Parce qu’il est bien de s’intéresser à la culture en son aval, il est aussi parfois important d’en découvrir l’amont. C’est pourquoi Dominique Vergnes est parti à la rencontre M. Pivaut, directeur de la célèbre et prestigieuse école Pivaut. Basée à Nantes et Rennes, elle offre un large panel de formations : nouvelles technologies de l’image,la 2D, la 3D, le design, la bande-dessinée ou encore l’architecture d’intérieur, etc. Le tout dans une démarche professionnalisante. Voici le résultat de cette rencontre passionnée sur les tenants et aboutissants de cette école.
Bonjour M. Pivaut, présentez -nous donc l’École Pivaut.
Nous sommes une Ecole unique en France du fait de la diversité des formations que nous offrons. Nous proposons des cursus bien spécifiques comme l’animation 2D, l’animation 3D, l’illustration, la bande-dessinée, le design graphique, le design architecture d’intérieur et la décoration peinte. Chaque filière est une formation à part entière. Le concours d’entrée amène à la première année de tronc commun arts appliqués ou dessin narratif. C’est une année très technique. Si le candidat n’a pas réussi les épreuves du concours, il peut intégrer l’Ecole par la prépa arts appliqués ou la prépa dessin narratif. Ce sont des mises à niveau sur une année. En résumé, voici les 2 manières de rentrer dans nos cursus ; l’entretien pour la prépa et le concours pour la première année de tronc commun.
Une école autonome?
Oui, il est clair que nous sommes une structure totalement autonome et indépendante. Nous ne sommes pas financés par la Région. Nous sommes une Ecole privée.
Toutes les formations que nous dispensons à l’Ecole sont basées sur les fondements du dessin. C’est notre marque de fabrique. C’est pourquoi, nos étudiants sont formés à dessiner. Ils sont remis à niveau en prépa. Nous leur apprenons les techniques du dessin les premières années et en 2ème et 3ème années, ils sont formés aux techniques propres à chaque métier enseigné à l’Ecole. Ils sont perfectionnés dans toutes les techniques. De plus, les enseignants sont tous des professionnels en activité. Les élèves sont donc confrontés aux réalités des métiers et travaillent comme des professionnels. Nous sommes là pour les faire avancer et les faire grandir.
Comme la CIBDI (Cité internationale de la bande dessinée et de l’image) à Angoulême, subissez-vous, néanmoins, des pressions de politiciens locaux?
Non, aucune pression. Je ne fréquente pas les édiles de Nantes ou de la Région. Je ne vais pas dans les soirées mondaines. Notre école est indépendante des politiques locales. Nous sommes privés et cherchons avant tout à le rester. Nous tenons à notre autonomie.
Nous avons cependant un partenaire régional qui est la PRI DESIGN IN des Pays de La Loire. C’est une plateforme régionale d’innovation pour la promotion et la valorisation du Design, et nous ne sommes que trois écoles à avoir accès à leur laboratoire de réalité virtuelle.
Il est important de rappeler que l’Ecole vit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les étudiants peuvent venir travailler même la nuit dans l’établissement. Cela leur permet d’organiser leur temps de travail comme ils le souhaitent et ainsi de bénéficier jour et nuit du matériel de haute qualité qui est à leur disposition pour leurs travaux personnels. Nous avons une force de travail importante dans ces métiers ! On crée, on cherche, on vit à l’Ecole !
Quant au personnel de votre Ecole?
L’Ecole compte 72 professionnels et 700 étudiants. Elle existe depuis plus de 30 ans. C’est une des plus vieilles écoles d’art dans le grand Ouest. Nous sommes basés à Rennes et à Nantes, où il y a la maison-mère. Notre force, c’est le professionnalisme de nos enseignants et un vrai savoir-faire. Nous recevons 280 candidats au concours pour 70 places.
Nous avons la chance d’avoir un bon fichier d’anciens étudiants qui nous recontactent en vue d’embaucher les futurs diplômés. Nous avons créé aussi un espace « Recruteur » sur notre site où les books des anciens étudiants sont en ligne. Leurs travaux sont ainsi visibles par les recruteurs.
Un monde professionnel qui est délicat non?
Nous essayons surtout de ne pas décourager ou trop faire rêver nos étudiants, de leur montrer la vraie réalité des études et du monde professionnel.
Souvent, les candidats au concours se sont déjà renseignés sur une ou deux écoles avant de venir dans notre établissement. Ils viennent chez nous pour apprendre un véritable métier ou se perfectionner.
De manière générale, cette école appartient aux étudiants. C’est leur école, ce sont eux qui la font vivre. Nous leur enseignons les bases du métier et nous en faisons de vrais professionnels, c’est valorisant et pour nous et pour eux. C’est super d’accompagner ces étudiants.
À l’instar de l’EMCA (Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation), vous arrive-t-il d’être surpris par la créativité de vos élèves? De leurs travaux?
Oui, très surpris parfois. Le mot d’ordre chez Pivaut c’est « on travaille, on est passionné par le dessin, on laisse sa créativité s’exprimer ». La créativité chez nos élèves explose. Nous sommes souvent surpris par leur professionnalisme.
Et vous-même, vous êtes issu de l’animation?
Oui tout à fait, je suis issu de l’animation. J’ai travaillé comme professionnel. Je sais donc de quoi je parle car je suis du métier moi aussi. Les professionnels qui enseignent dans l’Ecole, sont tous des spécialistes dans leur domaine : le design, l’illustration, la bande dessinée …
L’apprentissage de l’animation 3 D et 2D, c’est quelque chose de récent chez vous?
Non, ça fait quasiment plus de 20 ans que nous formons à l’animation 2D, et je lance la formation à l’animation 3D en septembre prochain. Il y aura 3 années d’études pour l’animation 3D : une année de tronc commun, une 2ème année animation 2D et 3D et une 3ème année uniquement animation 3D.
Ce sont aussi les studios d’animation, avec qui nous travaillons déjà, qui ont fait pression et qui nous ont soutenus pour que nous mettions en place une formation à l’animation 3D. Il n’y avait rien de sérieux dans l’Ouest en 3D…J’aime lancer des nouvelles choses… une nouvelle formation. Il faut que ça bouge, sinon, on s’ennuie. Nous cherchons avant tout à valoriser nos étudiants, à développer un réseau, à les aider pour construire leur book, à faire en sorte qu’ils aient un travail.
Vous allez sur des festivals?
Pour la Bande dessinée, nous allons chaque année à Saint-Malo à « Quai des bulles ». Nous apprécions beaucoup ce festival car c’est une super équipe avec qui nous sommes partenaires depuis longtemps. Nous allons aussi au festival d’Annecy pour l’animation. C’est important d’y être présents pour placer nos étudiants.
Sinon, nous sommes sollicités pour inscrire les films d’animation de nos étudiants auprès d’une cinquantaine de festivals par an, dont une trentaine dans le monde. Chaque année, plusieurs films sont sélectionnés dans des compétitions officielles mais nous ne poussons pas nos élèves à produire pour la récompense. Si leur film est remarqué par un prix, c’est très bien mais ce n’est pas une priorité revendiquée pour l’Ecole.
Et pour les stages de vos étudiants?
Les stages sont obligatoires en seconde et troisième années. Ils ne sont pas obligatoires à l’étranger car nous sommes conscients que cela est relativement onéreux pour les étudiants en plus du coût des études.
Nous avons pratiquement 50 demandes de stage par mois. Deux personnes en interne examinent la véracité des offres et des demandes de stages. En effet, nous vérifions que les stages ne soient pas des demandes de main-d’œuvre gratuites mais qu’il y ait bien une véritable volonté de transmission de savoir-faire aux élèves.
Nous faisons attention aux abus. Nous sommes des professionnels dans notre domaine. Nous travaillons dans des domaines artistiques mais nous formons avant tout des techniciens.
Nous avons également une formation au Design de l’habitat très élaborée. Nous formons des designers et des aménageurs d’espace intérieur. Nous avons mis en place des partenariats avec le Voyage à Nantes et les Rendez-vous de l’Erdre pour la section design. Nous apprécions de collaborer avec des événements culturels régionaux de cette ampleur afin d’apporter de belles expériences professionnelles à nos étudiants durant leurs études. Par contre, nous ne sommes pas prestataires de services. Nous mettons en place des partenariats dans un but uniquement pédagogique.
Nos étudiants, par la suite, sont des indépendants ou salariés dans les entreprises d’architectures ou de design. Nous les retrouvons à l’étranger, aux Etats-Unis, au Canada et même en Finlande…
Enfin, quand on parle de formation de qualité, on parle aussi de matériel de qualité, c’est le cas chez vous?
Évidemment, chaque étudiant utilise une palette graphique Cintiq 21 pouces ou A4 pour dessiner. Nous avons été la première école en France à investir dans ce type de matériel professionnel haut de gamme. Les élèves disposent de plusieurs salles de stations de travail avec carte graphique, serveur de stockage, … Nous renouvelons notre matériel tous les 2-3 ans avec l’aide des enseignants et des professionnels.
Merci beaucoup Monsieur Pivaut!
Site: www.ecole-pivaut.fr
Et voilà quelques créations d’étudiants de l’École Pivaut:
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