Rouge Sang : dans les rues envoûtantes et inquiétantes d’Hanoi, l’enquête journalistique se mue en enquête géopolitique possiblement mortelle

© De Tréglodé/Gigou chez Riveneuve

Il y a les grands éditeurs spécialisés dans la BD de plus ou moins longue date. Puis les maisons habituées à publier des romans, des essais, des documents et qui, un jour, ajoutent une corde à leur arc en publiant un autre type de littérature. De la BD. C’est ainsi que Rouge Sang, roman graphique magnétique, envoûtant et effrayant, de Benoît de Tréglodé et Roman Gigou a trouvé sa place dans le catalogue de Riveneuve. Avec vue sur Hanoi.

© De Tréglodé/Gigou chez Riveneuve

Résumé de Rouge Sang par les Éditions Riveneuve : Jeune journaliste d’origine vietnamienne, Line revient à Hanoi, la ville de son enfance, pour y réaliser un reportage. Une étrange maladie se répand dans la ville et la jeune femme se retrouve malgré elle plongée dans une affaire d’État. Alors qu’autour d’elle les autorités tentent d’étouffer la vérité, Line va devoir se battre pour sauver sa peau.

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Rouge Sang, c’est une plongée urbaine dans les affres de l’histoire et du pouvoir. Comme le laisse entrevoir la couverture, nocturne et pourtant animée dans les rues de Hanoi, Line promène un air méfiant. Elle revient au pays, retrouve ses amis, sa famille, mais quelque chose a changé, dans l’air et son environnement immédiat.

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© De Tréglodé/Gigou chez Riveneuve
© De Tréglodé/Gigou chez Riveneuve

Sous la casquette de journaliste, Line a fait le voyage retour pour rédiger un article  sur la prostitution des femmes qui se joue désormais sur Internet. Certaines sont devenues indépendantes et n’ont même pas besoin de mac… D’autres, elles, disparaissent mystérieusement.

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Forcément, Line va changer son fusil d’épaule tout en continuant à frayer avec le monde, plus ou moins fréquentable, de la nuit. Pour faire taire ou exploser médiatiquement cette inquiétude grandissante et les bruissements qu’elle observe de manière de plus en plus rapprochée. Empoisonnée et poisseuse. À plus large spectre que ce qu’elle pensait. La menace est tout près, intime même, et pourtant concerne l’international, entre Russie, Chine et Ukraine.

Et voilà notre héroïne, sans a priori et refoulant les émotions de sa vie d’avant pour faire son boulot le plus précisément possible, prise dans un engrenage et pour cible. D’une épidémie qui se développe mais aussi de gens peu recommandables. Dans une ville qu’à la fois elle connaît et qu’elle ne reconnaît plus.

© De Tréglodé/Gigou chez Riveneuve

C’est un récit vénéneux, complexe comme peuvent l’être les affaires trop grosses et mêlant trop de ramifications que pour être camouflés, que proposent là Benoît de Tréglodé et Roman Gigou. Le premier est directeur de recherche et responsable du domaine Afrique-Asie-Moyen-Orient à l’Institut français de recherche stratégique de l’École militaire. Le second, sous une autre casquette, fait un boulot admirable de restauration pour bien des intégrales patrimoniales des Éditions Dupuis. Dans une atmosphère à la fois glaciale et brûlante, le jeune dessinateur transcende l’enquête passionnante de son scénariste.

Sur six jours, et autant de chapitres énoncés sur des doubles pages qui tombent comme des couperets, le bédéaste nous asphyxie et nous subjugue à la fois. Par son goût pour les ambiances qui claquent. Mais aussi pour un trait en apparence simple et un découpage assez sage, qui n’en fait pas des caisses, et se révèlent pourtant très efficaces pour poser l’intrigue verbeuse et captiver le lecteur au fur et à mesure que ce thriller géopolitique se décante ou se complexifie. Une bonne surprise, avec peu d’action mais de la paranoïa et un aspect relationnel qui, résolument, met les amours de Line en tension. L’amour pour son pays, pour sa famille, pour sa vie d’avant, pour son métier et la carrière qu’elle pourrait faire. Celui d’une humanité à sauver, aussi.

À lire chez Riveneuve.

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