Arcadium: insérez une pièce, prenez un couteau ou une hache et plonger dans l’horreur, le malaise du génial Nikopek

© Nikopek

Attention, expérience complètement folle, au (pas) propre comme au figuré. Nikopek, l’auteur rock’n’roll des Rockabilly Zombie (Superstar et Apocalypse) avait disparu des radars livresques depuis quatre ans. Le revoilà dans un registre plus psychédélique avec le flippant Arcadium, digne descendant des années 80 saturées et angoissantes. Petit joueur, ne perds pas le contrôle!

Résumé d’Arcadium par Ankama1989, Rosebud, Montana. Gavin, 20 ans, se rend à la police et passe aux aveux : il aurait tué son beau-père, sa mère et ses demi-frère et sœur. Il dévoile alors les événements des jours qui ont précédé son acte et les raisons qui l’ont poussé à commettre l’irréparable… Et ce qui ne devait être qu’un simple interrogatoire pour l’inspecteur Dumond, va progressivement sombrer dans la noirceur d’un récit fantasmagorique dont personne ne sortira indemne. Et vous, êtes-vous prêt(e) à connaître la vérité ?

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Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous sommes tout de suite plongés dans le vif et saignant du sujet. D’abord, en devanture de cette aventure horrifique, une borne d’arcade qui sépare un visage en deux, en rouge, et une main qui vient nous chercher pour nous emmener dans cette salle de jeu désaffecté. Si vous venez seul, ayez le coeur bien accroché. La couverture de Nikopek, illuminée comme par des néons de bar à champagne, a le don d’intriguer, de faire fantasmer ce qu’on va bien pouvoir trouver à l’intérieur. C’est un sacré livre-objet qu’on tient dans les mains. Reste à oser entrer.

© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama

Les tons rosés-violets nous accueillent, mais la tendance n’est pas vraiment à la romcom. Un personnage inquiétant nous ouvre les portes d’Arcadium, il est balafré sur tout le visage, ses yeux ont disparu sous un voile violet, il tient un couteau qu’il donne l’impression d’utiliser à la « Joker ». « Why so serious? » La page d’après, il a changé d’arme pour une masse, pas plus rassurant! Ellipse, nous voilà au commissariat où l’interrogatoire débute, avec son lot d’interrogations. Flashforward, nous voilà dans la vie de Gavin, entre sa mère borgne, son c****** de beau-père (heureusement pas présent) et son demi-frère avec qui les relations sont tendues. Une famille comme les autres? Heureusement, Gavin peut s’évader grâce à ses amis et son job au vidéo-club, avec ce qu’il faut de pépites pour frissonner ou pire des nuits blanches entières.

Une bulle dans laquelle vont s’infiltrer des thèmes adolescents, les ennuis, les amours non réciproques, « la drogue et la musique de sauvages » et d’autres phénomènes plus chelous. Comme l’arrivée en ville d’un détective dont Gavin se demande bien comment il pourrait l’aider. « C’est quoi se délire », ça ne fait que commencer. Et si l’anonyme Rosebud trouvait sa place sur la carte des villes les plus célèbres d’Amérique pour leurs faits diaboliques? Et que Gavin en était le témoin bien malgré lui, dépossédé peu à peu de sa lucidité, de son équité, de sa logique. Il y a ce jour qui se répète, les souvenirs altérés, la fièvre, le futur et le passé qui se confondent. Des portes qui s’ouvrent sur des mondes inconnus où semble régner un étrange gamin dont la tête est surmontée de bois de cervidés. Alliés ou malin?

© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama

Nikopek est sacrément doué pour faire plonger son héros et le lecteur avec lui dans le malaise. On ne comprend pas tout, mais on nage dans le malaise, la perte et le brouillage de repères. De quoi permettre à l’auteur d’aller au bout de sa folie, des mondes parallèles dont ne surgissent que des monstres, pas de Spider-Men à l’horizon. Juste un jeune homme face à ses pulsions, à ses désillusions, face à ce qu’il croit et ce qu’il craint. Il y a plein de portes de sortie dans cette maison d’horreur en papier mais tellement 3D, mais il n’y a qu’une seule destination finale, au bout de la violence, de la terreur.

© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama

La dynamique jeu vidéo, arcade, ne s’invite qu’assez tard dans ce roman graphique, brouillant un peu plus les pistes. Peut-être un peu de trop que pour tout comprendre, faire tous les liens, encore plus avec le méga twist final qui finit de nous manger tout cru. Mais quelle expérience immersive et complètement chan-mé. Sacré talent que ce Nikopek.

© Nikopek chez Ankama

En plus, en bonus, pour compléter l’atmosphère cinglée de cet album, il y a Christine et une bande-son totalement créée pour l’occasion.

À lire chez Ankama.

© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama
© Nikopek chez Ankama
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