Jour 3. Déjà le dernier jour du festival. La nuit a été courte pour beaucoup, notamment ceux qui profitent du camping jusqu’à l’heure où d’autres se lèvent…
(Retrouvez le compte-rendu des trois jours de festival, ici)
Si Manu Chao, qui venait pour la 3ème fois au Festival, était une des têtes d’affiche et la star du samedi, beaucoup – dont votre serviteur – attendaient avec fébrilité la journée du dimanche pour découvrir Patti Smith, pour un spectacle qu’on annonçait entre lecture et musique acoustique. « An Evening of Words and Music »
L’icône punk des années 70, compagne de route du photographe Robert Mapplethorpe, épouse de Fred « Sonic » Smith (guitariste des MC5), chanteuse et poétesse, foulait le sol d’Esperanzah pour la première fois à l’occasion de cette 15ème édition. Un beau cadeau aux organisateurs et au public.
Annoncée comme une des têtes d’affiche au lendemain d’un concert de Big Flo & Oli où le public avait plutôt l’âge du festival – 15 ans -, on était en droit de se demander si le public du Festival était autant impatient de la découvrir sur scène que je ne l’étais. Rappelons que ces disques les plus connus et qui ont le plus contribué à en faire une icône (Horses, Radio Ethiopia, Waves et Easter) sont sortis en 75 et 79. Tiens, tiens, les années du Temps des cerises. Une autre époque. Si proche et si lointaine à la fois.
Programmée à 19h et non à 20h30 ou 22h, heures habituelles des têtes d’affiche, la question n’en restait que d’autant plus ouverte.
Dès 16h pourtant, avant même le début du concert d’Ala.Ni, les premiers fans de Patti Smith sont déjà là, collés à la barrière afin d’être certains d’avoir la plus belle place. Ici, ils n’ont pas 15 ans et ne viennent pas de Namur, Charleroi ou Liège: il s’agit d’alertes quinquas, venus des Pays-Bas ou d’Angleterre, arborant fièrement un t-shirt à l’effigie de leur idole. Des vrais fans!
19h. Le concert commence. Le public est plus bigarré que jamais: toutes les générations se croisent. Rarement depuis la création du Festival on aura vu autant de monde côté jardin à cette heure: à croire que le comptoir des saveurs et le village des possibles ont été vidés pour l’occasion. Certains vendeurs du comptoir des saveurs sont d’ailleurs dans le public: leur première pause depuis le début du festival!
Accompagnée de Tony Shanahan (basse, piano) et de son fils Jackson Smith à la guitare, Patti monte sur scène. La poétesse, la femme de lettres plus que de musique, lunettes sur le nez et feuilles en main. L’amie des auteurs de la beat génération, comme Allen Ginsberg. C’est justement avec Allen qu’elle entame le show, et la lecture du poème « Footnote to Howl« .
Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy!
Holy Festival ajoute-t-elle sous les vivats du public dont certains scandent avec elle le poème de Ginsberg avec autant de facilité qu’un Namurois chanterait Li Bia Bouquet le lundi des Wallos.
Le doute n’est plus permis: son public est là, conquis, acquis.
Elle range ensuite ses lunettes et entame une heure de concert moins acoustique qu’annoncé où s’enchainent ses titres mythiques, de Dancing Barefoot en ouverture à Gloria en clôture, en passant par Because the night et bien d’autres, faisant chanter jeunes comme moins jeunes, fans de la première heure comme fans de la troisième génération, avec une énergie et une sincérité qui fait plaisir à voir.
Si certains craignaient un set formaté d’une artiste pro, ils ont été vite rassurés: Patti Smith a été à la hauteur de sa légende, une artiste engagée, touchante, généreuse, en totale communion avec son public, allant jusqu’à échanger quelques mots avec les fans du premier rang.
En 15 ans, un festival multiplie les souvenirs uniques, les concerts hors-normes, les anecdotes, les émotions mais gageons que ce concert de Patti Smith restera longtemps parmi les événements les plus marquants. L’événement où pendant des années, on pourra bassiner nos amis et parents/enfants en disant « J’y étais ». Une page d’Esperanzah s’est écrite dimanche entre 19h et 20h15. Une belle page.
Si vous connaissez plus ces chansons que ces livres, délectez-vous avec la lecture de ces livres, notamment le récent M Train ou dans Just Kids, lauréat du National Book Award en 2010. L’occasion avec ce dernier, de se plonger dans ses premières années à New York et dans sa relation avec Mapplethorpe, qui signait quelques unes des plus belles photos de Patti, dont la pochette du mythique album Horses
Si vous avez manqué ce concert exceptionnel ou que vous voulez prolonger cet état de grâce, rendez-vous au Jazz Middelheim à Anvers ce samedi pour la voir une nouvelle fois sur scène!
Et n’oubliez pas: People have the power!
Site officiel : http://www.pattismith.net/
Compte-rendu et photos: B. Demazy
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