Bendik Giske était en concert il y a peu à L’Orangerie du Botanique. Ce génie du saxophone y a donné un concert exceptionnel, preuve évidente du talent sans égal qui l’habite. Un choc !
Bendik Giske est un saxophoniste norvégien qui avec tout simplement son corps, son souffle, son jeu, son espace, et son saxophone est capable de transporter son public dans des mondes artistiques atypiques et envoûtants.
Elevé entre la Norvège et l’Indonésie, il démarre le saxophone à l’âge de douze ans
L’homme qui vit actuellement à Berlin, fait partie de ces artistes qui font évoluer la musique, tout en maîtrisant ses propres capacités à la perfection. Ici pas d’overdubs mais de la musique live sans fards, par une forme de nudité musicale ou chaque souffle, chaque pression des doigts sur les clés du saxo, chaque détail de son jeu est audible.
Bendik Giske place de nombreux microphones de contact sur son saxophone pour amplifier le son de ses doigts qui claquent contre les touches, jusqu’à ce que l’on croit entendre des rythmes de percussion.
Ses prestations live emmènent son public dans des états de transe, de méditation, d’extase ou d’exaltation. Vivre un concert de Bendik Giske c’est se sentir particulièrement vivant, proche de l’éveil spirituel.
Formé dans un conservatoire de jazz, notre homme a eu un cheminement artistique à des lieues de l’académisme habituel du genre. Avec son instrument il explore des horizons inconnus pour exprimer sa personnalité la plus profonde.
Sur scène, juste un homme, son âme, son corps et son instrument enveloppés dans des nappes de fumées rampantes circulaires et des effets de lumières majestueux, sorte d’écrin superbe enjolivant un diamant brillant de mille feux.
Nourri par son vécu de personne queer, il propose une musique faite de rythmiques euphoriques et de performances saisissantes où la respiration et le mouvement occupent une place prépondérante. Jouant jusqu’aux limites de ses capacités physiques, il revendique clairement une certaine fragilité.
Il s’emploie à se positionner à contre-courant au sein de l’univers relativement codifié de la musique.
Pratiquant la technique de la respiration circulaire, le norvégien tire de son instrument des vibrations charnelles, quasi animales pour créer une musique qui ouvre la porte à toutes les structures, et tous les univers.
Alors que le saxophoniste John Coltrane fut considéré comme meneur d’un mouvement avant-gardiste des années soixante, et comme un des artistes les plus importants de la musique de la deuxième moitié du vingtième siècle, Bendik Giske lui aussi révolutionne la musique d’aujourd’hui.
Au Botanique il fut réellement exceptionnel et les heureux spectateurs présents ont vécu un moment qu’ils ne sont pas près d’oublier.
Nouveau pape d’une musique qui à priori pourrait rebuter les moins initiés au premier abord, Bendik Giske, si vous prenez le temps de le découvrir, vous emmènera vers des territoires inexplorés d’où une fois conquis vous n’êtes pas prêt de sortir.
Enorme !
Jean-Pierre Vanderlinden / Photos Fabian Braeckman