Bark, une folle course-poursuite lancée à travers tout, la vie comme la mort, le manga et le franco-belge, à un train d’enfer

© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux

Format manga, sens de lecture à l’européenne, style faisant le saut entre les deux cultures sur des planches couleur nuits d’encre… Avec Bark, son premier projet édité en francophonie, le Hollandais violent (c’est ainsi que l’ont surnommé Les requins marteaux) Simeon Van Den Ende nous fait halluciner dans une folle course-poursuite lancée à travers tout, la vie comme la mort, à un train d’enfer, rempli d’anthropomorphes, de monstres et de damnés.

© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux

Résumé du tome 1 de Bark par Les Requins Marteaux: Bark ne fait pas que mener sa vie, il la combat. Mais il la combat pour de vrai ! La Vie, c’est un grand personnage longiligne avec écrit ‘Vie’ sur le front, qui a réponse à tout, et qui sait super bien en découdre. Hyper énervant autant que droit dans ses bottes, giga balaise à la Végéta, la Vie c’est pas une partie de plaisir, c’est un personnage surhumain qui donne du fil à retordre à Bark, son meilleur ami Robbie, et toute une flopée de guerriers qui eux aussi, ont des problèmes intérieurs à régler à grands coups de savates. Tout ce petit monde va devoir s’embarquer dans le « Train de la pensée », tortillard surpuissant sur lequel la Vie a kidnappé Robbie…

© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux

Ça, c’est ce qu’on peut appeler un style qui claque, qui clashe. Comme ce concert interrompu par le chef d’orchestre qui, sans demander son reste, a pris la porte de sortie. Puis il y a cette foule d’animaux de tous poils et toutes plumes qui manifeste leur dégoût de la vie dans la ville vertigineuse. Life sucks, life is a bitch, fuck life. Mais, ici, la vie est une personne, éprouve des sentiments et l’envie de tout envoyer péter. De tout faire exploser. De se rebeller. De muer vers quelque chose à laquelle toutes ces pauvres âmes, pressées comme des citrons, ne sont pas prêtes. Et nous non plus. 

© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux
© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux

Après une incursion dans cet univers qui n’éclaire pas tout de suite ses mystères, quitte à nous faire débarquer là comme un cheveu dans la soupe, mais qui fascine, Simeon Van Den Ende nous entraîne à mille à l’heure dans une aventure intérieure autant qu’extérieure, avec une charge politique et philosophique, plus loin que le combat des biens contre les maux. La vérité étant bien plus complexe. La puissance et la violence de Simeon Van Den Ende nous scotchent toujours plus au fil des planches, inventant une grammaire entre références piochées tant dans des grands oeuvres de la BD asiatique ou franco-belge et inspiration personnelle. En noir bleuté et blanc, le Hollandais fulgurant flamboie, tout en brouillant les pistes quant à la destination finale de cette trilogie complètement surréaliste et symbolique. Je me suis parfois demandé ce que je venais de lire, sans doute d’autres lectures seront nécessaires pour venir à bout de cette odyssée graphique et remplie de cascades que Tom Cruise ne tenterait pas, mais je suis tenu en haleine. Quelque part entre le Transperceneige, Lapinot et Edvald Munch, il y a Bark.

© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux
© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux
© Simeon Van Den Ende chez Les Requins Marteaux

À lire chez Les Requins Marteaux.

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