La Ride de Simon Boileau et Florent Pierre a de la giclette à revendre : au-delà du repecho, tout un monde de sensations (oubliées)

© Boileau/Pierre chez Dargaud

« Debout les gars, réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup! » Et on fait tourner non pas les serviettes mais les guiboles. Alors que le Giro, le tour d’Italie, a déjà fait couler beaucoup d’encre, de pluie et de sang, le tour de France se prépare donnant l’impression de voir du paysage mais passant à tellement grande vitesse qu’on n’a pas le temps de s’imprégner. Par contre, pour ceux qui veulent vivre un peu plus cette France intérieure, à l’allure encore plus faible que celle de la Caravane, Simon Boileau et Florent Pierre, qui oeuvre au dessin vif et terriblement emballant, vous font de la place sur leur porte-bagages. Mettez votre casque, ça décoiffe d’humanité.

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Résumé de La Ride par les éditions Dargaud : Une « ride » – à prononcer (« raïde »), bien sûr ! – c’est une balade en vélo. Simon et Florent racontent la première impulsion, celle qui donne envie de larguer les amarres (pour une durée déterminée) et expérimentent qu’ « on ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui nous fait », comme l’a écrit l’immense écrivain voyageur Nicolas Bouvier. Un voyage en vélo façon buddy movie et pieds nickelés, de Paris à la Bourgogne, le tout en 5 jours, c’est aussi une manière d’aborder le territoire différemment, et de se retrouver un peu au bout du chemin !

© Boileau/Pierre chez Dargaud
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Dans les rues de Paris, bip bip, Simon fonce d’une livraison à l’autre, se confrontant parfois à la joie de vivre glaçante de ses contemporains. Alors, un jour, n’en déplaise au GPS qui lui hurle dans les oreilles et l’encourage en lui disant qu’il a accompli à la pédale la distance séparant Paris-Katmandou – sauf qu’il n’a vu que la ville lumière qui l’éteint pas mal, si c’est pas déprimant -, il fait arrêt sur image puis demi-tour.

© Boileau/Pierre chez Dargaud
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Florent, lui, s’apprête à signer pour le job de ses rêves, un peu cauchemardesque dans la charge de travail quand même, quand l’appel du large prend la voix de Simon. Il met un temps à réaliser, à se donner une semaine de délai, mais il troque vite la tenue classe contre le cycliste. Enfin, on ne peut pas dire que les deux lascars soient hyper-équipés mais qu’importe, si leur destrier tient la route, ils iront loin. Pas à Katmandou! Après un coup d’oeil sur la carte, ils jettent leur dévolu sur le village où a grandi Florent, entre Mâcon et Dijon. C’est un bon départ, avant qui sait d’aller plus loin. En piste, champions!

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Et même s’ils ne vont pas loin, quatre jours, cinq tout au plus, le binôme va se confronter à une réalité tout autre que celle prévue sur papier et laisser place à l’aventure inattendue, qui va les détremper ou les réchauffer, huiler la mécanique ou y glisser un bateau. Sur la route, il y a des voitures pressées puis, plus loin, au-delà de la furie citadine, c’est déjà un autre monde. Avec ses tracteurs, ses petits cafés bienveillants ou ses villages fantômes collectionnant les faillites et les commerces à vendre, ses cyclistes coquets qui entendent bien mesurer au sprint qui a la plus grosse entre eux et nos deux héros… On en passe, c’est tout un programme, un festival improvisé et bouillonnant.

© Boileau/Pierre chez Dargaud
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Bouillonnant comme le travail à quatre mains de nos deux cyclistes qui font émerger de leurs crayons, de leurs couleurs, dans leurs élans comme leurs coups de mou, à l’aspiration ou à la suffocation, tout ce monde de sensations qu’ils ont exploré. Au-delà des paysages effectivement visités et de la météo durement éprouvée, le duo a un sens du découpage qui mérite l’échappée. Ils ont de la potion magique dans la musette et pousse leurs bécanes à travers les genres, extrapolant des situations, utilisant des références, des effets chaloupés, avec des rondeurs et des raideurs. Il y a quelques raidards et pourcentages à escalader, mine de rien.

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Loin des deux amis fusionnels de donner des leçons – ils n’arrivent déjà pas à s’entendre (et ça aussi, c’est très BD), mais dans cet album fait d’impression, de contemplation et d’émotions, on a très vite envie de faire briquer notre bicyclette et d’aller faire un tour dans les terres. Car si les roues tournent, le monde aussi, quitte à se voiler, et à changer les choses, les souvenirs. Alors, allons-y, profitons, de la giclette donnée par ces deux étonnants hommes-orchestre. Une bien belle surprise qui mettra en selle les amoureux de la petite reine comme ceux qui n’en sont pas des grands fans.

© Boileau/Pierre chez Dargaud
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À lire chez Dargaud. Et des bonus à retrouver sur les réseaux sociaux de La Ride comme Facebook et Instagram

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