Nous connaissons tous l’histoire de Pinocchio. Actuellement au Théâtre Royal du Parc, Thierry Janssen ( Le Tour du Monde en 80 Jours) nous propose son adaptation du roman de Carlo Collodi écrit en 1881. Un spectacle haut en couleurs qui ravira petits et grands jusqu’au 8 avril prochain.
Faut il être sage et obéissant pour plaire à ses parents ou être rebelle et désobéissant pour devenir autonome? Cette fable imaginée par Thierry Janssen nous interroge, en nous mettant face au conflit intérieur qui ronge tout enfant.
Thierry Janssen imagine ce qu’est devenu Pinocchio au delà de la fin du roman de Collodi. Le pantin de bois a pris forme humaine et a croisé la route d’une troupe de théâtre itinérante dont le directeur a décidé de l’engager, lui le vrai Pinocchio, et son père Gepetto, pour traverser l’Italie en proie à la montée du fascisme conduit par les chemises noires en marche vers Rome. Janssen multiplie les citations qui font réfléchir au cours des dialogues, l’air de ne pas y toucher, mais les messages passent.
L’argent c’est rien que la fausse monnaie du bonheur !
( Pinocchio – Thierry Janssen)
Chemin faisant, le jeune Pinocchio va être confronté à cette recherche de liberté, indispensable aspiration qui envahit chaque jeune en conflit avec lui même et en lutte contre la société et ses conventions. Il va donc accumuler les bêtises et faire preuve d’une grande naïveté dans plusieurs circonstances.
Cette merveilleuse fable revisitée se déroule devant nos yeux portée par une distribution proche de celle que nous avons pu applaudir avec Peter Pan dans ce même théâtre.
C’est l’excellent Julien Besure qui joue Pinocchio confronté au doute de ses collègues de voyage sur sa véritable identité. A t’il réellement été un pantin de bois qui a pris forme humaine ? Une situation difficile à vivre surtout que son papa Gepetto – impeccable Thierry Janssen tellement talentueux – perd doucement la mémoire.
C’est Fabian Finkels qui interprète le Direttore ainsi que Mangefeu, et comme toujours il est flamboyant de justesse et de charisme lorsqu’il endosse un personnage. C’est vraiment une chance pour un directeur de théâtre de pouvoir compter sur un comédien multiforme de ce calibre pour booster un spectacle !
Elsa Tarlton joue la Fée et Fedora dont Pinocchio tombera follement amoureux, sa beauté et son talent resplendissent à chaque instant. Quand à Karen de Paduwa ( Sifia, Criquet, Gamin , Lumignon) on l’a rarement vue aussi épanouie dans des rôles qui lui vont comme un gant. Son personnage du criquet est désopilant. Mireille Bailly ( Varida, Renard, Colombine) et Aurélien Dubreuil-Lachaud (Lino, Chat, Arlequin) complètent avec bonheur ce casting cinq étoiles dont les liens de bonne camaraderie évidents entre les comédiens transpirent de leurs interprétations et apportent une dimension supplémentaire au spectacle.
Ne te fie pas, mon garçon, à ceux qui promettent de t’enrichir en un jour. En général, ce sont des fous ou des escrocs ! (Carlo Collodi)
N’oublions jamais qu’une représentation est aussi le fruit d’un travail d’équipe entre les comédiens et toute l’équipe de création artistique et technique, et que sans ces hommes et ces femmes de l’ombre, dont on ne parle pas toujours assez, rien ne serait possible. Mention spéciale à Maggy Jacot et Axel De Booseré et à toute l’équipe de la conception des décors féériques, aux lumières subtiles de Gérard Maraite, ainsi qu’à la très belle musique signée Eric Ronsse. Et le final de la pièce est somptueux, je vous en laisse la surprise !
Bref, Pinocchio est une belle réussite, un spectacle destiné à plusieurs générations de spectateurs car enfants et adultes y trouveront leur propre lecture de l’oeuvre, grâce à cette adaptation magnifique de Thierry Janssen qui a le chic pour amener au succès la plupart de ses créations. Il s’attaquera bientôt à Zorro, toujours pour le Théâtre du Parc, on en salive d’avance…
Jean-Pierre Vanderlinden
(Les photos du Théâtre Royal du Parc sont signées Aude Vanlathem)
Infos et réservations : https://www.theatreduparc.be/event/pinocchio/