Rip 5 : Fanette, la barmaid était un agent double, bout de femme dans un monde de brutes, pour percer les secrets des nettoyeurs de scène de crime

© Gaet’s/Monier chez Petit à Petit

Avec Gaet’s et Julien Monier, cela fait quelques années que nous sommes passés de l’autre côté de la vie, quelque part entre les derniers sacrements (s’ils ont lieu), le dernier souffle tout du moins, et le travail des fossoyeurs. Dans le plus grand secret, ils oeuvrent à rendre un aspect plus net aux scènes mortifères: Derrick, Maurice, Ahmed, Albert et Eugène sont des nettoyeurs. Mais la mort pourrait-elle les contaminer, les envoyer outre-tombe plus vite que prévus? Eux et leur entourage pas tout net? Dans le cinquième tome (de six) de ce récit choral et puzzle, les auteurs s’intéressent à Fanette, la barmaid du café où les joyeux (est-ce le mot?) drilles ont leurs habitudes.

© Gaet’s/Monier chez Petit à Petit

Résumé de l’éditeur : Elle est seule derrière son comptoir, jour après jour. Dérangée seulement par les mouches qui vrombissent et les clients qui glapissent. Elle s’ennuie ferme, prisonnière de ce bar décharné, prisonnière d’une mission qu’elle n’a pas choisi et qu’elle ne comprend même pas. Que fais-tu ici Fanette  ? Qu’est-ce qui pourrait bien se passer dans cet endroit aussi mort que ton âme  ? Pourquoi est-il si essentiel de le garder à l’œil, ce pauvre vieux  ?

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La mort est une fin en soi (pour peu qu’on ne croie pas à l’au-delà ou aux morts-vivants) mais aussi le début de tant d’histoires. À commencer par les polars, les thrillers dans lesquels les héros auront besoin de toutes leurs facultés pour résoudre le mystère ou arrêter le tueur en série. C’est dans une toile d’araignée, un panier de crabes que Gaet’s et Julien Monier nous font tourner autour du pot, ou plutôt du cercueil. Leurs héros ne sont pas des plus sympathiques, ont plutôt l’art de faire cavalier seul, avec leurs démons et leurs plans sur la comète, pas forcément honnête. Pourtant l’histoire est magnétique, haletante et depuis quatre tomes, on est tenus en haleine dans un mouchoir de poche. Avec l’impression d’avoir la clé de l’énigme, au cas par cas mais aussi dans une dynamique chorale, sous les yeux, dans le capharnaüm ambiant sans arriver à trouver une réponse.

Couverture pour Bulles

Ces diables de bédéastes ont jusqu’ici eu l’art de raconter la même histoire tout en en racontant d’autres. Car, pour chaque personnage, la version diffère en fonction des centres d’intérêt. Pour une vue d’ensemble, peut-être fallait-il s’extraire un peu de groupe, et qui de mieux comme atout que la personne qui est derrière le bar, qui sert les godets jusqu’à plus soif, ou jusqu’à tirer le volet si celle-ci persiste, et participe, en étant invité ou non, aux conversations. Justement, Fanny n’est peut-être pas là par hasard. Femme dans un monde de brutes, elle a du caractère, mais survivra-t-elle à cette incursion à la lisière de la mort, dans les bas-fonds de cette France profonde?

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Se décentrant de leur histoire originelle, notre duo terrible réduit même certains « héros » emblématique, ayant eu leurs trois-quarts d’heure de gloire lors d’un précédent épisode, à des caméos. C’est sans doute ici le récit le plus personnel, dans de nouvelles ambiances et des décors jusque-là inexplorés, que les auteurs donnent à voir, peut-être celui qui prend le plus à la gorge, car inattendu. Et liant définitivement le sort de cette galerie de gueules cassées (même sous le beau minet de Fanette) avant l’ultime tome de RIP.

Et, manifestement, les deux marionnettistes de ce puzzle déroutant et addictif ont des projets en stock pour l’après-RIP. Avec Gringe notamment, chez Dupuis.

À lire chez Petit à Petit

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