Fille de lune naît de la noirceur mais l’épatante Greta Xella lui donne les armes pour la repousser et trouver la folie créatrice face à celle destructrice

Petite fille du soleilLe matin va venirPetite fille du soleilJe dois partirPetite fille du soleilJe garde en souvenirPetite fille du soleilNos délires

(Didier Barbelivien/Christophe)

Et tout d’un coup, dans la nuit, des phares et le talent de l’Italienne Greta Xella nous explose à la figure. Avec fille de Lune, sous une couverture déjà pleine de mystère et de beauté (jusque dans la calligraphie du titre), l’autrice nous emporte corps et âme dans une grande aventure dépaysante mais dont les reflets nous emmènent à l’intérieur du bouillonnement que peut ressentir une jeune héroïne qui, trop tôt, doit embrasser la maturité et les responsabilités.

Résumé de l’éditeur : Tia a quatorze ans et vit temporairement chez sa tante et sa cousine suite à la mystérieuse maladie contractée par sa mère. Un trouble inquiétant, qui n’est pas sans risque pour la jeune fille, car les maux transforment sa mère et la rendent hostile, parfois même envers sa propre famille. Tia peine à espérer que les remèdes que son père administre à la femme qu’il aime auront tôt ou tard un effet. Mais un jour, le problème prend une tout autre dimension : à la suite d’une crise de sa mère, ses parents semblent disparaître. Tia n’a d’autre choix que de se lancer dans un voyage sans certitude vers le désert rouge à la recherche d’un remède qui n’existe peut-être pas. Sur les traces de ses parents, elle rencontrera des amis inattendus, comme le gentil pirate Olivio, et des alliés improbables. Et, en apprenant à connaître les règles du monde, elle assimilera sa propre valeur…

Story-board © Greta Xella

Roman graphique, petit format mais plus grand qu’un manga, Fille de Lune naît de la noirceur mais a les armes pour la repousser même quand elle l’accule. Comme ce bain de minuit qui inaugure la lecture à la lisière du bien-être et du mal-être. Qui peut tout emporter sur son passage. C’est pour ça que Tia passe quelques jours au vert, avec une autre fille de son âge, à courir les bois et à jouer dans la forêt. Mais peut-on repousser comme ça la fin de l’innocence, et la folie qu’elle peut engendrer. Car vous seriez capable de tout pour la retrouver. Retrouver l’équilibre familial.

© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud

Mais l’état de sa maman empire, dans son être le combat s’opère entre lumière et noirceur, et s’il y a un remède, même à l’autre bout de sa terre, Tia entend bien le trouver. Elle y est forcée quand sa mère explose (au propre comme au figuré) et qu’il ne reste dans le cratère que Tia. Plus de maison, plus de papa. Juste une indication sur l’endroit de ce monde magique où trouver le remède pour retrouver la normalité. Commence alors le voyage initiatique.

© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud

Sous perfusion manga, mais pas que, ce premier album BD de Greta Xella publié en français se lit à l’européenne et possède de bien jolies couleurs, clairement au service de l’histoire, de la manière dont elle irradie, dont elle souffle le feu mais aussi le réconfort, l’amitié et les paysages fantasy. Cet album, malgré les douleurs qu’il emporte, les soigne comme il peut, aide à les comprendre, et est un vrai bonheur de lecture. Greta Xella propose une odyssée époustouflante tant elle maîtrise son art et tous les outils dont il dispose pour dire les choses, le divertissement et les épreuves de la vie, avec finesse, élégance et une force redoutable. Le casting et les créatures que Tia retrouve sur son passage sont savoureux. À commencer par Olivio, le pirate au grand coeur, qui va se hisser haut, comme partenaire idéal de notre héroïne.

© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xellla

Surtout, dans cette évocation de ce qui fait le sucre et le sel de la vie, Greta Xella s’est refusé à intégrer un réel méchant. Le voyage vaut bien mieux que les naufrages, et l’enrichissement que l’affrontement. Tia a déjà bien assez matière à penser et à sauver sa mère en proie à un hôte lugubre. Et, mine de rien, ça change la donne.

© Greta Xella chez Dargaud

Car Greta n’a pas besoin de combat titanesque pour faire du spectaculaire. Quand rien ne se passe, que les personnages marchent entre deux étapes, il se passe déjà tellement de choses, dans la manière de mettre les couleurs et le dessin, de tracer les cases ou de faire une image pleine (double)-page, il y a là une variété fertile et terriblement haletante. Waow, la nuit porte conseil, la lune porte soleil. Et à lire la fin, il n’est pas impossible qu’il y ait une suite. C’est une bonne nouvelle. Et s’il n’y en a pas, finalement, à nous d’inventer le destin de cette héroïne marquante! Il y a matière.

© Greta Xella chez Dargaud

Et comme des mystères donnant envie d’entrer dans sa lumière autant que ses ténèbres, Greta Xella avait confectionné une série d’illustrations pour l’Inktober 2021. Voilà cette jolie collection:

À lire chez Dargaud.

© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud
© Greta Xella chez Dargaud

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