Derrière chaque grand homme se cache une femme, disait L. Grant Glickman. Bon, jusqu’à la fin de ce premier tome, pas sûr que Maximilien d’Autriche compte parmi les grands de ce monde. Mais sa femme, Charlotte, quelle grande femme ! Parce qu’une princesse dont on a écouté le choix de son mari (mal lui en prendra, certains cachent bien leur triste jeu de triste sire), dans la deuxième partie du XIXe siècle, il n’y en a pas des masses. Et c’est un destin formidable et qui a vu du pays que nous proposent les étincelants Fabien Nury et Matthieu Bonhomme.
Résumé de l’éditeur : Élevée par son père Léopold 1er, Charlotte de Belgique est destinée à faire un glorieux mariage. Pour la jeune femme, le choix s’arrête sur l’archiduc Maximilien d’Autriche, frère cadet de l’empereur François Joseph. Un mariage somptueux vient sceller leur union, qui, disons-le tout de suite, ne sera pas heureuse. Le jeune couple est dépassé par les rivalités dont ils sont le jeu, entre les terribles Habsbourg et le calculateur empereur Napoléon III. Et Maximilien se révèle un homme décevant, à tous points de vue. C’est en faisant face à l’adversité que Charlotte aura finalement l’occasion de quitter les voies d’un chemin tout tracé…

Mon Jolly Jumper pour un royaume, aurait pu s’écrier Matthieu Bonhomme. Et quel royaume. Celui de Charlotte de Belgique, duchesse de Saxe, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha puis archiduchesse d’Autriche… et, on continue? Bien sûr, puisqu’elle fut aussi… impératrice du Mexique ! Une épopée aux côtés d’un monarque complètement à côté de ses pompes.

Charlotte Impératrice, c’est pas du Gala ni du Public, ce ne sont pas des potins de têtes couronnées. Non, du tout, c’est un passionnant récit historique, où se tendent les relations humaines (devant souvent se plier aux relations de pouvoir) et s’entrelacent les enjeux politiques, auquel s’adonnent Fabien Nury, Mathieu Bonhomme et Isabelle Merlet (jouant de clairs obscurs et des contrastes… impériaux, visitez son site, ça vaut le coup). Ces deux derniers sont en totale osmose et le dessin et les couleurs font un mariage époustouflant, bien plus que celui de Charlotte et « Max » qui, lui, s’effritera bien vite. Matthieu Bonhomme, joyau de la couronne, trouve des élans vintage pour coller parfaitement au ton et à l’époque qu’il dessine, trouvant quelques effets de mise en pages charmant et follement démodés et des images fortes. Quel travail.



Ce premier album, sur quatre, n’est ni cul-cul, ni nunuche. En témoigne ne fut-ce que l’intensité dans le regard de la pauvre Charlotte qui se demande dans quel monde elle est tombée mais doit tout de même assurer son rôle malgré les écarts de son crétin de mari, empereur de ses pieds et roi des cons malgré « Les 27 principes de vie et règles pratiques que doit connaître et appliquer tout gentilhomme bien né » qu’il se répète pour se donner bonne conscience, lui qui aime papillonner, au propre comme au figuré.

Si Fabien Nury est plutôt sage, il peut toujours autant se montrer tranchant, lâchant même les chiens dans une planche terrifiante pour retrouver toute sa férocité. Et Bonhomme le suit comme un boulet de canon. De mal empire, cette histoire est à suivre, mais quel début de règne pour un album qui marquera de son sceau cette rentrée littéraire… et puissamment graphique.

Tome : 1 – La princesse et l’archiduc
Scénario : Fabien Nury
Dessin : Matthieu Bonhomme
Couleurs : Isabelle Merlet
Genre: Biographie, Histoire
Éditeur: Dargaud
Nbre de pages: 72
Prix: 16,95€
Date de sortie: le 24/08/2018
Extraits :