« L’heure a sonné de la conclusion irréparable pour la première saison de No Body. » C’est dingue, on se croirait devant un lancement pour le petit écran, à cran face à l’issue redoutable d’une première partie de série qui nous en aura fait voir des vertes et des pas mûrs. Pourtant, si vous prenez le train en marche, vous êtes loin du compte. Il ne s’agit pas de télévision ni de cinéma mais d’une bande dessinée qui n’a rien à leur envier mais s’est servi un peu de leurs codes pour pousser plus loin notre addiction. La preuve, on est resté sous le choc tout en en redemandant et Christian De Metter entre un peu plus dans la légende. Brillant jusqu’au point final.
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Résumé de l’éditeur: Dans cet ultime épisode, après avoir confondu Mme Perkins, l’homme se confronte à une nouvelle vie… et notamment, au handicap de sa femme et à l’inattendue réapparition d’une personne de son passé… Les pièces du puzzle s’emboîtent pour constituer, peu à peu, le tableau final. Souvent, la vérité est juste sous nos yeux, mais on ne la voit pas.

Une fin de saison, c’est redoutable : soit ça confirme toutes les attentes, soit ça finit en hors-saison, irrémédiablement décevant. Ce n’est pas le cas, ici, dans cette machination opérée moins par le FBI et consorts que par un Christian De Metter au somme de ses arts, graphique mais aussi narratif. Habilement, l’auteur s’est servi de l’Histoire et de ses méandres, des pouvoirs secrets ou à la vue de tous qui brisent les hommes. Et notamment, celui-là, en face de nous. Celui-là auquel notre rapport a forcément évolué, pour lequel on a compati, car la vie ne l’a pas épargné, broyé par les rouages d’un système qui le dépasse plus au service du pays que de ses âmes déchues.

Depuis les premières pièces de ce puzzle, l’ambiance n’a pas changé et nous reprenons le chemin de cette salle exigüe où notre présumé innocent continue d’être interrogé et de déballer son histoire, à la recherche des jours où tout a changé, d’enquête en enquête. Dont la plus conséquente : celle qui le touche personnellement, de plein fouet, dans sa chair. À la recherche d’un assassin qui s’en prend désormais à lui et à ses proches. Une spirale infernale, celle de Dante qui semble tellement poursuivre notre anonyme solidement menotté mais dont lui seul possède la clé de ses liens, la résolution de cette affaire courant sur des décennies et qui pourrait l’innocenter.

Avec ce quatrième épisode, Christian De Metter, non content de prouver qu’il est un esthète des cliffhangers, livre un spectaculaire final qui pense se régler en p. 56 mais nous tient en haleine durant 20 planches supplémentaires pour concrétiser les pistes brouillées. Un twist incroyable dans lequel, bien aidé par l’art du cadrage de De Metter, on n’a rien vu venir. C’est ce qui rend cette conclusion encore plus éclatante, sans doute la seule viable et sérieuse. Un coup de tonnerre qui ouvre une voie royale aux prochains épisodes, à une nouvelle saison, avec d’autres personnages (en Italie paraît-il, où il sera question d’un enlèvement). Fameux et puissant, d’autant plus que suivi à la trace par les fantômes d’un savoir-faire américain en matière de séries (on cite True Detective depuis le début) et de films (Hannibal, Seven), l’homme s’est libéré d’eux pour trouver sa voie. Et nous, avec.
Série : NOBody
Saison : 1
Tome : 4/4 – La spirale de Dante
Scénario, dessin et couleurs : Christian De Metter
Genre : Polar, Psychologique, Thriller
Éditeur : Soleil
Collection : Noctambule
Nbre de pages : 80
Prix : 15,95€
Date de sortie : le 25/04/2018
Extraits :
Terre gâtée, un peu pourrie aussi
Unstoppable, comme disent les Anglophones, Christian De Metter a signé, un peu plus tôt cette année, avec Marguerite Abouet et Charli Beleteau, Terre Gâtée. Il était une fois en Afrique. l’étau se resserre, là encore en une quadrilogie.

Résumé de l’éditeur : Un homme défiguré et affaibli arrive dans un village africain. Qui est-il ? Pour les Natifs et le sorcier du village, c’est un migrant qui n’a pas réussi à traverser la mer. Pour le pasteur, c’est un ange, jamais personne n’est revenu vivant du désert. C’est ainsi qu’il le prénomme. Ange est soigné et réussit à se faire embaucher sur le chantier de la route de l’Ouest. Dans une Afrique en plein essor, Claudia, une veuve et influente femme d’affaires, dirige ce chantier. Secondée par Benjamin, jeune blanc marié pour « convenance familiale » à sa fille Grace, Claudia y exploite les migrants de passage, toujours plus nombreux à tenter un départ vers l’Europe. Le chantier s’étend sur les territoires des Errants et prive le peuple nomade de ses terres. La tension monte dans la région. L’heure de la vengeance a sonné !

Décidément, la loi des apparences et ce qu’elles semblent être continue de passionner et poursuivre Christian De Metter. L’apparence d’Ange, ce prétendu migrant qui vient d’arriver au village des natifs et qui n’est pas forcément accueilli chaleureusement. Comme quoi, la migration n’est pas qu’un problème de peau, ici tous (ou presque, il y a Benjamin, le chef de chantier, ont la même couleur, noire et burinée par un soleil d’enfer. Tout semblait tranquille jusque-là, les exactions se passaient en dehors du village, mais tout va changer avec l’incursion d’Ange dans cette société qui révèle bien vite ses fragilités… qui vont s’exacerber.

Le récit proposé par Marguerite Abouet et Charli Beleteau (vu sous d’autres latitudes puisqu’il est showrunner et réalisateur pour la télé avec, notamment Coeur Océan, Plus belle la vie, Bruit de tambours ou encore Dos au mur) semble en avoir beaucoup sous le coude. Pourtant, s’il propose une succession de scènes assez percutantes et ne nous laissant pas le temps de souffler, l’ensemble reste en deçà des attentes, un peu désordonné (comme la société qu’il décrit, cela dit) et manquant d’informations pour retenir toute notre attention. En espérant que les prochains tomes réparent ce petit manquement car la mise en image et en couleurs de Christian De Metter reste en haut de gamme, claquant plus que clinquant, d’une nuit d’encre à la lumière écrasante d’un jour qui ne laisse pas insensible.

Série : Terre gâtée
Tome : 1 – Ange, le migrant
Scénario : Marguerite Abouet et Charli Beleteau
Dessin et couleurs : Christian De Metter
Genre: Drame, Western
Éditeur: Rue de Sèvres
Nbre de pages: 86
Prix: 16€
Date de sortie: le 24/01/2018
Extraits :
Beaucoup entendu parler, pas fan du dessin au premier coup mais un copain me les a passé. Visiblement tout le monde est unanime. Et puis j’aime les polar alors…