Au moment de faire paraître le dix-neuvième tome de son héroïne qu’on pensait increvable, immortelle, suivi de près d’une intégrale flirtant avec les 1000 pages, André Taymans annonçait mettre un terme à sa série tout en s’offrant de belles portes de sortie (allant voir d’autres univers avec Eden, The Splashdown, des adaptations en illustrations ou en BD de Don d’Henri Vernes ou encore une co-création avec François Walthéry et Sophia Stromboli) et de piquets rentrants. C’est ainsi que depuis la fin de sa fine (et tourmentée) limière, il a conçu une aventure intercalée dans la série, en duo avec une autre héroïne Taymansienne, Roxane, et deux artbook coquins. Toujours de son imagination et de sa main. Cette fois, c’est au tour d’un prequel de voir le jour, associé à Nico (Van De Walle), sans totalement perdre la main puisqu’il livre « en bonus » le storyboard de cette aventure particulière restée près de 15 ans dans son tiroir.
Résumé : Avant d’être une adulte rebelle, Caroline Baldwin était une ado… rebelle. Alors, quand son papa l’entraîne, avec un canoë dans un hike, comme on dit chez les scouts, une séance de portage sur la terre canadienne des origines, sauvage, ce n’est pas de gaîté de coeur que celle qui a encore tout à écrire de sa légende le suit. À grand renfort, depuis la place du mort et avant même qu’elle ait lacé ses chaussures, de « quand est-ce qu’on arrive ». Qu’elle profite de la quiétude de l’habitacle car son périple ne sera pas de tout repos. Une météorite est tombée et les chasseurs d’ovni sont au taquet, sur les dents et prêts à dégainer. Caroline Baldwin pensait ne pas être une tendre, elle n’est rien à côté de ces chacals.
« En 2010, André Taymans écrit le scénario d’un préquel à sa série Caroline Baldwin, intitulé Portage. Pour marquer la différence avec la série mère, il envisage de réaliser l’album en couleurs directes. Il faudra attendre plus de dix ans pour que ce projet, rebaptisé Le voyageur, aboutisse enfin. Pour ce faire, l’auteur s’est adjoint les services de Nico, dessinateur de la série Adelin & Irina, pour la partie graphique. Celui-ci a pu s’appuyer sur un découpage graphique extrêmement poussé, élaboré par le père de Caroline Baldwin. Un tirage limité reprenant ce découpage graphique est également disponible. », c’est ainsi que les Éditions du Tiroir nous présentaient ce projet lors de leur habituelle campagne de financement participatif.
Deux albums (pas pour le prix d’un, le story-board, en édition limitée et avec frontispice signé, coûte 25€) qui sont deux faces d’une même pièce, l’énergie initiale, avec la sensation qu’André Taymans voulait dessiner lui-même cet album, et la concrétisation, avec un souffle graphique nouveau, une irrévérence qui va bien à cette héroïne bouillonnante. Nico (tout en s’éloignant d’Adelin et Irina, la série qui l’a fait connaître en tant qu’auteur complet et bien loin de l’ombre de Jacques Martin) trouve plus de réalisme et s’approprie le storyboard très poussé de Taymans tout en y ajoutant sa touche.
Avec les deux albums côte à côte, on peut jouer aux jeux des différences et constater que Nico a mis sa part, sa touche, engageant un Lee Van Cleef, un James Coburn ou André Taymans himself pour des caméos. Dans une aventure qui repousse les limites de l’entendement et les frontières du réel. Un vrai spectacle sci-fi, un premier contact assez bluffant et cauchemardesque, la preuve les mots se taisent pour faire place totale à l’image. Dans la pure tradition du cinéma du genre, sans avalanche d’effets spéciaux. Reste que cet album passe vite, dans la forme, mais ce serait oublier le chaînon manquant qu’il constitue, permettant de comprendre encore un peu plus la série qui s’ensuit.
Version découpage graphique ou version classique à lire aux Éditions du Tiroir.
