Rive, nouveau bijou dans les eaux pop et électro : « Chanter en français, c’est s’apprivoiser les nuances, exploiter les sens cachés »

Vous nous rejoindriez sur l’autre rive ? Rive, c’est le nom d’un duo nouveau venu sur la scène belge mais qui fait déjà beaucoup parlé de lui. Composé de Juliette Bossé et Kévin Mahé, Rive vient ainsi de sortir son premier EP, Vermillon, déjà remarqué par son esthétique toute personnelle et une pureté vocale et musicale qui en font du miel pour les oreilles. Interview dans une ambiance de coloc’. (Photo de couverture d’Olivier Donnet)

Bonjour Juliette, bonjour Kévin, à vous deux, vous êtes Rive. Un duo qui a surpris son monde avec un premier clip envoûtant. Vous nous expliquez?

Kévin : En fait, nous venons de Bretagne. Nous sommes venus à cinq copains à Bruxelles, il y a quelques années, notamment en suivant Nicolas Pitz qui faisait ses études de BD à Saint-Luc. Bruxelles nous a amenés des amis, des amours, la possibilité de mener des projets et de faire de la musique.

Juliette : Ce clip, comme beaucoup d’autres choses inhérentes à ce groupe, est une histoire d’amis. Depuis notre arrivée en Belgique, nous vivons dans une colocation avec d’autres artistes et créateurs. Nous suivons mutuellement le travail des uns et des autres. Et notamment de Julie Joseph. Ce qui est assez fou, c’est qu’elle a travaillé seule sur ce clip, dans son coin, en secret, sans que nous ne nous doutions de rien. Quand elle nous a montré le résultat, nous avons été très émus. Elle avis mis des images sur notre musique et ce en regard de ce qu’elle connaissait de nous et de cet engagement féministe dont on ne se cache pas.

La pochette, aussi, joue d’énigmatisme.

Juliette : C’est un buste de femme à tête coupée. C’est un symbole d’identité, cela représente toutes ces femmes dont on a coupé les ailes en voulant les enfermer dans des rôles. Le bateau en partance sur cette même pochette représente la possibilité de s’émanciper.

© Julie Joseph

Et votre nom, Rive ?

Juliette : Cette une histoire de contraste. Une rive, c’est une ligne entre l’eau, qui peut signifier l’horizon ou le mystère, et la terre. On voulait ainsi se réapproprier des thématiques dures pour en exploiter la poésie, se les approprier.

Par exemple, dans le titre Nuit, nous faisons références à ces mouvements de femmes qui, dans les années 70’s, manifestaient de nuit en faveur de la Libération des femmes. Il y a trois semaines, il y a eu un mouvement similaire, Reclaim the night. C’était très violent.

À vrai dire, certains vous connaissaient déjà sous le nom d’autres groupes comme Juke Boxes ou Arther. Mais, ici, c’est la première fois que vous faites le choix du français.

Juliette : Si on parle pas mal anglais, le français, on a grandi avec, on le lit. Au départ, il y avait quelques chansons écrites dans notre langue maternelle. Une envie. Les premiers concerts sont arrivés et ont vraiment confirmé celle-ci. Après avoir gagné le concours de Du F. dans le texte, nous nous sentions à l’aise et content des retours, sans manquer de quoi que ce soit. En écrivant et chantant en français, il y avait une volonté de saisir les nuances, d’en user, avec ses sens cachés, sa richesse. C’est très agréable. Puis, c’était une façon de se dévoiler un peu plus.

De la richesse dans votre musique aussi, qui fait le saut entre le calme et le réveil. Des très belles mélodies, voluptueuses avant d’être réveillée par l’électro. Faut-il se méfier de l’eau qui dort ?

Kévin : C’est vrai et ce n’est pas gratuit, nous voulions pouvoir passer d’une douceur à une dureté, de quelque chose d’apaisé à quelque chose qui tiendrait de la violence brute.

Juliette : Nous venons de la pop et du rock. On aime les concerts qui prennent aux tripes et envoient du gros sons (rires).

© Julie Joseph

En tout cas, vers la lumière, il n’y a qu’un pas. Beaucoup de monde vous adore alors que vous venez seulement de publier votre premier EP. Il y a même des chroniques sur des sites anglais.

Juliette : Le clip a été vu quelque 120 000 fois, partout dans le monde qui, peut-être, écoute de plus en plus de chansons en français. Mais, ici, avec nos arrangements, nous essayons de nous éloigner de la chanson française classique et cliché. Nos influences s’orientent plus vers Moderat, Son Lux…

J’aime aussi la pop. J’écoute de manière très intéressée ce que font Odezenne, Nicolas Michaux ou Radio Elvis.

Kévin : Moi je suis plus dans l’anglo-saxon. Avec Tame Impala, notamment. Mais nous essayons d’être attentifs et de toucher à tout.

Justement, comment vous êtes-vous rencontrés ?

Juliette : Notre première rencontre, je vous le donne en mille, c’est grâce à la musique, du rock. Notre relation s’est épanouie, nous avons passé le plus clair de notre temps, grandi ensemble. Un vrai duo naturel qui fonctionne et se complète.

Quelle est la suite pour vous ?

Kévin : Tout se construit au fur et à mesure. Nous avons de plus en plus de morceaux mais le but est de faire tourner cet EP, cet été, dans les festivals.

Juliette : Ce qu’il se passe, c’est fou. C’est chouette d’émerger dans un paysage musical avec une aussi belle scène. Entre les Nicolas Michaux, Faon Faon ou Ulysse et les autres.

© Julie Joseph

Justement, vous êtes toujours Bretons ou résolument Bruxellois ?

Juliette : Bruxellois. En plus, on a trouvé l’amour sur place. Ça aide à ne plus vouloir quitter cette ville (rires). Mais on a réellement trouvé une ville plus agréable, plus accessible. C’est bête mais les immeubles ne sont pas très hauts, il y a de la place pour boire un verre en terrasse. Il n’y a pas une identité requisse. Ici, toute personne se fond dans la basse et se retrouve dans la ville.

Kévin : Quant à la musique, le pays n’est pas très grand, ce qui oblige à s’intéresser à tout ce qui se fait. Ici, tout se joue dans la notion de proximité, on n’est jamais très loin de rien. C’est un plaisir de vivre dans une capitale à taille humaine.

Des conseils pour les amis français qui planifierait une visite à Bruxelles ?

Juliette : On ne va quand même pas donner nos trucs ! (rires) Mais le mieux est qu’ils y passent du temps, qu’ils se l’approprient.

Kévin : Il ne faut pas vouloir tout tout de suite.

Merci à tous les deux et à très vite sur les scènes, qu’on espère ensoleillées, des scènes et festivals à venir. Vous serez :

Titre : Vermillon

Artiste : Rive (sur Facebook)

Format : EP

Nbre de titres : 4

Durée : 14 min

Label : Art-i

Sortie : le 03/03/2017