Le FIFF, ce jeune et fringant trentenaire – Bilan et palmarès

Voilà, c’est fini! Mais soyez sans crainte, ça reprendra de plus belle l’année prochaine. Cet édition-anniversaire du Festival International du Film Francophone a pu souffler le beau et le bon tout au long d’une semaine émaillée de riches moments de cinéma mais aussi de vie namuroise, de culture, de sensibilisation à des actualités bouillantes, de liesse aussi. Une édition qui se voulait moins tournée sur la rétrospective que sur l’avenir et les belles promesses qu’il nous réserve. Un chose est sûre, il y en a eu pour tous les goûts.

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Les yeux un rien fatigués par une soirée de clôture sans doute un peu trop tardive, l’heure est venue de faire le bilan de ce fier festival namurois. Et si un mot devait sans doute rester (outre « anniversaire ») pour résumer ce cru 2015 riche en temps fort, il s’agirait sans aucun doute du thème de la famille. La famille omniprésente tout au long du FIFF, colorée en fonction des réalisateurs et mises à toutes les sauces. Dès le premier film, Préjudice (d’un Antoine Cuypers qui a bien des qualités pour nous réjouir), le ton était donné: une sorte de Prénom à sens inverse, sur le versant dramatique d’une montagne autrichienne, quand une famille tente de préserver son équilibre que casse irrémédiablement un de ses membres.

Mais Préjudice, ce n’était que le début, suivirent d’autres films plus familiaux que jamais, de drames en bonheurs certains, jamais en panne de moments d’émotions. Comme avec Paul à Québec de François Bouvier, La Vanité de Lionel Baïer, Un début prometteur d’Emma Luchini, Je suis un soldat de Laurent Larivière, Je me tue à le dire de Xavier Seron, Une enfance de Philippe Claudel et tant d’autres. Au fil des jours, les figures s’entrechoquaient pour le meilleur comme pour le pire à l’écran, les pères, les fils, les oncles, les mères étaient mis à contribution d’intrigue en intrigue. Il y avait aussi de la place pour la famille au sens large, celle qui se crée en-dehors des liens du sang, qui se vit dans les idéologies, les diktats des groupes. Deux fameux exemples furent donnés par Black d’Adil El Arbi et Bilall Fallah ainsi qu’Un Français de Diastème proposé en FIFF Campus, et qu’est-ce que c’était bien vu.

Du côté des stars, sans doute les chasseurs d’autographe se seront-ils sentis un peu moins gâtés que les années précédentes. Vincent Cassel excusé, Maïwenn inexcusable, après une ouverture en grande pompe entre Arno et Nathalie Baye, le FIFF des visages connus s’est essoufflé au fil de la semaine avant l’arrivée, celle d’une vedette, d’une Vanessa Paradis merveilleuse de naturelle et de simplicité mais dont l’aura « peoplelienne » (hollywoodienne et « Deppienne » aussi) a sans doute bousculé un peu les codes si bon enfant du Festival pour se vêtir (quelques heures seulement) des habits du protocole. Mais quel superbe moment, elle nous a offert en répondant avec simplicité aux questions d’Hugues Dayez.

Fiff 2015 - Vanessa Paradis (1)

Fiff 2015 - Vanessa Paradis (3)

Puis, ne gâchons pas notre plaisir, quels jurys de grande classe, le FIFF a convoqué cette année! Jugez plutôt: Lubna Azabal, Laura Smet, Frédéric Diefenthal, Olivier Gourmet, Raphaël Personnaz, Marc-André Grondin, Pitcho et tous les autres. Les flash n’ont cessé de crépiter autour de ces jurés fusionnels et sympathisants comme jamais, en témoignent les tweets et retweets de Personnaz et Grondin, les cris gutturaux (et totalement hilarants) d’Olivier Gourmet lors de la cérémonie des Bayard ou encore ce moment d’amour (ou n’était-ce que de l’humour?) tendre et câlin entre Pitcho et Marc-André Grondin lors de cette même cérémonie.

Cérémonie des Bayard 2015 (27)

Sans oublier les merveilleux acteurs (au propre comme au figuré) de demain, qui ont hissé haut le pavillon des belles promesses, derrière ou devant les caméras, autour d’elles, au scénario et ailleurs. Ils sont nombreux et c’est tant mieux. Car oui, le FIFF, c’est un pari d’avenir, et cette trentième édition l’a prouvé de belle manière. Un grand moment de Septième Art, d’art tout court même comme toute la culture peut se donner rendez-vous à Namur (de la photographie, qu’elle soit de Valérie Nagant ou de tous ces photographes qui font vivre le cinéma de la vie en instantanés; à la musique en passant par tout le reste). Le FIFF a les mêmes armes qu’au tout début: une sincérité exemplaire, une bonhomie des plus beaux jours et une convivialité difficilement égalable. Tant sur les plateaux, les scènes et les écrans que dans l’antichambre, des les coulisses où les équipes, les bénévoles, cinéphiles ou pas, s’activent sans relâche pour donner le meilleur du FIFF. Allez une dernière fois, tous en chœur: Bon anniversaire et à l’année prochaine pour une 31ème édition que nous ne manquerions pour rien au monde!

Notre Top 5 des films vus au FIFF

Bon, mea culpa, encore cette année, nous avons vu beaucoup de films, 21 au total sans compter les courts-métrages, mais rarement ceux qui ont été primés aux Bayard. Pas de chance mais relativisée l’intime conviction d’avoir bien su profiter de ce Festival, en se laissant porter par nos envies… et en faisant aussi (et malheureusement) des croix sur certains films (souvent parmi les plus matinaux, on se demande bien pourquoi) sous peine de ne pas survivre à cette semaine plus que cinéphile. Aussi avant de vous livrer le palmarès complet, en long et en large, voici nos TOP 5 des films qui, qu’ils soient inclus dans les diverses compétitions ou pas, nous ont marqué! Les critiques de ceux-ci, ainsi que de tous les autres, arriveront dans les jours/semaines/mois à venir en fonction de l’agenda des sorties.

Pour Alexis:

1) La Vanité: c’est un formidable Lionel Baier qui retrouve le jeune acteur débutant (après une longue carrière dans la radio suisse), Patrick Lapp, pour un huis clos dramatique et passionnant autour de la volonté d’euthanasie d’un homme qui s’est lassé de la vie. C’est caustique, drôle et diablement touchant, sans pour autant être tire-larmes.

2) Avril et le monde truqué: À l’heure où la technique voit ses ambitions en 3D (avec d’excellents films d’animation, hein!), qu’il est bon de se plonger dans un dessin animé au coeur du traditionnel et de la magie des traits. Surtout quand ceux-ci sont signés Jacques Tardi. Doublage efficace et univers parfaitement maîtrisé font de cette uchronie à la science-fiction vintage font de ce long-métrage de Franck Ekinci et Christian Desmares, une pure merveille polie pendant sept ans de réalisation. On aura le temps d’en reparler.

3) Ni le ciel ni la terre: Film de guerre plus que singulier, ce premier long nous entraîne dans l’enfer de la guerre terrestre (comme psychologique) en Afghanistan. Des hommes disparaissent, mais la tension monte sans relâche pour rendre l’ensemble incroyable d’intensité autant que de mystère. C’est insidieux et totalement séduisant, emmené encore une fois par un Jérémie Renier impérial.

4) Les Êtres chers: Deuxième long-métrage de la Québécoise Anne Émond, Les Êtres chers parle de la famille, celle qui évolue au fil des années, des bonheurs et des tristesses. Suivant une famille durant vingt ans, ce film livre un vrai panorama de toutes les émotions susceptibles de traverser cette vie familiale, amenant parfois au chaos comme au réconfort. On a préféré la justesse et la volonté de ne pas en faire trop des Êtres chers aux qualités de son compatriote Paul à Québec tartinant un peu de trop le pathos sur le pathos avec la volonté trop flagrante de faire pleurer la salle et les spectateurs.

5) En mai fais ce qu’il te plaît: Encore un film sur la guerre 40-45? Oh non. Éh bien si, oh que oui, d’autant qu’il est signé par Christian Carion, réalisateur de Joyeux Noël et de la trop sous-estimée Affaire Farewell. Relatant l’exode d’un village français sur les routes de Mai 40 et leurs dangers, Christian Carion a non seulement réussi à réunir un casting conséquent et tellement à la hauteur de ce très beau film mais aussi à nous changer des films de guerre larmoyant comme il y en a des dizaines par an. Il y a de la joie dans son film, beaucoup de joie, pour désamorcer les morsures et les morts de cette guerre atroce. Sublimé par la musique d’Ennio Morricone et avec un côté western voulu, En mai fait ce qu’il te plaît est bien plus réaliste que beaucoup trop d’autres films ne jouant que sur le drame et les larmes.

Pour Alizée:

1) Avril et le Monde Truqué, de Franck Ekinci et Christian Desmares. Un moment magique dans un univers qui l’est tout autant. Un véritable bouffée d’air frais dans le paysage actuel de l’animation.

2) Ni le Ciel ni la Terre, de Clément Cogitore. Un film puissant dont on ne sort pas indemne, du jamais vu!

3) Les Êtres Chers, d’Anne Emond. Un plongée tout en finesse dans une famille québécoise, un film pour lequel le temps semble se suspendre pour permettre au spectateur de s’immerger totalement dans cette histoire échelonnée de joies, de secrets, de peines, de parties de rire,… Une réussite!

4) En mai, fais ce qu’il te plaît, de Christian Carrion. Un film de guerre, mais pas que. L’histoire d’un exode porté par un Olivier Gourmet magistral, et un August Diehl parfait.

5) Paul à Québec, de François Bouvier, ex-aequo avec La Vanité, de Lionel Baier. Impossible de départager ces deux petites perles, certes dans deux genre totalement différent, mais traitant finalement d’un même thème; la famille face à la mort.

6) J’ajouterais cependant à ce palmarès personnel, une mention spéciale à Aferim! de Radu Jude. Un western lent et très parlant (trop à mon goût!) qui m’a tout de même interpellé. Notamment grâce à cette photographie magnifique qui nous plonge immédiatement dans une ambiance si singulière. Le noir et blanc est tout simplement parfait, exaltant la beauté des paysages que traversent les deux héros.

Sans oublier tous les autres films qui nous ont fait frémir, nous extasier, pleurer et sourire dans les salles si jolies de la capitale wallonne.

Et maintenant, pour clore en beauté ce dernier article sur le FIFF, quoi de mieux que ce palmarès éclectique?

COMPETITION OFFICIELLE LONGS METRAGES

Composition du Jury

•Olivier Gourmet (Belgique – Comédien) – Président du jury
•Khaled Benaïssa (Algérie – Réalisateur et comédien)
•Pitcho Womba Konga (Belgique/R.D. Congo – Metteur en scène, comédien, rappeur)
•Elisa Garbar (Suisse – Productrice)
•Marc-André Grondin (Québec – Comédien)
•Raphaël Personnaz (France – Comédien)
•Laura Smet (France – Comédienne)

Longs métrages en Compétition

• AFERIM ! de Radu Jude (Roumanie/Bulgarie/République Tchèque)
• CHORUS de François Delisle (Québec)
• DES APACHES de Nassim Amaouche (Algérie/France)
• HORIZONTES d’Eileen Hofer (Suisse)
• L’HERMINE de Christian Vincent (France)
• LA MONTAGNE MAGIQUE d’Anca Damian (Roumanie)
• LA VALLÉE de Ghassam Salhab (Liban)
• LA VANITE de Lionel Baïer (Suisse/France)
• LES ETRES CHERS d’Anne Emond (Québec)
• MUCH LOVED de Nabil Ayouch (Maroc/France)
• OUR CITY de Maria Tarantino (Belgique)
• PARISIENNE de Danielle Arbid (Liban/France)
• TEMPÊTE de Samuel Collardey (France)
• UNE ENFANCE de Philippe Claudel (France)
• WELCOME HOME de Philippe de Pierpont (Belgique)
Bayard d’Or du Meilleur film

Tempête, de Samuel Collardey (France)

Prix Spécial du Jury

Our City, de Maria Tarantino (Belgique/pays-Bas)

Mention Spéciale

Welcome Home, de Philippe De Pierpont (Belgique)

Bayard d’Or du Meilleur scénario

Philippe Claudel pour Une enfance

Bayard d’Or de la Meilleure photographie

Marius Panduru pour Aferim ! de Radu Jude (Roumanie/Bulgarie/République Tchèque/France)

Bayard d’Or de la Meilleure comédienne

Loubna Abidar dans Much Loved de Nabil Ayouch (Maroc/France)

Bayard d’Or du Meilleur comédien

Dominique Leborne dans Tempête de Samuel Collardey (France)

COMPETITION PREMIERE OEUVRE DE FICTION

Le Jury Emile Cantillon est composé de jeunes de 18 à 25 ans, issus de la Francophonie. Il visionne l’ensemble des premières œuvres de fiction présentées dans le cadre du Festival.

Composition du Jury Emile Cantillon

•Flavia Dima (Roumanie)
•Mariam El Mouchaouq (Maroc)
•Ramatou Fhaouzia Ouédraogo (Burkina Faso)
•Manon Goupil (Suisse)
•Sébastien Kubiak (France)
•Elvire Muῆoz (Belgique)
•Camille Trudel (Québec)
Films en Compétition

• A PEINE J’OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid (Tunisie/Belgique)
• JE ME TUE A LE DIRE de Xavier Seron (Belgique)
• JE SUIS A VOUS TOUT DE SUITE de Baya Kasmi (France)
• JE SUIS UN SOLDAT de Laurent Larivière (France)
• KEEPER de Guillaume Senez (Belgique/France/Suisse)
• L’OEIL DU CYCLONE de Sékou Traoré (Burkina Faso/Cameroun/France)
• LA MARCHEUSE de Naël Marandin (France)
• LA VIE EN GRAND de Mathieu Vadepied (France)
• LE BRUIT DES ARBRES de François Péloquin (Québec)
• LE NOUVEAU de Rudi Rosenberg (France)
• LES DEMONS de Philippe Lesage (Québec)
• LUMEA E A MEA de Nicolae Constantin Tanase (Roumanie)
• NI LE CIEL NI LA TERRE de Clément Cogitore (France/Belgique)
• OUTRE ICI d’Hugo Bousquet (Belgique)
• PARASOL de Valéry Rosier (Belgique)
• PREJUDICE d’Antoine Cuypers (Belgique/Luxembourg/Pays-Bas)

Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre de fiction

A peine j’ouvre les yeux, de Leyla Bouzid (Tunisie/Belgique/France/Emirats Arabes Unis)

Prix Découverte

Ni le ciel ni la terre, de Clément Cogitore (France/Belgique)

Mention

Le Nouveau, de Rudi Rosenberg (France)

COMPETITION OFFICIELLE COURTS METRAGES

Composition du Jury

•Lubna Azabal (Belgique – Comédienne) – Présidente du jury
•Frédéric Diefenthal (France – Comédien)
•Ian Gailer (Québec – Programmateur)
•Cédric Ido (Burkina Faso/France – Réalisateur)
•Camélia Jordana (France – Chanteuse et comédienne)

Bayard d’Or du Meilleur Court Métrage

« Waves ‘98 » de Ely Dagher (Liban/Qatar)

Prix spécial du Jury

« Ton cœur au hasard » de Aude Léa Rapin (France)

Mention

« Père » de Lotfi Achour (Tunisie/France)

COMPETITION NATIONALE FEDERATION WALLONIE-BRUXELLES

Prix du Meilleur Court Métrage

« The Hidden Part» de Monique Marnette et Caroline D’hondt (Belgique)

Prix spécial du Jury

« Dernière porte au Sud » de Sacha Feiner (Belgique/France)

Prix de la Meilleure photographie

Léo Lefèvre pour le film « Les Amoureuses » de Catherine Cosme (Belgique/France)

Prix d’interprétation
Sophie Breyer, Judith Williquet, Lou Bohringer, Olivia Smets, Stéphane Caillard dans« Le sommeil des amazones » de Bérangère McNeese (Belgique)

Mention

« Zoufs » de Tom Boccara, Noé Reutenauer et Emilien Vekemans (Belgique)

COMPETITION CLIPS

Prix du Meilleur clip

« She’s bad » réalisé par Jean-Philippe Chartrand et Benjamin Mege aka Dent de Cuir (France/USA)
Artiste : DyE Feat. The Egyptian Lover

AUTRES PRIX

Prix du Public Long Métrage Fiction
« Le Nouveau » de Rudi Rosenberg (France)

Prix du Public Documentaire
« Eclaireurs » de Christophe Hermans (Belgique)

Prix du Public Court Métrage
« XYZ, The City Hunter » de M. Tikal (Belgique)

Prix du Jury Junior
« Paul à Québec » de François Bouvier (Québec)

PRIX OFF
Prix Cinevox – Long Métrage Belge

Les films concourant pour le Prix Cinevox
• « Black » d’Adil EL ARBI et Bilal FALLAH
• « Keeper » de Guillaume SENEZ
• « Je me tue à le dire » de Xavier SERON
• « Outre ici » d’Hugo BOUSQUET
• « Parasol » de Valéry ROSIER
• « Préjudice » d’Antoine CUYPERS
• « Welcome home » de Philippe DE PIERPONT

Le Jury Cinevox a remis son prix au Meilleur film belge francophone de l’année :

Je me tue à le dire de Xavier Seron (Belgique/France)

Prix de la Critique – Long Métrage Belge

Keeper de Guillaume Senez (Belgique/Suisse/France)

Prix Be TV – Court Métrage belge

Tout va bien, de Laurent Scheid (Belgique/France)

Prix ARTE – Court Métrage

Nelson, de Thomas Xhignesse et Juliette Klinke (Belgique) Prix Format Court – Court Métrage International

Prix Format Court

Renaître, de Jean-François Ravagnan (Belgique/Tunisie)

Par Alexis & Alizée Seny

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