Barbie, l’excellente surprise acidulée de ce début d’été a débarqué dans les salles obscures
S’il y a un film qui s’avérait improbable pour moi c’est bien Barbie.
Et puis au vu de différents retours que j’ai eu de personnes qui en général partagent mes goûts pour la musique et le cinéma, je me suis dit qu’il fallait que je juge par moi même. C’est donc ce que j’ai fait ce dimanche matin dans un cinéma bruxellois.
« A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken… »
Cette comédie bien barrée constitue une excellente surprise, que ce soit par le biais de sa réalisation, de sa B.O. formidable, de son sens du rythme et de la dérision, et des réflexions qu’elle suscite sur le monde actuel.
Sous une apparence légère et superficielle le film est intelligent et excellemment bien ficelé.
Dans sa première partie qui se déroule à Barbie Land on est scotché par les effets spéciaux et l’univers dans lequel nous emmène la réalisatrice Greta Gerwich. Le film est bourré de références cinématographiques ( la géniale scène d’ouverture en tête) et on se régale devant l’inventivité d’un scénario qui aurait très vite pu sombrer dans le nanar ou le n’importe quoi. Chaque plan apporte son lot de surprises et on jubile devant cet écran de cinéma aux couleurs de bonbons acidulés.
Il faut saluer au passage les prestations des comédiens tous épatants, et particulièrement de Ryan Goslingqui décidément peut tout jouer, et deMargot Robbie, épatante, et d’une beauté à couper le souffle.
Epinglons aussi la bande originale d’une redoutable efficacité dans laquelle on retrouve entre autres Billie Eilish et Slash des Guns & Roses qui prête sa guitare à l’excellent titre I’m Just Ken intreprété par Ryan Gosling.
Alors bien sûr certains diront que la présence de Mattel associé à Warner Bros dans la production fait de ce film un objet publicitaire sensé redorer le blason quelque peu terni de la poupée la plus célèbre du globe, et en effet je mets ma main à couper que le succès du film va servir de booster mondial et relancer les ventes, mais qu’importe, lorsque le métrage est réalisé avec autant de maîtrise et de talent on ne peut qu’applaudir des deux mains.
« Barbie can be anything ! »
Car la force du film est qu’il va séduire tous les publics. Les hommes, les femmes, les enfants, les mères et grands mères qui dans leur enfance ont possédé des Barbie, mais aussi un public moins ciblé, et c’est mon cas, qui se régalera du 31eme degré avec lequel il faut visionner le film, et sera séduit par le message féministe de lutte contre la conception inégalitaire des sexes, et les réflexions qu’il engendre. Un pari gagnant sur tous les tableaux.
Barbie est à la fois une femme stéréotypée, libre, émancipée, qui va à la plage, est coquette belle et idéale, mais qui possède aussi maison, voiture, bateau, licence de pilote d’avion, ce qui permet aux petites filles de s’imaginer adultes dans des professions diversifiées comme physiciennes, juges, présidentes, médecin et autres métiers jusque là souvent réservés aux hommes. N’oublions pas que Barbie fut créée en 1959 dans un contexte mené par le patriarcat, bien avant l’avènement du M.L.F. né à la fin des années soixante.
Dans le film les Barbie vivent dans un pays rose et idéal où elles occupent toutes des postes importants, tandis que les Ken paradent sur la plage en ne faisant pas grand chose.
Dans le monde réel, hommes et femmes entretiennent des rapports hiérarchiques souvent dominés par les hommes et qui seraient justifiés par des différences « naturelles » en rapport avec le sexe auquel chacun appartient. Dans l’univers de Barbie , les poupées femmes et hommes étant dépourvues de sexe on ne peut pas les opposer sur ce point. A ce propos, la conclusion du film proposée par la réalisatrice et impliquant Barbie devenue humaine est assez amusante et édifiante.
Barbie The Movie, est un film féministe que je pense sincère dans le chef de sa réalisatrice, qui tout en épinglant ça et là le consumérisme excessif lié à la féminité en fait aussi le jeu en encourageant l’achat de nombreux produits dérivés. C’est tout son paradoxe.Mais notre société n’est elle pas paradoxale dans bien des domaines ?
Le film est actuellement visible dans les salles obscures, et je vous encourage vivement à pousser la porte de votre cinéma le plus proche pour vous immerger avec bonheur dans son univers rafraichissant et déjanté.