L’élixir de Dieu : qu’importe le vin de messe pourvu qu’il y ait l’ivresse, quitte à frayer avec le diable et les saigneurs !

© Gihef/Galland chez Grand Angle

Pas de boogie woogie avant de faire vos prières du soir, Ne faites pas de boogie woogie avant de faire vos distillations du soir. Eddie a raison, mais quand on vit sa passion du Christ à l’abri des regards, en vase clos, il est parfois bien compliqué de résister à l’appel des choses pas forcément catholiques. Encore plus quand la Prohibition, qui pourrait être une bénédiction, s’invite aux portes du monastère et qu’il y a en son sein des brebis, comment dire, perdue. Qui y ont trouvé la bonne couverture pour faire oublier les affaires dans lesquelles elles ont trempé. Tiens, en parlant de tremper, santé! Prenez et buvez en tous L’élixir du dieu. Mais peut-être est-il du diable? 

Études de personnages © Gihef/Galland
Études de personnages © Gihef/Galland

Résumé des éditions Grand Angle : En pleine prohibition, le couvent Saint-Patrick est en passe d’être exproprié par la banque. La découverte d’un vieil alambic servant autrefois à la fabrication du rhum change la donne. Le trafic d’alcool est-il vraiment un péché quand il s’agit de sauver de la banqueroute la maison de Dieu ? Pour mère Agatha, sœur Holly et leurs comparses, la réponse ne fait aucun doute… Mais face à un chef de la pègre prêt à tout pour maintenir son business et au Ku Klux Klan qui rôde, les bonnes sœurs au passé pas toujours très catholique vont avoir besoin de bien plus qu’une protection divine.

Plus que Dieu semble-t-il, le hasard fait bien les choses. Trop peut-être, jusqu’à les faire mal. Gihef et Christelle Galland, sous le soleil du Massachusetts nous racontent la folle histoire de l’Elixir du Dieu, rendu possible par la détresse d’une communauté religieuse sur le point de perdre sa maison (oui oui, on sait, la maison de Dieu est partout, mais quand même…) et peut-être sa raison. Car au moment où la banque joue les oiseaux de mauvais augure, Ku Klux Klan et Prohibition poussent la chance aux portes du couvent et font monter les degrés.

© Gihef/Galland chez Grand Angle

Et si les nonnes disaient oui à un business apocryphe, trouvaient la somme manquante pour rester propriétaires en trafiquant de l’alcool et en frayant avec la mafia? Le pitch est fou mais fonctionne du tonnerre grâce à un casting d’enfer et des héroïnes aux tempéraments bien trempés. Dans ce coin perdu de campagne, les auteurs font pourtant surgir des dangers plus ou moins anticipés, fruit d’une époque qui n’avait pas besoin de boire pour être ivre. Pas très confraternelles (en témoigne une joute savoureuse autour de ce qui ne sera pas la dernière cène mais fait voler la nourriture, la multipliant sur le visage vénères de ses pas si saintes-nitouches, sans bénédicité qui plus est) et rendant coup pour coup, les soeurs vont devoir laisser leurs rancoeurs de côté pour arriver à leurs fins. Mais il se peut aussi qu’un jeu de poker-menteur s’initie. Car si elle sont soeur, qui peut dire (si ce n’est le saint Esprit et quelques témoins bien mal choisis) ce qu’elles étaient avant et quels sont leurs projets. Holly, on lui donnerait le bon dieu sans confession mais bon…

© Gihef/Galland chez Grand Angle
© Gihef/Galland chez Grand Angle

Dans ce huis clos qui va bientôt exploser, de plus en plus de monde affluant, Gihef s’appuie sur le talent de mise en situation et en action (autour d’un crépage de chignons ou plutôt de cornettes, d’un incendie, d’une évasion, d’une course ou d’une manière de sonner les cloches très particulière et animalière) de Christelle Galland pour louvoyer entre drame historique et farce rocambolesque, alliant surprise et plaisir. L’habit ne fait pas la soeur et qu’importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse. Mais à la fin de ce premier tome, exfiltré, le chemin de croix ne fait que commencer.

© Gihef/Galland chez Grand Angle

Un bon premier (sister) act avec des visages aux expressions parfois trop forcées (après tout, peut-être ces femmes ont-elles les traits tirés par rapport à leurs exploits) mais bénéficiant de couleurs bien campées et d’un déroulé qui fait halluciner. Il y a beaucoup d’éléments mais tout se tient et se décante sans forceps et sans crise de foie. Pour la foi, par contre… Allez en pègre!

Commission © Galland

À lire chez Grand Angle.

© Gihef/Galland chez Grand Angle
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