est la force de la BD ?

Fabrice : Qu’il ne faut pas beaucoup de moyens pour que tout soit possible. Un crayon, un dessinateur de talent, des auteurs qui ont des choses à raconter. Sans déplacer des montagnes pour autant. La BD permet d’imaginer l’histoire.

© Mehdi Dewalle

Dans l’audiovisuel, encore plus en animation, si on reste au niveau de l’histoire, il faut des voix, un jeu d’acteur, des animateurs… C’est un tout complémentaire. Mais sa force, c’est cette complémentarité qui permet de cadrer, d’aller plus loin dans l’univers.

Au-delà de la BD, Mehdi, vous faites quand même du dessin de presse avec Les Hahactualités ?

Mehdi : Je m’inspire de l’actualité mais je ne réfléchis pas de trop, je me laisse aller, sans grandes études. Parfois, je me dis que c’est un peu nul. En réalité, je n’aime pas ce que je fais par rapport à ce que les autres font et dont je suis super-fan (rires).

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Autre rayon, celui jeunesse, et la presse pour enfants.

Mehdi : Averbode et, maintenant, de plus en plus, des livres pour Milan Presse. Souvent dans l’éducation. En fait, je n’ai pas un style mais un catalogue de styles pour aller là où on veut que j’aille. On est obligé d’être tout terrain, les styles changent avec le temps. Mon dessin, j’ai bien essayé de le simplifier, par contre, je n’y arrive pas, c’est pas facile. Un enfant ne regarde pas juste le dessin, il l’explore. Même si c’est un lapin avec une tête idiote.

© Mehdi Dewalle

Quel a été votre parcours ?

Mehdi : J’ai fait sciences-langue. Après quoi, j’ai étudié la pub, dans le sens créatif, durant cinq ans à Bruxelles. Le coup de pied au cul, c’est Pad’R qui me l’a mis, depuis toujours, il me suit.

En fait, j’ai été bercé dans la génération dessins animés à profusion, avec le Club Dorothé, ce que faisait Hanna-Barbera. Un style qu’on retrouve chez des dessinateurs d’aujourd’hui, chez moi aussi. Les modes reviennent.

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Le dessin restera toujours par rapport à d’autres formes d’expression qui disparaissent, non ?

Mehdi : Les techniques changeront mais le dessin restera. Il faut sentir les mouvements, s’adapter, se diversifier. Chaque dessinateur ne peut malheureusement pas vivre que de la BD. C’est le problème actuel. Pour le futur, des dessins en hologrammes, pourquoi pas ?

Dans votre cas, tout se passe en numérique ?

Mehdi : Ah non, je ne sais rien faire sans dessin papier. C’est ma base que je scanne, que je refais. Ça permet les ratés, les accidents là où le numérique permet de tout corriger. La couleur, par contre, je fais tout au PC, je vire le croquis, je fais une lasagne.

© Mehdi Dewalle

Des projets ?

Mehdi : Pas vraiment. Pour les dix ans des Hahactualités, j’aimerais sortir un recueil de mes blagues. Puis, il y a la deuxième saison de La minute belge.

Fabrice : La deuxième saison, on ne va rien dévoiler. Puis, on se diversifie aussi en dessins de presse pour 7sur7.

© Armand/Ryelandt/Dewalle pour La Minute belge

Une adaptation en France, ce serait possible ?

Fabrice : La Minute française, je ne crois pas. Mais on réfléchit à une sorte de Ch’tite minute. Puis, à une version flamande, doublée. En tout cas, beaucoup de Flamands aiment déjà La minute belge. C’est très amusant, je pensais que c’était vraiment la guerre.

Et, au-delà de la Minute Belge, vous pourriez passer au long-métrage ?

Fabrice : Pourquoi pas. Un long, ça prend du temps, mais j’ai des idées. Je rêve de m’avancer sur ce terrain-là.

Sur une île déserte, que prendrais-tu de typiquement belge ?

Mehdi : Des frites, bien sûr. Même si objectivement, je ne pèse pas plus lourd qu’une frite.

Fabrice : Ma collection de BD comme ça j’aurai de la lecture.

C’est de la triche, il faut choisir !

Fabrice : Du coup, l’Arabe du futur 5, alors !

C’est même pas belge ! Mais allez, ça passe. Merci à tous les deux ! Et signalons que vous serez tous les trois pour babeler et faire des ratchatchas à la Foire du Livre de Bruxelles.

Titre : La Minute belge

Recueil

Scénario : Fabrice Armand et Dimitri Ryelandt

Dessin et couleurs : Mehdi Dewalle

Genre : Dictionnaire, Humour

Éditeur : Dupuis

Nbre de pages : 52

Prix : 14,50€

Date de sortie : le 02/11/2018

Extraits : 

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