Pour quelques représentations seulement du 13 au 18 juin, Le Théâtre Royal du Parc proposait Une maison de Poupée d’après le dramaturge norvégien Henrik Ibsen. Un véritable choc théâtral percutant dont on ne sort pas indemne !

Nora vit avec son époux et ses enfants dans une maison de poupée …Insouciante, elle joue avec la vie, avec les autres et avec elle-même. Un évènement va la contraindre à détruire les conventions du couple bourgeois et créer le scandale…(source Théâtre Royal du Parc)
» Il n’y a personne qui sacrifie son honneur pour l’être qu’il aime. » ( Torvald) « Des centaines de femmes l’ont fait ! « (Nora)
Une maison de poupée est une pièce d’un réalisme implacable qui créa le scandale à sa création en 1879 ,car la pièce se pose en une critique acerbe des rôles traditionnels des femmes et des hommes dans le mariage au 19ème siècle. A l’époque, les liens du mariage sont considérés comme sacrés, et la question de l’abandon des enfants rend inacceptable aux yeux de la société le départ de Nora du domicile conjugal.

Ibsen subit même des pressions pour réécrire la fin de sa pièce et proposer un dénouement alternatif où Nora tombe à genoux devant la porte de ses enfants, et accepte finalement de se sacrifier pour eux et pour son mari au détriment de son épanouissement personnel. Malgré ça l’accueil fut assez glacial et il fallut attendre le
De nos jours c’est la fin originale qui est respectée dans cette adaptation mise en scène par Ladislas Chollat sur les planches du Théâtre Royal du Parc.
Comme toujours au Parc la scénographie est superbe et inventive, et que dire de la distribution qui tient toutes ses promesses. On y retrouve Cathy Grosjean dans le rôle de Madame Linde, Jacqueline Nicolas qui joue la bonne, Jean-Michel Vovk qui interprète Krogstad, et les enfants Lily Debroux et Jannah Tournay.

Et puis il y a Benoit van Dorslaer formidable dans le rôle tout en nuances du Dr Rank, sa scène grimé en clown éméché où il rencontre pour la dernière fois son couple d’amis est terriblement touchante.
Nicolas Ossowski s’en tire également avec tous les honneurs et son interprétation de Torvald le mari de Nora est plus que convaincante, un rôle particulièrement complexe à plusieurs titres dont il se joue avec brio.
Mais celle qui rafle tous les superlatifs c’est indéniablement Anouchka Vingtier, prodigieuse dans le rôle de Nora. Avec ce grand rôle de femme, que beaucoup de comédiennes rêveraient d’interpréter elle déploie devant nous toutes les facettes de son immense talent. Elle EST Nora jusqu’au bout des ongles, et cette manière qu’elle a de mêler détermination et fragilité la rend particulièrement touchante. Pas étonnant que des spectateurs se soient levés à la fin de la pièce pour saluer comme il se doit son énorme performance, ainsi que celles de ses compagnons de planches.

Cette pièce, qui est inscrite désormais au registre international Mémoire du Monde de l’Unesco, constitue une brillante manière de clôturer la saison 2022/2023 du Théâtre du Parc.
Une prestation cinq étoiles qui restera longtemps gravée dans les mémoires des spectateurs qui ont eu la chance d’y assister.
Bravo !
Jean-Pierre Vanderlinden

« UNE MAISON DE POUPÉE » de Henrik IBSEN.
Avec Anouchka Vingtier, Catherine Grosjean, Jacqueline Nicolas, Nicolas Ossowski, Benoît Van Dorslaer,
Jean-Michel Vovk et les enfants : Lily Debroux, Jannah Tournay.
Mise en scène Ladislas Chollat – Assistanat Catherine Couchard
Scénographie Thibault De Coster et Charly Kleinermann – Costumes Jackye Fauconnier
Lumières Alban Sauve – Chorégraphies Emmanuelle Lamberts
Musique originale Frédéric Norel – Maquillages et coiffures Florence Jasselette