Mercredi musique, c’est la vie : si on laissait de temps en temps les instruments du conservatoire parler pour nous?

© Morival/Clotka chez Nathan

À chaque jour sa musique, mais le mercredi encore plus. Parce que c’est le jour des activités extrascolaire, par exemple le conservatoire. C’est en lui, dans ses vibrations, sa parenthèse enchantée qui n’est pas pour autant insoumis aux problèmes du monde ordinaire, que Lisette Morival et Clotka (parrainées par Emma Savouret) nous entraînent. Dans les pas et les doigts d’Arsène, un violoncelliste graine de génie qui a l’originalité d’être… muet. Un inconvénient? Ça dépend pour qui?

© Morival/Clotka chez Nathan

Résumé du tome 1 de Mercredi Musique par les éditions Nathan : Arsène, 10 ans, est un peu différent des autres élèves qui fréquentent le conservatoire de musique chaque mercredi. Violoncelliste surdoué, doté d’une oreille musicale, Arsène a une voie toute tracée : la musique ou rien ! Oui mais voilà, Arsène est également muet, alors ce n’est pas toujours facile de se faire des amis… surtout lorsque l’on arrive dans un nouvel endroit ! C’est sans compter sur l’aide de Démétra, sa grande sœur, véritable tornade attachante, batteuse de folie et de Nina, sa nouvelle amie !

À lire aussi | Glenn Gould, une vie à contretemps

© Morival/Clotka chez Nathan

Regardez-là, çui-là, voilà-t-y pas qu’il est en train d’installer son encombrant instrument dans le hall de l’institution. Il est pressé d’en découdre avec les cordes mais ce n’est pas parce qu’on est au conservatoire qu’on peut tout se permettre et jouer de la musique à n’importe quel moment, n’importe où. Raison des remontrances du directeur qui peut s’égosiller autant qu’il veut: Arsène ne pipera mot. Ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas, il en est incapable.

© Morival/Clotka chez Nathan

Muet? C’est vite dit. Son instrument peut parler pour lui. Et ses autres sens répondent bien. Y compris quand il faut entendre les petits footballeurs se moquer méchamment de lui. « Un muet au conservatoire, ah ah! » Et pourquoi pas? Ce n’est pas incompatible. D’ailleurs qui leur dit qu’Arsène n’est pas aussi un as du ballon rond?

© Morival/Clotka chez Nathan

Mais il n’y a pas qu’Arsène, il y a aussi Démétra, qui elle aussi vient d’arriver dans ce palais du quatrième art, dans cette nouvelle ville, cette nouvelle vie. Avec leur mère, loin du père et de la Grèce. Ça déstabilise mais la musique permet à la fois de se poser comme de se défouler, d’appartenir à une communauté. Dans ce premier tome édité par Nathan en collaboration avec Radio France et l’Orchestre National de France, Lisette Morival et Clotka mettent en scène un univers et des héros attachants, avec des clichés qui ne demandent qu’à être déconstruits intelligemment et en joignant l’utile à l’agréable. Qui a dit qu’il n’y avait pas le son en BD ? Outre les onomatopées d’une batterie déchaînée ou d’un violoncelle éloquent, il y a au fil des morceaux interprétés par Arsène des QR Code permettant de les écouter en « live ». Alors ça rompt peut-être un peu le charme de l’évasion sur papier pour se reconnecter, mais ces (plus si) nouvelles technologies peuvent être utiles à s’immerger un peu plus paradoxalement.

© Morival/Clotka chez Nathan

Dans ce premier volet qui amène quelques questions et mystères (pourquoi la fratrie a-t-elle atterri là? Pourquoi Arsène est-il muet?) et se révèle attrayant et charmant, j’ai trouvé que le dessin et les couleurs de Clotka (dont on avait adoré le Perles et pirates) répondaient parfaitement à l’envie de liberté sonore et aux aspirations des personnages, avec de la naïveté mais aussi un dynamisme à toute épreuve. De la bienveillance et de l’insouciance aussi. Alors, vivement mercredi prochain.

© Morival/Clotka chez Nathan

À lire chez Nathan.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.