La Venin : le soleil de plomb dans les yeux d’Emily, Laurent Astier prouve que tout ne se règle pas par les armes et le feu

© Astier

Une autre chute de la Maison Blanche? En tout cas, c’est déterminée mais en prenant garde à ses arrières que l’héroïne de Laurent Astier, Emily « La Venin » s’avance aux portes du pouvoir suprême américain. Enfin, d’une certaine Amérique, celle qui répugne Emily, qui lui a volé sa jeunesse, lors d’une horrible cérémonie manigancée par quelques hommes en puissance et ne doutant de rien. Dans ce « marche où crève », Émily arrive enfin au bout de sa quête, après un long périple (qui s’est complété au fil des tomes sur les pages de garde) et avoir exposé aussi ses alliés.

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Résumé des éditions Rue de Sèvres : Emily arrive au terme de sa quête de vengeance, visant à retrouver et éliminer les meurtriers de sa mère. Après avoir fait le deuil de Stanley Whitman, l’homme qu’elle aimait, elle met en place le plan qui lui permettra d’atteindre sa dernière cible et ainsi achever son sanglant projet. Pour cette ultime étape, la plus ambitieuse et dangereuse de toutes, Emily est prête à prendre tous les risques. L’homme à abattre n’est en effet autre que le président des Etats-Unis.

© Astier/Astier chez Rue de Sèvre

Il y a de moins en moins de monde devant elle, mais il y en a de plus en plus à ses trousses. D’autant qu’un retournement de situation, de veste n’est pas à négliger. D’ailleurs, après un moment de recueillement sur une tombe – encore une! -, c’est un jeu d’enfant pour Emily, sous des apparats de journaliste moustachu, d’arriver dans le bureau du président William Ward… ou plutôt McKinkey, pour une dernière interview, mortelle! Et en dix planches tout est plié? Ben non, car Emily n’avait pas prévu les confidences de McKinley. Le président mériterait-il un sursis? Serait-il une autre victime de ce drame qui a forgé Emily? Même si ça lui a un peu mieux réussi?

© Astier/Astier chez Rue de Sèvre

Peut-être le moment est-il venu pour l’obstinée et jusqu’au-boutiste héroïne, jusque-là, de baisser sa garde et d’accepter un peu de paix et d’amour? Toujours à jongler entre des flashs du passé (toujours très stylisés dans la mise en page du lieu et de la date), Laurent Astier livre une conclusion étonnante, rebattant les cartes sans oublier que ces terres de western ont vu naître le poker menteur. Et que si la quête vengeresse d’Emily semble trouver son terme, il y a çà et là, dans l’ombre, des arcs qui ne sont pas encore bouclés et pourraient faire vaciller le ending (pas happy, faut pas exagéré, mais apaisé). Emily n’est désormais plus seule et forcément cela a de l’impact sur ses choix.

© Astier
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Laurent Astier, en compagnie de Stéphane Astier et ses couleurs cinglantes et parcourant toutes les saisons, toutes les ambiances, réussit un final peut-être moins impressionnant que ce à quoi le lecteur pouvait s’attendre et prouve que tout ne se règle pas par les armes et le feu. Cette conclusion est pourtant soutenue, habitée, imprévisible même si le naturel revient au galop. Comme la liberté, essentielle, impayable, inestimable.

© Astier
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PS : j’ai aussi lu la version augmentée et limitée (800 exemplaires), parue pour la Librairie Bulle. Dedans, 16 pages de bonus dont 10 planches de BD (inédite). Non, non, pas une histoire courte dans l’univers de La Venin, mais de véritables scènes coupées, comme au cinéma. Des séquences qui se révèlent d’importance puisqu’elles rajoutent ni plus ni moins qu’un arc narratif à cette fin de cycle, en rajoutant de l’intensité, du drame mais aussi de la badasserie, et une clé de compréhension sur la manière dont Emily choisit sa famille. Franchement, à choisir, si vous pouvez encore trouver ce tirage limité, jetez-vous dessus. L’air de rien, il enrichit avec talent cette fin de quête.

Scène coupée © Astier/Astier chez Rue de Sèvre/Librairie Bulle
Planche inédite © Astier/Astier chez Rue de Sèvre/Librairie Bulle

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