Certes, la formule a un peu évolué depuis la Rome Antique et quand on dit du pain et des jeux, il faut aussi comprendre de la gastronomie et du divertissement. À moins de vivre sur une île déserte à vous nourrir de crabes, de coquillages et de noix de coco un peu plus chaque jour, vous n’avez pu échapper à la starification des apôtres du goût. Aujourd’hui, si vous n’avez pas d’étoile, vous pouvez toujours passer à la télé pour atteindre la renommée. Samuel a bien essayé mais les lumières cathodiques l’ont réexpédié dans l’ombre. Et c’est là que Delphine Lehéricey, Fanny Desmarès, Luc Brahy et Bertrand Denoulet ont été le rechercher pour lui redonner des couleurs, lui qui n’est plus dans son assiette. Avec d’emblée un Hors-d’oeuvre pour inaugurer la série Étoilé.
Résumé de l’éditeur : Samuel Lejeune n’est pas n’importe quel finaliste malheureux de l’émission The Ultimate Cook 2010 : ce chef en herbe ne reculera devant rien pour obtenir les étoiles qui le font tant rêver. Et surtout pas les mensonges, les jeux d’intérêts ou les opportunités qui se présentent à lui sur le chemin de la renommée…

Ange déchu avant d’avoir pu retirer son tablier, Samuel Lejeune incarne à merveille ce qu’on appelle communément le sang chaud. Et si sa descente aux enfers a eu ses limites, les cupcakes couleurs girly qu’il enseigne aux mamies qui rêvent d’être les reines du topping, tout ça n’est guère folichon et Samuel vivote de son art et de son argent. Bien trop léger que pour pouvoir se porter à la hauteur des rêves de ce cuistot qui rêve d’avoir son établissement.

Il en est encore loin mais le hasard fait bien les choses, encore plus quand il est provoqué et intéressé. Et voilà que Samuel trouve une alliée de charme et de choc : Paula Balta, businesswoman aux dents longues et prête à tout pour récupérer les étoiles de son castard de cuistot qu’était son papa qui, du coma dans lequel il est plongé, risque bien de ne plus jamais mettre la main à la pâte.

Histoire de famille et quête de réussite personnelle vont se mélanger aux éclats des soirées mondaines et aux fracas de la vaisselle explosée. Alors que tout a un prix, quel qu’il soit. Dans sa manière d’en arriver aux faits, ce premier album (d’une série qui, on l’imagine, pourrait bien être longue si le succès est au rendez-vous) ne cache pas ses airs de ressemblances avec le film « À vif ».

Et l’ayant vu deux jours avant ma lecture, ça m’a forcément frappé. Du coup, j’ai eu peur tout en étant conscient qu’il n’y a pas trente-six mille manières d’illustrer la damnation qu’elle soit culinaire (si ce n’est peut-être celle de Danijel Zezelj !) ou pas .

Heureusement, sur des images d’une lionne lancée dans un duel inégal face à une antilope, le récit prend du galon tout comme le dessin de Luc Brahy, aussi bon en cuisines qu’en arrière-cuisines (lui qui, il n’y a pas longtemps, arpentait le Krakatoa), et les couleurs de Bertrand Denoulet qui ne fait pas dans la cuisine moléculaire et donne du punch à l’ensemble. Et si le met ne relâche pas toutes ces saveurs sous notre palais, avec le twist de dernière planche, on se dit qu’il y a de quoi faire revenir tout ça et provoquer l’explosion des saveurs.


Dans ce revers de la médaille, on a affaire à un récit totalement différent de ceux qui se contentent de surfer sur la vague du succès en cherchant la bonne vanne. Il y a de l’ambition, ici, même si le scénario de Lehéricey et Desmarès (dont c’est la première incursion en BD) reste finalement gentil dans un premier temps. Il y a de la profondeur aussi, au-delà des élans superficiels des protagonistes. La suite d’Hors d’oeuvre est toute trouvée et s’intitulera Plat de résistance.


Série : Étoilé
Tome : 1 – Hors-d’oeuvre
Scénario : Delphine Lehéricey et Fanny Desmarès
Dessin : Luc Brahy
Couleurs : Bertrand Denoulet
Genre: Drame, Culinaire
Éditeur: Dupuis
Nbre de pages: 52
Prix: 14,50€
Date de sortie: le 05/01/2018
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