Parmi vos bonnes résolutions, vous voulez devenir un vrai méchant ? On a quelques excellentes lectures pour vous y aider !

Encore une fois et malgré que vous eussiez juré qu’on ne vous y reprendrait plus, vous avez passé 2017 à être trop bon et trop con. Le coeur sur la main tandis que les autres la gardaient en poche ? C’est tout vous, ça ! Mais, 2018 va voir de quoi vous vous chauffez ! Pour l’an neuf, vous avez décidé d’être méchant, simplement méchant, horrifiquement méchant. Pour entamer votre métamorphose, voilà quelques vilaines lectures dont vous nous direz des nouvelles.

Plus Méchants que ça, tu meurs !

© Dobbs/Menuel chez Hachette

Avec un Freddy jubilant et plus inquiétant que jamais (sous le dessin impérial de Guillaume Menuel) et un titre scintillant en lettres de sang, il était hors de question de ne pas commencer ce topic de fin d’année par Méchants. Véritable encyclopédie de bien belle facture sur Les grandes figures du mal au cinéma et dans la pop culture, Méchants est l’oeuvre d’un homme qui n’est pas tout neuf dans les jardins du diable : Dobbs. Celui qui aurait pu être sociologue émérite a plongé tout entier dans le monde des histoires, au cinéma, dans les jeux vidéo et, surtout dans la bande dessinée.

© Dobbs/Goinard chez Hachette

Celle-là même qui lui a offert des serial-killers et des univers forts (Allan Quatermain, Scotland Yard, Mister Hyde et Frankenstein) sur un plateau et lui a donné, en 2017, toute latitude pour adapter quelques bijoux de H.G. Wells (ici, encore là). S’en évadant un peu, celui qui est aussi conférencier en histoire du cinéma et analyse filmique termine l’année en force avec une irrésistible cerise sur le gâteau.

Immortan Joe © Dobbs/Salaun chez Hachette

Une cerise de 320 pages, excusez du peu, pour sembler un rien exhaustif car des méchants, il y en a autant que des héros. C’est dire la tâche herculéenne qui attendait « double-B » (B comme dans Biff Tannen, Boba Fett ou Beetlejuice forcément présents dans ce livre), qu’une pléthore de dessinateurs (cinquante au total, de tous les horizons mais que le talent n’a pas épargné pour mettre en lumière et en sombreur ces figures du crime et de la peur) vient aider à surfer ce vaste sujet, avec rigueur, machiavélisme mais aussi concision.

© Dobbs/Saviori chez Hachette

Aux délices du vice, Dobbs a ainsi dû calmer ses ardeurs pour susciter l’imaginaire et les souvenirs du lecteur et coucher sur une seule page l’essentiel de ces personnages cultes qui pourraient faire l’objet de longs essais. Sans oublier pour autant de se parer d’une cinquantaine de pages d’introduction et de clés de compréhension, didactique et utile à nous remettre les idées en place (avant qu’Hannibal trifouille dedans ?). Méthodique et présentant ses héros maléfiques en quelques mots-clés comme on en trouve sur les cartes à jouer ou dans les jeux vidéo, le passionné livre une petite bio, les origines, l’évolution et la fin du méchant (attention spoilers) ainsi que des anecdotes et des punchlines qui ne ratent jamais leur cible.

© Dobbs/El Gunto chez Hachette

Ça flingue à tout berzingue, d’Adam Sutler (de V for Vendetta) à Zorg (du Cinquième élément) en passant par Ben (de C’est arrivé près de chez vous), Peterbilt 281 (le camion fou de Duel, le premier Spielberg), Pinhead (de Hellraiser) ou l’inoubliable Sentenza (du Bon, la brute et le truand) …

© Dobbs/Bannister chez Hachette

Bref, s’il n’est bien sûr pas exhaustif, Dobbs ratisse large, nous bombarde de références et de souvenirs et réveille chez nous une furieuse envie de revoir une des pelletées de films. Et, dans l’antre du Malin, sans lui vendre leur âme, les artistes conviés excellent tous plus les uns que les autres, évoquant moins que réinventant toutes ces fabuleuses figures majeures qui n’ont pas fini de nous éprouver et nous épouvanter. Et, pourtant, on en redemande. Même si on va mettre cet ouvrage dans un coffre-fort, pour sa richesse émanante mais aussi de peur que tout cet arsenal malveillant en sorte un jour.

The Thing © Dobbs/De Felici chez Hachette
© Dobbs/Menuel chez Hachette

Titre : Méchants

Sous-titre : Les grandes figures du mal au cinéma et dans la pop culture

Auteur : Dobbs

Illustrateurs : Chaiko Tsai, Simon Goinard, Stefano Carloni, Sabrina Miramon, Chris Regnault, Mathieu Leysenne, Valp, Xavier Roth-Fichet, Didier Casegrain, Jon lam, Patxi Pelaez, Maba, Dimitri Armand, Max Grecke, Ricardo Tércio, Marc Simonetti, Guillaume Menuel, Marco Castiello, Mara, Jaouen Salaün, Fabio Lai, Clémence Perrault, Chloe Veillard, Florent Auguy, El Gunto, Nicola Saviori, Emilio Laiso, Mirka Andolfo, Aly Fell, Alberto Varanda, Roberto Ricci, Marguerite Sauvage, Otto Schmidt, Mathieu Reynes, Grelin, Elia Bonetti, Nicolas Bannister, Carlos Valenzuela, Pierre Loyvet, Djet, Vicente Cifuentes, Caza, Olivier Vatine, Stéphane Perger, Anders Lazaret, Jon lankry, Emmanuel Bazin, Mathieu Moreau, Lorenzo de Felici et Gaspar Tamas

Genre : Dictionnaire, Anthologie, Encyclopédie

Éditeur : Hachette

Collection : Heroes

Nbre de pages : 320

Prix : 35 €

Date de sortie : le 25/10/2017

Extraits : 


La colère de Fantômas, l’apocalypse selon le petit Jésus en culotte de velours

© Bocquet/Rocheleau chez Dargaud

En cette fin d’année, on vous a récemment parlé de Julie Rocheleau qui nous est revenue comme un boomerang avec le délirant et salvateur Betty Boop, en compagnie de Véro Cazot. La découverte de cet album riche et frénétique, profondément original, on la doit certainement à La Colère de Fantômas, véritable coup de poing visuel qui nous a instantanément conquis, il y a quelques années, et nous a convaincus qu’avec Julie Rocheleau, on tenait un talent certain et épatant. Tout comme Olivier Bocquet, remarquez, qui signait son premier album publié avant la suite du Transperceneige, les adaptations de Camilla Lackberg et FRNCK !

© Bocquet/Rocheleau

Mais que tous les bons ingrédients étaient au rendez-vous, on ne le savait pas encore, la seconde avant que nous soyons happé par cette réinvention percutante et incisive du mythe créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain et que, trop souvent, on associe à la pantalonnade (certes sympathique si on la prend comme une parodie plus que pour l’ADN de ce sinistre super-vilain dont Olivier Bocquet nous rappelle qu’il portait en lui l’ADN des super-héros de comics) organisée autour de Jean Marais et Louis de Funès.

© Bocquet/Rocheleau chez Dargaud

Avec Bocquet et Rocheleau dans l’affaire, c’est un vrai retour aux bases qui s’opère, ne négligeant aucun innocent à sacrifier et se propulsant de plein fouet dans le XXIè siècle qui, comme le disait Alexandre Vialatte du siècle dernier, pourrait très bien être une invention de Fantômas. La poésie du crime et l’anti-conformisme en mode assassin prend tout son impact dans cette course folle qui mêle souvenirs (la genèse de Fandor qui va peut-être enfin pouvoir retrouver sa mère) et action coûte que coûte (sur les quais d’un Paris au bord du précipice) mais dont toutes les réponses ne seront pas forcément données (comme Souvestre et Allain savaient si bien le faire, on s’en aperçoit dans quelques fins d’épisodes- plus ouvertes que ça, tu meurs – sélectionnées par Olivier Bocquet.

© Bocquet/Rocheleau chez Dargaud

Rocheleau cultive, elle, ce trait et ces ambiances vintages mais aussi frontalement révolutionnaire. La puissance est inouïe, et, à chaque page, il y a un ou plusieurs uppercuts. Et si les actes de l’insaisissable pilleur de tous l’or de Paris ne sont pas très catholique, les cent-septante planches de ce roman (ultra)graphique ont tout du petit Jésus en culotte de velours. Aussi divin que diabolique, monstrueux.

© Bocquet/Rocheleau chez Dargaud

Titre : La colère de Fantômas

Intégrale

D’après l’oeuvre de Pierre Souvestre et Marcel Allain

Scénario : Olivier Bocquet

Dessin et couleurs : Julie Rocheleau

Genre : Thriller, Action, Aventure

Éditeur : Dargaud

Prix:  29,99€

Date de sortie : le 06/10/2017

Extraits:


Zombies, dis-moi qui tu es vraiment

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

Nouvel épisode dans une petite Bédéthèque des savoirs qui, décidément, voit large et de manière très pertinente; les Zombies quittent les écrans où ils sont omniprésents pour envahir les planches de BD (où ils ne sont pas plus rares pour autant). Si les Walking Dead sont en perte de puissance et d’audience, les zombies n’ont pas fini d’avoir de l’avenir, même si plus morts que vifs. Et nous, baigné dans ce phénomène de société, on est tombés dans le panneau.

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

Avec sa couverture à double-sens (on n’a pas tout de suite vu les lotions et le drôle d’attirail que laissaient derrière eux ces âmes en peine), comment ce dix-neuvième épisode de la BDTK pouvait-il ne pas parler du cinéma et des oeuvres de fiction mettant en scène ces morts-vivants qui ont fait les belles heures de Wes Craven ou Romero ? On était totalement à côté de la plaque !

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

Car l’association du médecin légiste médecin légiste, anatomopathologiste et paléopathologiste Philippe Charlier et de l’auteur de BD Richard Guérineau a pour but de revenir aux origines de cette mythologie, dans les Antilles et plus précisément, on vous le donne en mille, à Haïti. Royaume de la mort et territoire vaudou par excellence, là où règnent des sentences bien plus dures et inimaginables que la mort : la métamorphose d’hommes et de femmes de bonne constitution en… zombis ! Ainsi, mieux qu’un tueur à gages, qui veut éliminer quelqu’un comme on éjecte une aiguille hors de son pied peut faire appel à un bokor.

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

Un personnage mystique et doté de connaissances médicinales et empoisonnées capables de faire passer n’importe quel ennemi de ses commanditaires pour mort et enterré (à la vue de tous) … pour ensuite le déterrer et le transformer en réel esclave complètement déboussolé et sans libre-arbitre. La faute, donc, à une décoction maléfique à base d’un poisson tropical (mais aussi de bave de crapaud ou de venin de serpent), et ralentissant le métabolisme jusqu’à la paralysie musculaire. Des psychotropes permettant par la suite de contenir ces pauvres diables dans un état d’amnésie et de chaos. Une véritable zombification qui témoigne d’une réalité glaçante.

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

La petite BDTK réussit une nouvelle fois à nous faire voir plus loin que le bout de notre nez grâce aux dessins magnifiques de Richard Guérineau et aux explications passionnantes de Richard Guérineau témoignant d’une réalité qui dépasse l’horreur de la fiction. Si un jour on se retrouve à Haïti, on surveillera nos arrières plutôt deux fois qu’une.

© Charlier/Guérineau chez Le Lombard

Titre : Les zombies

Sous-titre : La vie au-delà de la mort

Récit complet

Scénario : Philippe Charlier

Dessin et couleurs : Richard Guérineau

Genre  : Documentaire

Éditeur : Le Lombard

Collection : La petite bédéthèque des savoirs

Sous-collection : Culture

Numéro : 19

Nbre de pages : 72

Prix : 10€

Date de sortie : le 13/10/2017

Extraits : 


De drôles de rencontres aux abords du bureau des destins perdus

Un pacte avec le diable, ça vous dit ? Parfait mais vous allez peut-être déchanter. Et parce qu’il n’y a pas que Goethe dans la vie, c’est Nancy Vilbajo qui nous entraîne dans les arcanes du bureau des destins perdus. Un changement de genre radical pour celle qui nous avait entraînés dans les turpitudes infernales des trains de notre SNCB nationale plus souvent en retard qu’à leur tour. Se dégageant de son quotidien (quoique, qui sait ce sont peut-être des légendes urbaines qu’elle vient nous relater), la Binchoise a donc osé vaciller dans des nouvelles fantastiques et un brin horrifiantes.

© François Bouton

Surréaliste, aussi, car on ne changera pas l’ADN de la fière Belge qu’elle est. Et voilà qu’on redécouvre une écrivaine bien habile à sortir des rails pour se confronter le paranormal sans pour autant perdre pied et en restant en contact avec le monde tragi-comique qui nous entoure.

Ah, la nuit ! Inquiétante boite de Pandore, engrais de la noirceur de notre âme.

Tragi-comique comme cette langouste en costume-cravate (une oeuvre de François Bouton, déjà présent dans SNCB mon amour et qui change de style pour mieux accompagner ce nouvel opus) qui ouvre le bal et donne le ton sur la couverture. Dans ces 233 pages de délire jouissif, Nancy nous fait donc côtoyer ces destins perdus, qu’ils soient voulus ou subis. Tantôt bien wallons, tantôt héritier de noms anglo-saxons qui en jettent (Maddox, c’est mieux que René et Janis bien mieux que Josiane), les voilà à tituber, à trébucher dans les couloirs qui mènent à la damnation et au bureau du diable.

© Nancy Vilbajo aux Éditions du Chat Ailé

Ou peut-être n’est-ce que le destin fatidique et facétieux. Un bureau qui a ses entrées n’importe où, d’une plage aux chiens mystérieuse à des rêves cauchemardesques en passant par des wagons en route vers la destination et la solution finale ou encore dans la rue d’un SDF qui fait de l’humanité son héritière. Dans l’écriture de Vilbajo, il y a du Kafka mais aussi du Ray. À mesure que passent les histoires, en quelques pages ou des dizaines, Nancy a surtout un sens particulier et bien à elle de battre et rabattre les cartes tout en restant toujours maîtresse d’un jeu machiavélique mais aussi inspirant et très prenant.

-Bien, je vous écoute ! Peut-on savoir ce qui vous amène ?

-Mon testament !

-Votre… quoi ?

-Mon testament ! Je souhaite vous dicter mon testament.

(…)

-Votre testament ? Vous semblez bien jeune ! Quel âge avez-vous ?

-Bientôt trente-neuf ans ! (…) Vous me trouvez trop jeune, c’est cela ?

-Si vous le permettez…

-Je suis mort, maître ! C’est cela qui m’amène à vous ! Mais je boirais bien un verre, pas vous ?

Titre : Le bureau des destins perdus

Auteur : Nancy Vilbajo

Illustrateur : François Bouton

Genre : Nouvelles, Polar, Horreur, Fantastique

Éditeur : Le chat i

Collection : Polar

Nbre de pages : 231

Prix : 18 €

Date de sortie : le 20/06/2017


Bescherelle ta mère, Pivot ton père, Szewczyk notre maître !

© Sylvain Szewczyk chez Flammarion

Être un monstre, ce n’est pas uniquement mettre un masque et prendre un couteau. Cela peut aussi se faire insidieusement, gangrenant un peu plus, chaque jour, un monde qui a non seulement perdu son Latin mais est en train de perdre son français. À coup d’affiches, de folders, mais surtout de tweets et des statuts sur des réseaux sociaux qui ont depuis longtemps remplacé les journaux intimes de papier. Refusant de les garder pour eux, les cancres de l’orthographe partagent du coup généreusement leurs fautes qui sauteront aux yeux des plus avertis (qui sont de moins en moins). Et puisqu’il y a bien des sites pour remettre à leur place les feuilles de choux usant de grands procédés populistes, sensationnalistes et putassier (et putaclic); des sites ont aussi vu le jour pour recenser les plus grosses « coquilles » et foutages de gueule linguistique qui pullulent sur le web ou ailleurs.

© Sylvain Szewczyk chez Flammarion

Le plus célèbre de ces justiciers de la langue de Molière (plutôt que de celle d’Hanouna) est sans aucun doute Bescherelle ta mère mis sur pied par Sylvain Szewczyk, 25 ans et un sacré niveau en matière de sans-faute, prenant en défaut Monsieur et Madame Tout Le Monde qui, après tout et malheureusement, n’y peut pas toujours grand-chose ainsi que, surtout, quelques grands (mais petits francophiles) de ce monde. Bien sûr, les plus vilains les suivront à la (mauvaise) lettre. Et là, on se moque à coeur-joie de les voir tomber dans tous les panneaux, conscient qu’on ne peut pas leur jeter la pierre : qui ne fait jamais de faute ?

© Sylvain Szewczyk chez Flammarion

Mais « Je t’apprends le français, bordel », par sa compilation tous azimuts et évitant l’écueil du « best-of » chouette mais fade et sans conscience, est aussi une bonne manière de se rappeler certaines règles qui pourraient nous échapper. Car oui, à force de voir des fautes, la tentation est grande d’en faire, inconsciemment manipulés que nous sommes. Sylvain Szewczyk se fait donc aussi didactique, l’air de rien mais marquant les esprits de manière simple, efficace et hilarante.

© Sylvain Szewczyk chez Flammarion

Titre : Je t’apprends le francais bordel !

Auteur : Sylvain Szewczyk (et tous ceux qui ont mis leur pierre à l’édifice, bien malgré eux)

Genre : Compilation, Humour, Apprentissage

Éditeur : Flammarion

Collection : Documents

Nbre de pages : 160

Prix : 14,95 €

Date de sortie : le 23/08/2017

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