Lysistrata, ou la grève du sexe pour servir le droit des femmes, une adaptation de Thierry Debroux d’après Aristophane, en ce moment au Théâtre Royal du Parc

Ca y est, la saison théâtrale 2023/24 a démarré, et au Théâtre Royal du Parc on ouvre les hostilités avec Lysistrata. Comme souvent au Parc, le plaisir ressenti par le public émanant du jeu des comédiens s’allie au plaisir des yeux avec le choix d’une scénographie de toute beauté. Lysistrata n’y échappe pas !

La pièce de Thierry Debroux est très librement inspirée d’une comédie d’Aristophane écrite il y a plus de 2400 ans.
Les athéniennes en ont assez de voir leurs maris se battre contre la cité de Sparte depuis 20 ans. Elles s’allient aux femmes spartiates et menacent leurs hommes d’une grève du sexe si le conflit ne s’arrête pas immédiatement… Mais leurs revendications ne s’arrêtent pas là.

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« Pour arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris. »

(Aristophane)

La grève du sexe est encore de nos jours un moyen de manifester, comme ce fut le cas il n’y a pas si longtemps au Soudan où en octobre 2014 un groupe de Sud-Soudanaises militant pour la paix a pratiqué une grève du sexe pour influencer leurs hommes. Partout dans le monde, les femmes doivent encore mener journellement des combats pour leurs droits et leur liberté.

Avec Lysistrata, Thierry Debroux offre neuf beaux rôles de femmes à neuf comédiennes issues de plusieurs générations d’actrices. Face à elles, un seul homme, l’excellent Guy Pion, qu’on ne présente plus, dans le rôle du magistrat corrompu que ces femmes en colère vont séquestrer.

Le casting est magnifiquement choisi, car outre Guy Pion on retrouve Béatrix Férauge qui campe superbement Aspasie, la femme soumise du magistrat, qui suite à l’action des femmes révoltées va enfin ouvrir les yeux sur sa condition et se joindre à elles.

Et dans le rôle titre de Lysistrata on retrouve la magnifique Anouchka Vingtier, dont j’avais fait l’éloge il y a peu pour son rôle de Nora dans Une Maison de Poupée, et qui nous dévoile à nouveau mille facettes de son talent.

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Autour de ce trio confirmé gravitent de jeunes comédiennes, comme Margaux Frichet, Océa Gonel, Charlotte De Halleux, Noémie Maton, Tiphanie Lefrançois, Alex Lobo et Emma Seine. Toutes sont parfaites dans leurs rôles respectifs, faisant preuve également d’une belle aisance pour certaines scènes de danse, de chant ou de combats.

Et que dire du travail d’Allan Beurms dont les vidéos magistrales subliment le magnifique décor dans lequel évoluent les personnages. Son travail est réellement bluffant !

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Même si l’action se situe dans la Grèce antique, le propos de Lysistrata reste profondément contemporain et témoigne de la lutte des femmes pour leur droits. Il n’est donc pas étonnant que la pièce se clôture par une interprétation poignante du chant iranien Barayede Shervin Hajipour, chanté quasi a capella par les comédiennes, et qui relève d’une bien belle performance musicale pour des artistes dont le chant n’est pas le métier. Bravo !

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Lysistrata sera aussi la dernière collaboration entre le Théâtre Royal du Parc et La Compagnie de l’Eveil créée en 1982 par Guy Pion et Béatrix Ferauge. Après huit spectacles coproduits ensemble ( Animal Farm, L’Ecole des Femmes, L’Avare, Méphisto, Le Noel de Mr Scrooge, 1984, Richard IIIla compagnie tirera définitivement sa révérence après une magnifique longévité de plus de quarante ans. Un événement aura lieu à cette occasion, on vous en reparlera certainement plus en détails dans Branchés Culture.

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Dans l’ensemble Lysistrata est une réussite, un magnifique spectacle non dénué de quelques traits d’humour qui captivera tant le jeune public à partir de douze ans que l’amateur de théâtre lambda.

Alors n’hésitez pas à aller applaudir cette pièce, le rôle du public est aussi important, c’est ce qui rend le théâtre vivant et unique !

Jean-Pierre Vanderlinden

LYSISTRATA

Librement inspiré d’ARISTOPHANE

Avec Béatrix Ferauge, Margaux Frichet, Océa Gonel, Charlotte De Halleux, Noémie Maton, Tiphanie Lefrançois, Alex Lobo, Guy Pion, Emma Seine, Anouchka Vingtier.

Mise en scène Thierry Debroux Assistanat Catherine Couchard
Costumes Béa Pendesini Lumières Xavier Lauwers
Décor sonore Loïc Magotteaux Maquillage et coiffures Florence Jasselette
Composition des chœurs chantés et coaching vocal Camélia Clair et Daphné D’Heur
Chorégraphie des danses
 Emmanuelle Lamberts Chorégraphie des combats Émilie Guillaume
Vidéos Allan Beurms

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