
Le premier tome en avril, le second en juin, on ne peut pas dire que les éditions Clair de Lune aient longtemps laissé le lecteur/spectateur sur sa faim. Et il faut dire que le monde sans espoir, ou presque, dans lequel nous entraîne La cellule fantôme, (mini?)série d’Olivier Lubrano Di Ciccone (avec les couleurs de Florent Bonnin) se révèle assez addictive par sa singularité, ses mystères et cette manière de jouer avec des éléments de notre Histoire pour les emmener dans le futur. Évidemment que l’Histoire se répète, sans oublier ses éléments les plus violents.
Résumé des tomes 1 & 2 de La cellule fantôme par Clair de Lune: 2115. Alors que l’humanité se précipite chaque jour davantage vers son autodestruction, Erik Cuervo est, d’une certaine manière, un parfait produit de son époque. Violent et désabusé, cet ex-mercenaire n’a plus foi en rien. Il cherche juste à survivre et à se faire oublier, pendant que le monde tombe lentement en ruine autour de lui. Seulement, trop de gens puissants veulent sa peau et personne n’est prêt à l’aider à disparaître. Il n’a dans ces conditions pas d’autre choix que d’accepter l’offre de la mystérieuse Mélyssa Faust. Le prix pour effacer son passé : entrer au service de l’organisation clandestine qu’elle dirige et devenir ainsi l’agent de terrain de la Cellule Fantôme. Le job est dans ses cordes, il consiste à sécuriser la récupération de technologies cachées et à neutraliser ceux qui voudraient en user à mauvais escient. Rien que Cuervo ne puisse gérer. Enfin, c’est du moins ce qu’il croit. Sa première mission va le détromper et lui faire découvrir qu’il existe des zones d’ombre dans lesquelles les limites entre la science, la croyance et l’irrationnel deviennent floues. Des profondeurs sombres au cœur desquelles se tapissent des choses bien plus dangereuses et étranges que tout ce qu’il peut imaginer.
Six chapitres, deux albums, c’est comme le rythme des comics emmené au format franco-belge qu’on retrouve ici avec brio et un rythme spectaculaire qui ne va pas laisser le temps au héros de se reposer. La mission est simple, connue, le héros pense que ce qu’il doit accomplir n’est qu’une simple formalité qui va désormais lui garantir sa survie dans son monde… mais encore devra-t-il survivre dans l’autre! Une base désaffectée, un escalier qui s’enfonce dans les profondeurs ténébreuses, une déco freak, c’est sûr Erik Cuervo n’est pas à l’abri de tomber sur des cinglés. Mais de là à être équipé d’un bras bionique qui va augmenter ses capacités de combat… ce sont des chochottes ses commanditaires ou quoi?

Un premier obstacle est passé, facilement. Uppercut-clé de bras. Puis une première vision déstabilisante, la sculpture d’un ange reliée à des centaines de câbles. Quel malade peut bien vivre dans cette caverne. Outre, je veux dire, le galeriste doublé d’un trafiquant d’armes qu’Erik doit sauver de la gueule du (grand) loup. Si ça ne tenait qu’à lui…

Le découpage de cette histoire est un peu bizarre si on ne prend qu’un tome avant d’acheter l’autre. Sans doute aurait-elle mieux tenu dans une intégrale ou trois tomes, car chaque partie tient en réalité sur deux chapitres, Olivier Lubrano Di Ciccone, dans la veine du tout aussi punchy Jef, réussit à lier fascination et dégoût, à nous happer dans une ambiance dont on veut connaître le bout, la fin, pour exorciser la peur qu’a instillée l’auteur dans notre esprit.


Parce que la violence des combats n’est pas ce qui nous fait le plus trembler dans cet autre monde perdu, peut-être plus inquiétant que les monstres et dinosaures. Non, ici, les hommes sont responsables, certains ont vrillé, d’autres ont été lobotomisés sur l’autel de leurs croyances. Car en quel saint se vouer, peut-être pas le meilleur… Peut-être même un dieu factice mais d’autant plus dangereux.

De la soif de savoir à celle du pouvoir, il n’y a qu’un pas. Entre des créatures dantesques, une hackeuse qui trouve ses limites, des savants qui ne se pensaient pas si fous, un commando de choc, une odeur de complot et même des héritiers des templiers, avec un peu de Max Max et du Ash (d’Evil Dead), l’auteur nous en met plein la vue et la figure, prouvant que les armes et les technologies qu’on dit inusables et invincibles ne font pas le tout. Il en faut des sacrées, qu’on soit homme ou femme, pour résister à la tentation de l’obscurantisme. On ne s’ennuie pas une seule seconde, il y a matière à cauchemars et à réfléchir. Et à poursuivre, dans un troisième tome?

À lire chez Clair de Lune.



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